dimanche 28 octobre 2007

Waterford Arts Festival: France, Irlande et Revolution

Pour ceux qui sont sur Waterford, la semaine aura un gout de la maison.


Le French Film Festival, qui accompagne le foisonnant Waterford Arts Festival Imagine, commence ce soir avec La Vie en Rose, la vie de Piaf par Olivier Dahan.

Ensuite: Tell no one / Ne le dis a personne de Guillaume Canet, Battle of Algiers de Gillo Pontecorvo, Moliere de Laurent Tirard, et My best Friend / Mon meilleur ami de P. Leconte (J. Gayet, D. Auteuil, D. Boon).


Une jolie selection au nouveau cinema Storm qui s'ajoute a la profusion de peinture, photo, theatre, dance qui s'offre au public depuis le 26 octobre et jusqu'au 5 novembre dans les galleries, salles, restos et pubs de la ville.


Par exemple, Jim Fitzpatrick expose son travail photo a la Manifesto Gallery. Qui est-ce? L'auteur de l'une des images les plus emblematiques et les plus reconnaissables du XXe siecle: le portrait de Che Guevara qui s'etale desormais sous toutes les formes et toutes les couleurs sur des T-shirts et autre memorabilia revolutionnaire a travers le monde. Eh oui, le Che tenebreux et determinant regardant droit vers l'avenement du socialisme, c'est l'oeuvre d'un irlandais. Ils sont partout! A l'origine il y a une photo prise par un photographe cubain inconnu et oublie aujourd'hui. Jim s'en est servi pour creer un poster soulignant les traits et l'expression du Che en 1968. Parce que le Che est mort juste apres sa publication, parce que Jim l'avait rencontre, l'image est instantanement devenue icone; et parce que la photo de depart ne lui appartenait pas, Jim a libere le poster de tous droits de Copyright, et l'image s'est diffusee.

Interdite en Europe de l'Est car symbole de l'individualisme et de l'idealisme d'un heros au service de la liberte des peuples, plutot que recherchant l'adulation des foules et leur asservissement a une cause, l'image a egalement fait scandale en Irlande: a Dublin, la societe bien pensante harcele et attaque les boutiques qui osent vendre la photo de cet anarchiste rouge, tandis que des amis des arts defient les menaces et exposent fierement le travail de Jim.




And last but not least... le Che avait un aieul irlandais, debarque un jour en Amerique du Sud de son Mayo natal...

Avec la decouverte du continent americain, sept president etatsuniens dont Ford, Kennedy, Reagan et Clinton, et une part dans la fibre revolutionnaire du Che, les irlandais font l'Histoire...


As part of the Waterford Arts Festival, among a lot more, a selection of films for the French Film Festival all week in Storm cinemas, and exhibition of the work of Jim Fitzpatrick, author of the worlwide spread and famous portrait of Che Guevara.

lundi 22 octobre 2007

Taking our jobs and our women... I hear you're a racist now Father.

Je m'en vais a Dublin pour 24h de travaux forces, dans l'un des endroits symboles de la repression monarchique contre l'essor republicain, entre 1730 et 1920: Klimainham. La prison, Kilmainham Gaol, a connu quelques uns des episodes a la fois les plus tragiques et les plus heroiques de la rebellion jusqu'a l'independance.

Aujourd'hui la prison se visite, digne monument de l'Histoire, et le Royal Hospital est devenu centre de conferences et Musee d'Art Moderne, Irish Museum of Modern Art. Autre temps....

C'est donc presque par hasard, avec desinvolture et sans reellement avoir en tete la surcharge historique de ces lieux que nous lancerons (enfin eux, pas moi), en compagnie du Ministre des Finances et autres tetes bien remplies, les nouveaux programmes de financement de projets par l'Irlande et l'Union Europeenne, soit plusieurs centaines de millions d'euro au service d'une economie deja bien gonflee, grace a cette meme bourse communautaire qui a deja fortement contribue a la sortie du marasme d'un petit peuple rebelle jamais a cours de ressources. Ah oui, les temps ont bien change !

