lundi 24 décembre 2007

Nollaig shona agus Athbhliain faoi mhaise dhaoibh go léir

Best wishes for a peaceful Christmas and a Happy New Year.


Une pensee pour ceux qui ont faim, ou froid, ou se sentiront seuls quand nous ripaillerons.
Et un geste aussi, quand on peut.

Christmas cards


Dans les deux semaines précédant Noël la tradition veut qu'on envoie et reçoive des Christmas Card, au mieux une par relation familiale, amicale, et professionnelle. Il est de bon ton de souhaiter un Joyeux Noël et, tant qu'on y est, une Bonne et heureuse Nouvelle Année avant le Jour J.

Les Christmas Cards sont une manne phénoménale pour les commerçants et les associations caritatives qui en vendent a leur profit et remportent un grand succès. Depuis quelques années la concurrence d'internet est rude. Le prix et les chiffres de vente se sont effondrés de moitié.

En tant que Francais-e on serait tenté-e, pour répondre, de garder le sympathique geste pour la nouvelle année, mais envoyer une carte de Meilleurs Voeux après les fêtes, ça serait tout simplement bizarroïde aux yeux des amis irlandais. A Rome....

On collectionne donc les Christmas cards qui arrivent par la poste ou sont laissées sur notre bureaux par les collègues les plus attentionnés, ou tout simplement tendues de la main à la main (ça, ça fait bizarre!). Elles décorent la maison: on commence par la cheminée, puis les étagères, et si on est très populaire la collection s'étend à plusieurs pièces, qu'on garde jusqu'au 1er de l'An.

Cette année beaucoup de e-Christmas cards, entre ceux trop feignants ou mal organisés pour passer deux ou trois heures à mi-décembre pour écrire et poster, et ceux conscients qu'une Carte de voeux c'est du papier, donc un arbre, etc.
La tradition ne nous a pourtant pas oubliés et le salon était bien douillet, réchauffé par ces petits gestes symbole d'amité (de la part de ceux dont on sait que ce n'est pas une gageure obligée :).

Christmas House


Chez les voisins


Chez nous





jeudi 20 décembre 2007

Christmassy Ted

Ted, Dougal, Ruud Gullit sitting on a shed, and an Advent Calendar.





Quelques pretres egares, plus ou moins involontairement... dans la section lingerie feminine d'un grand magasin. Father Ted organise la fuite discrete et perilleuse.
Les fans de Rome reconnaitront parmi la troupe Kevin McKidd alias Lucius Vorenus.


dimanche 16 décembre 2007

Fairytale of New York, the ultimate Irish Christmas song

La "Christmas song" irlandaise par excellence c'est Fairytale of New York des Pogues: l'histoire d'un coup de foudre un soir de Noel a New York, une relation vacillante et une grosse deprime un Noel suivant, sur fond de diaspora irlandaise, d'ambitions decues mais d'espoir intact. Les noms d'oiseaux volent mais la passion subsiste. Les irlandais sont les italiens du Nord. Mis en chanson, c'est culte.




Pour vos soirees karaoke:

It was Christmas Eve babe
In the drunk tank
An old man said to me, won't see another one
And then he sang a song
The Rare Old Mountain Dew
I turned my face away
And dreamed about you

Got on a lucky one
Came in eighteen to one
I've got a feeling
This year's for me and you
So happy Christmas
I love you baby
I can see a better time
When all our dreams come true

They've got cars big as bars
They've got rivers of gold
But the wind goes right through you
It's no place for the old
When you first took my hand
On a cold Christmas Eve
You promised me
Broadway was waiting for me

You were handsome
You were pretty
Queen of New York City
When the band finished playing
They howled out for more
Sinatra was swinging,
All the drunks they were singing
We kissed on a corner
Then danced through the night

The boys of the NYPD choir
Were singing "Galway Bay"
And the bells were ringing out
For Christmas day

You're a bum
You're a punk
You're an old slut on junk
Lying there almost dead on a drip in that bed
You scumbag, you maggot
You cheap lousy faggot
Happy Christmas your arse
I pray God it's our last

I could have been someone
Well so could anyone
You took my dreams from me
When I first found you
I kept them with me babe
I put them with my own
Can't make it all alone
I've built my dreams around you


