Savez-vous d'où vient la tradition de la crêche provençale ? Le thème: des villageois de Provence le soir du 24 se rendent tous en choeur près de la Vierge célébrer la Nativité. Au Moyen-Age les tableaux vivants étaient en vogue, avec parfois des débordements lubriques, et l'Eglise a trouvé le moyen de ramener la chasteté dans tous cela en inspirant des tableaux vivants religieux, que les villageois de Provenec créaient en procession pour Noël. Mais conséquence de la Révolution de 1789, toute manifestation, ou tout signe, tant ostensible qu'ostentatoire, de religion, opium du peuple, a été interdit.
Les citoyens religieux persistant, les processions du réveillon sont devenues sévèrement réprimées. C'est pourquoi les citoyens religieux, têtus et inventifs, ont eu l'idée de recréer en miniature ce qu'ils ne pouvaient plus faire en personne: rendre l'hommage du village au Messie. Les représentations de la Nativité existaient déjà, telles qu'on les connaît aujourd'hui. Les provençaux ont eu l'idée de façonner dans l'argile tout un monde de petits personnages (santouns = santons = petits saints) se rendant à leur place auprès de l'Enfant divin. La pratique est devenue tradition et c'est pourquoi le décor de la crèche est resté figé au XVIIIème siècle avec costumes et petits métiers de l'époque, le berger avec ses moutons, les puits, fontaines et les lavandières, le rémouleur, le ravi qui crie la naissance du haut des collines, l'aveugle et son fils, Margaride et Jourdan, le tambourinaïre qui appelle la population, le maire et le curé.
Quand je rentre pour Noël mon premier plaisir est de sortir les santons de leur cartons pour faire notre crèche, et d'aller me ballader parmi les merveilles de la Foire aux Santons, de Marseille ou Aix-en-Provence. Parfois on va voir des processions en costume d'époque, véritable crèches vivantes, on se passe une cassette de la Pastorale (une troupe amateur de l'Estaque raconte en chantant le miracle de Noël et c'est toujours marrant d'y reconnaître un voisin, un ami ou un ancien instituteur), et toujours les crèches géantes des Eglises de la Bonne Mère ou les Réformés.
Cette année j'achète les premiers santons d'une crèche à faire en Irlande. Tout-e marseillais-e emporte avec soi la tradition. J'ai cru pouvoir faire l'impasse, mais je ne suis pas plus héroïque qu'une autre. Pour moi c'est un acte culturel fort et indispensable qui évoque mes racines et mon enfance, la crèche que ma grand-mère faisait pour nous les petits, l'odeur de mousse des sous-bois mêlée à celle du talc pour faire la neige, les bougies qui fondent et les branches de Romarin pour faire des arbres, les petites cabanes en carton qu'on sort de leur papier et qui sentent les pignes de Pins qui les accompagnaient dans leur abandon annuel.
Comme je ne suis pas trop Fan de... Jésus Superstar je n'emporterai pas avec moi de Nativité, mais bien plutôt le nouveau santon vedette de cette année: Marie enceinte. Ben quoi, elle l'a été !
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