Je vous offre donc un interlude de detente, en compagnie du cultissime Father Ted. Dans cet episode Father Ted decouvre interloque la communaute chinoise avec qui il partageait sans le savoir sa minuscule ile. Novices dans le domaine immigration, Father Ted sombre bien malgre lui dans la maladresse raciste et le malentendu diplomatique, tandis que ses administres reagissent diversement a la nouvelle "foi" de leur directeur de conscience.
Ou la question de l'immigration et le debat integrationniste facon Father Ted.

Attention: 100000% Irish humour. Si vous ne saisissez pas.... c'est pas grave ! Degustez l'experience culturelle d'une Irlande d'un autre temps (pas si eloigne) caricaturee a l'extreme :).


dimanche 21 octobre 2007

Irlandia: Vive le pain des etrangers !

Le Tigre commence a s'essoufler, economiquement, mais aussi politiquement. L'Irlande est a la veille de nouveaux changements majeurs qui accompagneront le ralentissement economique. L'incroyable succes a ses bemols: une lutte financiere de tous les instants pour les familles irlandaises ou immigrees, une absence de services publics lourde de consequences sociales et environnementales, lacunes dans le domaine de la recherche et l'innovation qui s'ajoutent a une politique de basse fiscalite des entreprises (mais haute fiscalite des menages et la consommation) qui rend l'economie dependante du bon vouloir des investisseurs etrangers, qui desormais tournent le dos a un cout du travail trop eleve.

Irlandia ! Irlandia !
LE MONDE 20.10.07 15h18 • Mis à jour le 20.10.07 15h18

Cracovie, à Wroclaw, à Gdansk, à Lublin, le mot circule comme une traînée de poudre : "Irlandia ! Irlandia !" Pour les jeunes Polonais, l'Irlande a détrôné l'Amérique, et l'aéroport de Dublin les guichets d'Ellis Island. Avec la Grande-Bretagne, c'est un nouvel eldorado où les mènent les bus bondés et plusieurs vols directs par jour. "On dit que là-bas tout est mieux, raconte Yola Sobas, une Polonaise émigrée, elle, à Paris : le boulot bien payé, les belles maisons de trois pièces, tout ! Ça devient une blague en Pologne : quand tu es malade, on te dit que le médecin est parti en Irlande."

En Pologne, l'opposition libérale (PO) en fait un argument de campagne, à l'occasion des élections législatives du dimanche 21 octobre : à cause de la politique menée par les très conservateurs frères Kaczynski, scande-t-elle, 2 millions de Polonais sont partis travailler à l'étranger.
Les Irlandais, eux, n'en reviennent toujours pas. Depuis des siècles, ils s'étaient habitués à voir leurs enfants fuir pour survivre. Il y a encore dix ans, ils n'avaient quasiment jamais croisé un travailleur étranger. Aujourd'hui, 14 % de la main-d'oeuvre n'est pas irlandaise. En un temps record, au début des années 1990, cette terre d'émigration est devenue le "Tigre celte" où l'on immigre du monde entier. Et, depuis trois ans, les plus dynamiques d'entre eux ont pris le pas sur les autres : les Polonais.

Au centre de Dublin, le polonais est devenu la deuxième langue la plus parlée dans la rue. On ne peut quasiment pas rentrer dans un café, un hôtel ou un restaurant, sans y trouver une serveuse polonaise. On ne peut pas voir un immeuble en construction sans croiser un maçon polonais. Des magasins affichent des écriteaux en polonais. Il y a au moins quatre publications en polonais, un supplément en polonais dans un quotidien irlandais, des bars polonais et des épiceries polonaises, plutôt bon marché, où accourent les Irlandais saignés par la hausse du coût de la vie.