Le secret d'une oeuvre culte c'est son universalite. Le dernier paragraphe est la quintessence de la poesie de Shane McGowan, et c'est aussi le scenario classique avec lequel on debute ou termine une dispute, notamment entre gens de deux pays:
- Tu as vole mes reves lorsque je t'ai trouve
- Je les ai la avec moi, je les ai mis avec les miens, je n'y arriverai pas seul, j'ai construit mes reves autour des tiens.
Ou quand on demande pour la "n"ieme fois, avec un sens mesure du drame (latinite oblige), un peu de consideration pour le "sacrifice" qui a ete fait en quittant un pays civilise avec TGV et Secu, retraite et service public, voire des etudes et une carriere pour venir dans cette ile, qu'on ne veut pourtant jamais plus quitter coute que coute... et que vient en reponse, en cadeau de Noel un peu particulier, une offre d'emigration, plus pres de "la maison", sur le continent, pour un petit moment, en gage de compromis et pour continuer (ensemble) l'aventure.

La suite de ce blog pourait donc etre Fairytale of Bruxelles, sans remettre en cause ce qui a ete commence ici. Mais ca, c'est une autre histoire... :)

Guinness Christmas Advert

Chaque annee elle revient, avec son habit d'hiver blanc plutot rare en Irlande, sa douceur nostalgique, et des images d'icones et de lieux familiers.


mercredi 12 décembre 2007

Droit au But sur RTE

Ce soir l'OM etait a l'honneur sur RTE. Pas seulement sur le cable, en catimini pendant que des matchs plus importants sur la scene europeenne retenaient l'attention de tout le monde. Non, sur RTE, en vedette, devant tout un tas de telespectateurs qui se demandaient si l'OM allait reiterer l'exploit, une nouvelle victoire sur son terrain, apres avoir battu et, il faut bien le dire, embarasse, voire humilie, Liverpool sur son terrain. Un privilege rare que peu d'equipes en Europe ont su ajouter a leur palmares.

Chaque irlandais qui s'interesse au foot est supporter d'une equipe anglaise, qu'il se choisit dans son enfance au hasard, vu que le foot irlandais, c'est pas ca... un peu "crap" voire carrement "hopeless", selon les sources. Liverpool compte bien entendu son lot de supporters irlandais, ce soir grossi d'une floppee de suporters occasionnels, solidarite geographique, "malgre tout", oblige, ou bien de curieux decide a etre neutres au nom d'un certain exotisme et de la cocacite du temps des affaires et de Tapie.

Une belle occasion de briller a travers le foot, comme on aime le faire a Marseille, vu qu'a part le soleil et Zidane on n'a pas grand chose pour briller aux yeux du monde. Rate. L'entree des joueurs etait belle et enthousiaste, coloree et en chansons, dans la pure tradition velodromienne. Puis en 2mn c'etait plie. Liverpool a gagne sans aucun effort. Ebarassant. Que dis-je, humiliant. A oublier. On oublie.

Carrement crap le foot francais.

lundi 3 décembre 2007

Ca sent le sapin... on The Late Late Show


C'est bientot Noel, et c'est pas forcement un cadeau.

Noel commence au lendemain d'Halloween, c'est etabli. Les boutiques sont alor pretes, des aout - septembre, les decorations font leur apparitions, les Peres Noels et les Rennes en plastique sont en ambuscade pres a degainer leurs sourires et leurs slogans.
Chez les bouchers on sort les traditionnelles pancartes "Commandez des a present vos dindes et vos jambons" (Order your Turkey & Ham now). Traditionnellement le 24 on fait bouillir, un jambon, qui finit gentiment de rotir pendant la messe de minuit. Au retour, petit Jesus est ne et on peut festoyer avec des sandwichs au jambon frais. Le lendemain, c'est la dinde qui passe au four.
Au supermarche, les offres promotionnelles et les petits timbres collection qui nous permettent d'aller passer des weekends a prix gentils dans de jolis B&B a la campagne c'est fini. Suspendus pendant le mois des courses en folie, evidemment. Il faut parcourir les rayons sous la torture de chants de Noel (Christmas Caroll) larmoyes par des groupes plus ou moins a la mode, et ce sont des voix enfantines qui accompagnent la frustration de se voir arracher par la caissiere 3 jours de salaire pour du pain et la bouteille de lait en 2L familial.

