samedi 23 décembre 2006

Essence ordinaire pour l'incendie de la République, dans Le Monde aujourd'hui

Serge Moati trop complaisant à l'égard de Jean-Marie Le Pen selon certains, réfute, persiste et signe. J'ai été effarée hier matin en écoutant quelques minutes du Fou du Roi sur France Inter: M. Moati tout penaud lance une volée d'insultes à mots à peine couverts pour ceux qui l'accusent de n'avoir pas été assez professionnel et contradictoire lors de l'émission Ripostes ou le chef FN était l'invité, et confirme ce que le JDD publie, à savoir qu'il trouve M. Le Pen "sympathique, marrant et cultivé". Il faut arrêter de diaboliser le FN et écouter ce que ses électeurs ont à dire, nous dit-il. Certes. De la à faire du Lieutenant Le Pen tortureur en Algérie un type sympa, voire marrant... et même cultivé... cette banalisation me fait peur pour 2007... bis repetita ? Et pourquoi pas apres tout, maintenant que les tabous tombent et que le racisme ordinaire façon Freche et Sevran cotoie l'empathie à la Moati...

Le Pen devient-il l'ordinaire de la République ? A l'heure des festins de fin d'année, j'ai du mal à digérer !


Chronique politique L'effet Le Pen, poison et thérapie, par Patrick Jarreau

Que Le Pen se soit hissé jusqu'au second tour de la présidentielle de 2002 est perçu comme la récompense d'une capacité particulière à traduire les sentiments profonds des Français. Ce mimétisme opère d'abord à droite. Nicolas Sarkozy fait écho, dans son discours, aux sentiments qui amènent une partie des Français à voter Le Pen : exaltation du sentiment national ; obsession de l'immigration sauvage ; stigmatisation des quartiers "sensibles" ; accusation de laxisme contre le système judiciaire.

(...) que Nicolas Sarkozy connaisse des difficultés ou soit en perte de vitesse, combien d'électeurs qu'il attire aujourd'hui se reporteraient alors sur Jean-Marie Le Pen ? Le sondage régulier du Monde sur la perception du Front national a montré que son audience s'élargit.

Le Front national ressemble à ces partis charnières qui, parce que les majorités dépendent d'eux, exercent une influence démesurée par rapport à leur poids spécifique. En l'occurrence, l'extrême droite pèse sur l'offre politique, à droite et à gauche, et, pour une part, sur les thèmes de campagne des principaux candidats.

L'effet Le Pen deviendrait enfin salutaire. Se préparer au pire donne ses chances au meilleur.

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