Aux quatre coins de l'Irlande, 28 prêtres ont été mandatés depuis Varsovie. Des messes en polonais ont lieu plusieurs fois par semaine, et plusieurs fois chaque dimanche, dans différentes églises pleines à craquer. St Audoen, à Dublin, est spécialement affectée aux Polonais. D'après les cartes de Sécurité sociale, ils sont 200 000 recensés en Irlande. Auxquels peuvent facilement s'ajouter, selon les autorités, une bonne centaine de milliers non déclarés. Autant dire une communauté visible, comparée aux 4,2 millions d'habitants de la petite République.

L'afflux s'est accéléré d'un coup en mai 2004 quand la Pologne, avec neuf autres pays, a fait son entrée dans l'Union européenne. L'Irlande est alors le seul Etat de l'Union, avec la Grande-Bretagne et la Suède, à accueillir ces ressortissants sur le marché de l'emploi sans conditions limitatives. L'extraordinaire boom économique irlandais fait le reste. Deuxième pays le plus riche d'Europe par habitant, après le Luxembourg, l'Irlande affiche le taux de chômage le plus bas (4,2 %), une croissance et une demande de main-d'oeuvre élevées, qui en font le point de chute rêvé.

A l'âge de 26 ans, Kasia Streg a fait le voyage. Originaire d'Opole, une ville plutôt aisée à proximité de la frontière allemande, elle a fait des études d'architecture à l'université de Wroclaw et a commencé à travailler dans une agence, pour un salaire mensuel de 1 500 zlotys (404 €). "Quand tu es diplômé en Pologne, tu te sens complexé, dit-elle. Tu te demandes toujours : qu'est-ce je vaudrais, à l'Ouest ?" Elle a voulu vérifier. Plusieurs de ses amis polonais avaient déjà émigré en Irlande.

En 2005, elle a envoyé son CV à deux agences, sur Internet. Le lendemain, les deux lui offraient un travail. Kasia Streg s'est installée dans la petite ville de Portlaoise, à une heure de route de Dublin. Grâce à son salaire (3 000 € nets par mois), et en partageant un logement avec deux compatriotes et une Chinoise, elle compte acheter deux appartements à Opole, qu'elle louera. Elle tentera l'aventure dans d'autres pays européens "où la météo est meilleure". Puis rentrera, un jour, en Pologne. " Avec les Irlandais, nous sommes faits pour nous entendre. Nous avons les mêmes valeurs, nous aimons boire une bière après le travail et regarder le foot à la télé."

Pour ces insulaires si peu habitués à la mixité, les Polonais sont des immigrés de rêve. Plutôt blonds aux yeux bleus, comme eux. Catholiques, presque plus qu'eux. Appréciant le whisky, au moins autant qu'eux. Ex-victimes de l'oppression des Russes et des Allemands, comme ils le furent des Anglais. Et leur rappelant, surtout, leur histoire personnelle : celle de leur misère et de leur tradition d'émigration.

Comble de perfection, c'est "l'élite" des Polonais qui émigre. Selon le ministère de la justice - bizarrement la seule autorité gouvernementale responsable de l'immigration -, les Polonais sont en moyenne plus qualifiés que les Irlandais. Anglophones, bons travailleurs, ils ne rechignent pas devant des tâches ne correspondant pas à leur niveau de qualification. La plupart sont jeunes, beaucoup viennent en célibataire avec l'intention de rentrer dans leur pays. Ces Polonais, si parfaits, l'Irlande s'en contenterait volontiers. Depuis 2004, le rejet des demandes d'asile a augmenté. Depuis cette année, un système de carte verte favorise les immigrants hautement qualifiés, et des restrictions à l'emploi sont imposées aux Bulgares et aux Roumains.