L'une des institutions du Noel irlandais, unique en son genre, c'est le Late Late Toy Show.

The Late Late Show est une emission de variete familiale populairissime qui reflete et fait l'Histoire de la television et des moeurs en Irlande depuis les annees 1960. Trois presentateurs seulement se sont succedes, des energumenes tres mielleux entre Foucault et Sabatier (les presentateurs, pas le philosophe et l'ecrivain, on en est loin...), en anglais on dit "cheesy", avec leurs air de gendre ideal.
Les stars irlandaises de la pop y font leurs debuts voire y passent encore (U2, Corrs, Cranberries / Dolores O'Riordan, Enya, Sinead O'Conor) et croisent sur le plateau des veterans de la folk comme Christy Moore, Shane Mac Gowan (Pogues), The Chieftains ou du Rock (Van Morrison, Horselips). Une sorte de Later with Jools Holland (BBC) plus sirupeux, entre Taratata et Sacree Soiree.
Le nom de l'emisison fait reference a son heure de passage: 23h, imaginez un peu si c'etait tard a l'epoque ou il fallait se lever pour la messe le dimanche matin ! Depuis la fin des annees 1990 c'est a la meme heure le vendredi soir.

1.3 millions de telespectateurs irlandais regardent le Late Late Toy Show, rendez-vous attendu chaque annee, une edition speciale debut Decembre pour presenter les nouveautes jeux et jouets et donner des idees aux enfants pour leurs listes a Santa, et aux parents, pardon, a Papa Noel, pour qu'il fasse de jolies surprises.
Temoin perpetuel de son epoque, le Toy Show a vu evoluer les produits presentes: de tres simples (un steak et une orange dans les annees 1960 diraient certains) a disons plus couteux et sophistiques ces dernieres annees, sans surprise.
Le Toy Show est une institution pour tous les Irlandais, petits et grands. On se passe la fievre de l'attente puis la magie du moment de generation en generation, et l'emission est un tendre souvenir pour quiconque a grandi dans ce pays. Il est des foyers ou la soiree du Toy Show est bookee... certains jeunes aiment rentrer chez eux pour le regarder en famille comme quand ils etaient petits. Heureusement, dans la Casa Cafe Waterford, l'Irish est trop occupe... et n'est pas tres fan de Pat Kenny de toute facon.

Je vous offre (genereusement) deux extraits de l'emission de ce weekend (c'est cheesy mais c'est joli), pour vous mettre en bouche pour Noel. A regarder avec une cup'a tea bien chaude a la main.





samedi 1 décembre 2007

La diversite a l'irlandaise

Le premier maire noir d'Irlande
LE MONDE 30.11.07 15h31 • Mis à jour le 30.11.07 15h31
DUBLIN ENVOYÉE SPÉCIALE


C'était il y a quinze ans à peine. Dans un bed & breakfast de la campagne d'Irlande, une vieille dame accueillait deux voyageuses. L'une d'elles avait la peau noire. La vieille Irlandaise, qui n'avait jamais rien vu de pareil sauf à la télévision, en fut toute désarçonnée. Soucieuse de bien faire, elle demanda en chuchotant à l'oreille de la jeune Blanche : "Qu'est-ce qu'elle mange ?"

Même décor, quinze ans après : le 28 juin 2007, Rotimi Adebari, nigérian, 43 ans, est élu maire de Portlaoise, une petite ville de 18 000 habitants en grande banlieue de Dublin. Le premier maire noir de l'histoire d'Irlande. Un événement inouï pour les vieilles dames des bed & breakfast comme pour la plupart des Irlandais qui, encore récemment, n'avaient jamais vu chez eux que des Blancs à taches de rousseur. Qui pouvait penser émigrer dans un pays rongé par la misère ? L'Irlande, on la quittait. La croissance fulgurante de l'économie, dans les années 1990, a soudain changé la donne. En 1997, une école secondaire de Dublin accueillait son premier élève non irlandais. Aujourd'hui, environ 14 % de la population d'Irlande est étrangère.