Mais la croissance s'essouffle naturellement (5 % aujourd'hui, après avoir atteint des sommets). L'industrie du bâtiment, creuset important de la main-d'oeuvre polonaise, est en déclin. Si, jusqu'ici, le chômage n'a pas augmenté, "il se pourrait que le travail commence à manquer tandis que le flux d'immigration, lui, continue sur sa lancée", prévoit Roger Fox, directeur à l'Autorité irlandaise pour la formation et l'emploi (FAS). Il est probable que les Polonais se concentreront encore davantage sur Londres, où les bras manqueront pour la préparation des Jeux olympiques.

Certains Irlandais commencent déjà à protester discrètement contre cette immigration massive. "Ils me rappellent ma jeunesse", note Philip, un "poseur de briques" à la retraite, accoudé au comptoir d'une taverne de Dublin. "A 20 ans, j'ai quitté mon pays, comme tous les Irlandais, pour être maçon à Londres. Comme tous les Irlandais, j'ai été sous-payé, j'ai vécu dans des chambres où même un chien refuserait d'entrer. Quand je vois les Polonais, je me vois. Ils croient qu'ils sont riches, mais ils n'économisent qu'en s'entassant à cinq ou six dans des chambres en sachant que c'est provisoire. Ils ne vivent pas dans le réel. Nos salaires baissent et le coût de la vie, lui, continue à monter. Ça ne me plaît pas."

A Sutton, une banlieue résidentielle du nord de Dublin, pas loin de la mer, Cezary Lukasik ne le contredirait pas. Lui aussi avait rêvé d'une "Irlandia" mythique, faite de revenus grandioses et de belles maisons. A Gdansk, au bord de la Baltique, il était serveur sur des bateaux de croisière et gagnait 600 € par mois, parfois 1 500 € en haute saison : "un bon salaire". En septembre 2004, il y a renoncé "pour travailler moins de 12 heures par jour, avoir une vie plus belle et économiser pour acheter une maison en Pologne".

A peine arrivé, il a trouvé un emploi dans un restaurant. Le patron le payait en dessous du minimum légal mais avec les pourboires, et en travaillant douze heures par jour, six jours sur sept, il amassait 2 000 € par mois. Le matin, il travaillait pour un quotidien d'information en polonais qu'il avait fondé en 2005 avec un autre immigré, StrefaEire. Celui-ci n'a pas survécu à la concurrence de Gazeta polska, le premier journal polonais en Irlande. Il y avait investi 20 000 €. Au bout de trois ans, Cezary a laissé tomber le restaurant. Il suit une formation en informatique. Pour s'y rendre, il doit marcher 6 km par jour : pas de quoi se payer une voiture, et les transports, comme toutes les infrastructures publiques, font défaut en Irlande.

Depuis son arrivée, le coût de la vie a augmenté. Dublin est devenue aussi chère que Londres. En travaillant le dimanche, la femme de Cezary gagne 1 700 € par mois en tant que serveuse. Ils ont une petite fille et louent une maison de quatre pièces, pour 1 400 €. Sur un calepin, Cezary tient ses comptes à la virgule près. Ce mois-ci, 157 € pour l'électricité, 125 € pour le gaz, 70 € pour le téléphone. Cette semaine, 185 € pour la crèche (il n'y en a aucune publique), 130 € pour la nourriture et la lessive, 7 € pour la poudre de lait, etc. Devenir informaticien, c'est sa dernière chance. "Je suis venu ici pour économiser. Or pour vivre normalement, dans une maison normale et en s'autorisant quelques sorties de temps en temps, on ne met rien de côté. Si je n'arrive pas à gagner 2 000 € avec des horaires humains, ça ne vaut pas le coup. Je rentrerai en Pologne."

Le Père Jaroslaw Maszkiewicz, chapelain de la communauté polonaise d'Irlande, l'entend souvent en confession : "Il y a une déception", dit-il. Beaucoup de ceux qui ont rêvé l'Irlande vont jusqu'à se retrouver à la rue. L'association pour sans abris Merchants Quay Ireland (MQI) doit secourir de plus en plus d'immigrés de l'Est (entre 50 et 70 par jour, majoritairement polonais). Le Père Maszkiewicz tente discrètement de faire passer aux fidèles le message du président Kaczynski : "La Pologne va bien, il faut revenir !"

Marion Van Renterghem
Article paru dans l'édition du 21.10.07

Et pourtant, l'Irlande a irremediablement change: de pays du tiers-monde a nation developpee, elle talonne le Luxembourg sur le podium des Etats de l'UE au niveau de vie le plus eleve. Les caisses de l'Etat sont pleines mais, de l'aveu meme des citoyens et gouvernants: il leur a fallu apprendre vite a gerer un succes qui peut-etre leur echappe deja, et il va falloir encore du temps pour apprendre a gerer a la fois la peur d'une chute cruelle et la gestion d'une manne inesperee. La generation de dirigeants actuelle a emerge en sortant un pays de la pauvrete, mais personne en Irlande n'a jamais appris a s'occuper de l'interet public sans s'en remettre a la Providence et le sauve qui peut individuel...

samedi 20 octobre 2007

France: Vive le pain des immigres !

Le jeune du mois de Ramadan s'est termine le 12 octobre. Il n'est plus l'heure de souhaiter Bon Ramadan ou Bonne Fete de L'Aid aux musulman-e-s reguliers ou de passage ici. Desolee... tres occupee ces derniers temps, pas mal de choses me sont sorties de l'esprit.

Non pas que le religieux soit fort et present chez moi.................

Non, mais comme Noel, que je n'observe qu'en tant que fete du regroupement familial (en tant qu'emigree, je pese mes mots), le mois de Ramadan et fete de l'Aid est habituellement un moment culturel fort pour moi a Marseille, et qui me manque un peu en Irlande.

La Fete de l'Aid, qui suit la rupture du jeune au dernier jour du mois, est un jour de fete pour qui a envie de s'y associer, et a la chance (oui, la chance) de vivre dans un quartier ou les habitants de culture musulmane vivent en nombre.

A l'ecole, c'etait un jour ou la plupart des eleves "manquaient", qui de bonne foi musulmane, qui s'inventant une alliance, voire un voisinnage, voire une observance du jeune par curiosite et solidarite, et profitaient de ce que l'absence aux cours ne "comptait pas". Car ce jour de fete etait tolere comme tel, et considere digne de traitement exceptionnel dans les etablissements de l'Ecole de la Republique que je frequentais, comme elle honore officiellement Noel, Paques et la Trinite.
Les classes quasi vides, les cours avaient un air de fin d'annee, on y travaillait serieusement mais certains profs s'autorisaient des digressions plus relaxantes.

Dans les rues, a moins que le Mistral rude et froid en l'hiver ne viennent tout gacher, les enfants courent vetus d'habits "du Dimanche" flambants neufs; les filles en bibliotheque rose, les garcons en complet veston. Les grands se retrouvent sur les palliers, les places, les halls d'immeubles et autour des fourneaux, apres le rituel des hommes amenant le mouton a l'abattoir...
Eh oui, le mouton est egorge... un vrai scandale lorsqu'on sait que la viande de ceux qui ne mangent pas Hallal provient evidemment d'animaux qui ne souffrent pas, ni physiquement, ni psychologiquement. Au fil de generations qui deja s'en lassent, ce rite peut-etre disparaitra.
A Marseille, l'equipement des abattoirs de la ville a toujours ete mis a disposition de qui souhaitait l'utiliser. Un systeme d'encadrement sanitaire plus strict a enfin ete mis en place ces dernieres annees. Seuls des bouchers de profession peuvent tuer le mouton, dans des conditions professionnelles, et non plus a la sauvette, en cachette, salement dans une salle de bain ou sur un balcon, parce qu'aucun autre lieu n'est disponible ou parce qu'aux abattoirs ceux capables d'improviser les gestes necessaires ne sont pas assez nombreux.