Les Nigérians, anglophones, sont parmi les premiers à immigrer dans l'île. Parmi les premiers, aussi, à s'engager en politique. "C'est une caractéristique irlandaise, constate Bryan Fanning, chercheur sur l'immigration à l'université de Dublin : les Africains y sont politiquement très actifs. Contrairement à la plupart des immigrés d'Europe, ils arrivent en Irlande avec l'idée d'y rester. Et contrairement à eux, ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les Irlandais. Outre le racisme, présent comme partout, ils doivent se battre pour mériter leur citoyenneté. Rotimi Adebari est un visage de la nouvelle Irlande."

Dans l'Irlande blonde, rousse, catholique et amatrice de Guinness, Rotimi Adebari est noir, protestant et peu porté sur les pubs. Il vous accueille gentiment entre deux rendez-vous, toujours pressé et peu bavard, le costume-cravate impeccable, le sourire poli. Il est à la mairie le matin, file à l'université de Dublin l'après-midi, où se trouve le bureau d'une des nombreuses organisations qu'il anime pour favoriser l'intégration et encourager le "dialogue interculturel". Il est attendu à Londres le lendemain et vous concède tout juste deux heures à la cantine de l'université, happé par son téléphone et les rendez-vous que lui rappelle sa secrétaire. A l'idée de parler de lui, il soupire. "Un journal m'a déjà pris en photo une fois, pourquoi recommencer ?"

Un jour de juillet 2000, Rotimi Adebari a quitté le Nigeria. Pas pour fuir une guerre civile qui avait pris fin en 1970, quand il était encore enfant. Ni en raison du régime politique, revenu peu ou prou à la démocratie après des années de dictature militaire. Pas à cause d'une pauvreté qui lui a été épargnée : son père était ingénieur dans une entreprise française de travaux publics et ce que l'Occident appelait le "choc pétrolier", au milieu des années 1970, résonnait en "boom économique" au Nigeria, grand producteur d'or noir.

Rotimi Adebari a demandé l'asile en Irlande mais s'il boite lourdement en portant son plateau de cantine, c'est moins la trace d'une ancienne opposition politique que celle d'un passé de joueur de haut niveau dans un sport d'élite. Une mauvaise chute a mis fin d'un coup à sa carrière tennistique alors qu'il concourait au niveau national. Elève exceptionnel, il avait étudié les sciences politiques et économiques, enseigné quelque temps l'économie, travaillé comme journaliste à la télévision... puis décidé de tout quitter.

Le visage si tranquille se crispe d'un coup, les doigts tapotent la table nerveusement. "Les raisons pour lesquelles j'ai quitté mon pays, lâche-t-il après un silence, renvoient à un passé sur lequel je n'ai pas envie de revenir. Mon père était musulman. Un vrai et solide musulman. En 1991, je me suis converti au christianisme - protestant ou catholique, nous ne faisons pas la distinction chez nous. Vous ne saurez pas ce que j'ai vécu. Disons, pour faire vite, que ma conversion n'a pas plu à mon père. Que la vie est devenue assez insupportable pour que je veuille m'en aller. Loin."

"Loin", ce sera l'Irlande. Un pays en plein développement qui attire les émigrants du monde entier. Au Nigeria, Rotimi Adebari et sa femme Ronke, chrétienne elle aussi, ont sympathisé avec un prêtre irlandais. "L'Irlande est le pays des mille bienvenues, leur promet-il. Les offres d'emploi pleuvent. Allez-y !" Avec leurs deux premiers enfants, ce jour de l'année 2000, Rotimi et Ronke atterrissent sur le tarmac de l'aéroport de Dublin.

Le pays des mille bienvenues commence par leur refuser le droit d'asile. La drôle d'histoire du premier maire noir d'Irlande débute ainsi, par son exclusion d'Irlande. La chance fait le reste. Il fait appel du jugement, sans grand espoir. Tout juste deux semaines avant l'expiration du délai, la femme de Rotimi met au monde leur troisième enfant. Or une loi nationale, qui n'existe plus depuis 2004, garantit alors la nationalité irlandaise aux enfants nés sur le sol irlandais et, pour les parents, le droit d'y résider. Comme la plupart des 25 000 Africains ayant émigré sur l'île depuis le milieu des années 1990, la famille de Rotimi Adebari en a bénéficié... in extremis. "Je comprends que les Irlandais aient mis fin à cette loi, dit doucement Rotimi Adebari. Mais si notre enfant était né deux semaines plus tard, où serions-nous aujourd'hui ? Où sont ceux qui n'ont pas eu ma chance ?"