A la maison, il y avait donc couscous, pain et gateaux, arabes ou kabyles, au menu. Nous aussi, dans notre famille de "mangia spaghetti", on attendait l'Aid avec impatience! En un tel moment de partage par excellence, les victuailles faisaient le tour des familles et amis, de quartiers en quartiers.

La religion est beaucoup moins presente qu'on le "craint" chez les Francais de culture musulmane, pratiquants ou pas.
Un mariage, par exemple, est avant tout une affaire d'union entre deux personnes et leurs familles, l'occasion d'une fete phenomenale ou on ne compte pas le nombre de danses, chants, plats, cadeaux, et les references sont avant tout culturelles. Pas une seule foi le Coran n'est cite, comme la Bible ou le Code Civil peuvent l'etre ailleurs. Durant la fete, les maries et leurs proches portent des tenues traditionnelles qui rappellent les regions d'origine de leurs familles, et c'est la ceremonie d'union officialisee par l'apposition du henne sur les mains des epoux par la doyenne de leurs deux familles qui en est le clou. Une affaire de famille et de culture.
De meme, bien que plus religieux, le mois de Ramadan est dedie au rappel de la condition humaine, fragile, ephemere, par la sensation de faim, et de la necessite de partager, donner, savoir se defaire sans egoisme de quelque chose (argent, nourriture, objet) au profit de ses semblables, et surtout de moins bien lotis que soi, qu'on ne doit jamais oublier.
Le cynisme de l'achat d'un morceau de paradis par les plus croyants n'est bien entendu pas etranger a cette affaire.
Cependant, par le geste simple d'offrir et donner sourire aux levres, c'est le depassement des fontieres sociales, culturelles ou religieuses qui sont construites pour nous et bien malgre nous qui est celebre, sans y penser. Une assiette de couscous et quelques gateaux bien gras et bien sucres, voila qui rechauffe le ventre et le coeur, et peut aneantir toutes les rancoeurs qu'on peut nous inventer.

En Irlande, on s'est attache a faire l'effort d'en savoir un peu plus... Dans un pays de tradition catholique extremement stricte et centree sur Rome et ses enseignements, la tache est plus ardue qu'il n'y parait. C'est pourtant la curiosite pour ces "nouveaux irlandais" immigres tout recents qui l'a emporte.
Ainsi il y a des musulmans en Irlande? Voila qui est interessant....
Et ils ont une tradition appelee Ramadan qui les mobilise de facon etrange pendant un mois? Ok, on connait le jeune modere du mois de Careme, ca ne doit pas etre bien different.

Plutot que de prendre pour acquis, comme c'est trop souvent l'habitude ici, les experiences et opinions americaines ou britanniques sur le sujet, les irlandais en matiere culturelle et d'integration des nouveaux arrivants ont decide de s'en remettre a eux-memes.
Par ailleurs la douche froide des emeutes de novembre 2005 en France a revele a l'Irlande qu'aucun modele d'integration des immigre-es actuellement en place n'a fonctionne, que l'egalite republicaine proposee par la France n'etait qu'une fiction; qu'il convenait donc de se remonter les manches en toute humilite et mettre a contribution le chromosome d'Inventivite qui, lui, a donne de si beaux resultats jusqu'a present.
Ainsi les emissions d'actualite de radio les plus populaires (ici la radio est un medium d'expression a portee de tous, citoyens puissants et lambda reunis sur les ondes, donc prise et a ce titre bien plus important que la television), au niveau local et national (RTE, Today FM, Newstalk), ont donne la parole a des gens de confession ou culture musulmane d'origine africaine ou francaise, afin de leur permettre d'expliquer ce que ce rite signifie pour eux, mais aussi les eventuelles difficultes rencontrees pour son observance au sein de la societe irlandaise, toujours dans le but de souligner des couacs d'integration et ebaucher des solutions.