Le maire de Portlaoise n'est pas irlandais mais "résident étranger", et en cette qualité autorisé par la loi à se présenter aux élections locales. Alors qu'il était encore demandeur d'asile, Rotimi Adebari avait regardé les annonces de maisons à louer. Le hasard l'avait envoyé dans cette petite ville dont il ne savait même pas prononcer le nom si gaélique (portliech). A peine arrivé, il s'est engagé au service de la communauté.

David Finane n'est pas près de l'oublier. En 2002, cet ancien chômeur s'était inscrit au Job's Club, dépendance de l'agence nationale pour l'emploi. Dans le groupe de demandeurs d'emploi était arrivé ce Noir élégant, le premier que David voyait en Irlande. La responsable de la formation venait de se casser une jambe et le petit groupe se retrouvait sans tuteur. "Nous étions tous désemparés, les bras ballants, raconte David, l'ancien compagnon de chômage. Rotimi a aussitôt pris les choses en main. Très calmement, il nous a proposé de nous réunir, de lire les journaux, d'étudier ensemble les annonces d'emploi et de tout mettre en commun. Il a fait venir au club des amis noirs, demandeurs d'asile. Il a invité des psychologues pour nous aider. Il nous a redonné un moral d'acier."

Quelques années plus tard, Rotimi Adebari rend visite à un conseiller municipal de la ville, Tom Jacob. "Il n'était pas familier du système politique irlandais, raconte celui-ci. Il m'a posé des tas de questions sur les lois et les partis, et comme je concourais en indépendant, il m'a proposé de faire campagne avec moi pour les municipales. Il voulait faire de l'intégration des minorités ethniques sa priorité, cela m'intéressait. Nous avons fait équipe."

A Portlaoise, on commençait à murmurer le nom de Rotimi Adebari. Il avait aidé les chômeurs, puis fondé une association d'aide à l'emploi, à l'époque peu lointaine où l'économie irlandaise était à l'agonie. Il animait déjà une émission hebdomadaire de débats de société sur une radio locale et commençait à donner dans le comté des conférences sur les échanges interculturels.

Chrétien fervent, protestant, on le voyait se rendre chaque dimanche au temple d'une ville voisine et éviter de fréquenter l'église évangélique de Portlaoise, dont le pasteur est nigérian, pour ne pas donner de lui une image communautariste. Certains lui étaient reconnaissants d'avoir changé positivement la perception des quelque 200 ou 300 Nigérians de la ville. "Il y avait un ressentiment à l'égard de cette communauté, raconte Tom Jacob. Ils n'étaient pas familiers de nos règles, doublaient tout le monde au supermarché ou au restaurant, n'envoyaient pas leurs enfants à l'école... Rotimi les a convaincus d'évoluer, de scolariser leurs enfants. Ils se sont mieux intégrés."

Le 28 juin 2007, quatre partis se partagent à la proportionnelle les 9 sièges du nouveau conseil municipal. Les deux candidats indépendants obtiennent 2 sièges. Issu d'une des parties représentées, le maire est désigné par rotation pour un an. Tom Jacob propose que Rotimi Adebari soit le premier de la législature : 3 votent contre, 6 votent pour. "Le fait que Rotimi Adebari soit à cette place est un signe que notre pays a enfin grandi", dit Tom Jacob.

A une centaine de kilomètres de Portlaoise, au Théâtre national de Dublin, le "signe" est déjà arrivé sur scène. L'écrivain irlandais Roddy Doyle et le Nigérian Bisi Adigun viennent d'y transposer The Playboy of the Western World, une pièce du répertoire irlandais du XIXe siècle. Pour la première fois, sous leur plume trempée dans le réel, le village rural de l'ouest de l'Irlande devient la banlieue ouest de Dublin. Et le fameux héros irlandais, un demandeur d'asile de bonne éducation... noir.

Marion Van Renterghem
Article paru dans l'édition du 01.12.07