Cela n'empeche pas les autorites de renvoyer sans menagement des immigres originaire de pays hors Union Europenne, dont le dossier n'est pas a leur gout, dans une indifference citoyenne quasi generalisee et quelque peu choquante. Ceux qui restent, cependant, doivent etre traites avec respect, et on considere naturel de les aider a suporter le poids et faire face a la responsabilite de leur integration reussie.

Je souhaite que l'Irlande regarde du cote de Marseille, pour y etudier pourquoi lors des emeutes en 2005, ou des violences qui accompagnaient quasi traditionnellement les manifestations etudiantes avant ca, les incidents y ont ete mineurs et si peu nombreux en comparaison avec la situation nationale. Une lecon de multiculturalisme et d'anti-ghettoisation, certes pas l'oeuvre des actions en faveur de la "mixite sociale" de la municipalite UMP actuelle, qui ne sont que de vulgaires operations immobilieres d'expulsions de familles sans le sou du Centre Ville et d'installation de foyers ayant les moyens de payer des impots consequents dans les endroits attractifs de la ville, tel que les bords de mers traditionnellement ouvriers; mais bien le resultat naturel de la mixite des populations issues des migrations successives, de Gyptis et Protis il y a 2600 ans a nos jours. A Marseille, des bidonvilles, oui, dont le dernier a disparu dans les annees 1990 seulement, mais pas de Cite-dortoirs, parce que jamais la place n'a existe pour les construire. Le melange obligatoire et la necessite de communiquer, voila le secret.

A defaut d'etude, c'est par le bout artistique de la lorgnette culturelle que mon cinema de quartier (Garter Lane Arts Centre) s'est interesse a la communaute musulmane de France, en diffusant Indigenes "Days of Glory", et c'est par le bout touristique de cette meme lorgnette que The Irish Times s'est recemment interesse a Marseille, et que ses lecteurs ont goute la saveur locale en tant de Ramadan.

La "premiere ville africaine traversee par le Paris Dakar", comme disaient les Inconnus, est bien souvent fiere de l'etre !

Letter from Marseilles: The sun had hovered low, a teasing purple plate that eventually dipped into the Marseilles bay. Hungry crowds of Ramadan-observing Muslims emerge, taking nightfall as their cue to break their daylong fast. In homes all over France's second city, they devour couscous and tagines; in simple restaurants they choose steaming bowls of chorba and sip gold-embossed glasses of mint tea. Since morning in the streets off Rue Canebière and around Noailles, Arab butchers had sold halal meat; grocers had weighed out loose semoule and bakers had flicked soft paintbrushes over trays of honey-swimming makroud and baklava cakes to disperse a sticky plague of flies.
Chickens were purchased for eating that evening by many of the city's 200,000 people of North African origin.
By night, the quays on both sides of Marseilles's old port are home to a relaxed line of hotels, bars and restaurants, a far cry from the expected nautical mile of ruddy-faced sea shanty singers, wooden legs and anchor tattoos. The central port area exudes seaside calm, its waters a large marina for hundreds of vessels. (...)
in Reliving Dantès's inferno on a voyage to the Château d'If, by John Fleming.
The Irish Times, 12.10.2007

lundi 15 octobre 2007

Perles de Culture: la Résistance en délicatesse

Découverte d'un petit trésor du web:

Cher Monsieur le Président


Tous les quinze jours, pendant les cinq prochaines années, un écrivain adresse un livre au nouveau président de la République. Et lui dit pourquoi. Modeste et néanmoins joyeuse entreprise de résistance & consolation politico-littéraire.

Dernier courrier en date: Marcovaldo, par Hervé Le Tellier.

Essayez, c'est un régal !



Sur le sujet Resistance et Expression, voir les mises a jour sur
et

dimanche 14 octobre 2007

ADN et codéveloppement - Contribution

Danielle rentre de deux années passées au Niger. Point de vue d'une professionnelle du codéveloppement sur l'actualité de la "gestion de l'immigration".


Un point sur le codéveloppement

A l’heure où la nouvelle loi sur l’immigration et l’amendement Mariani – qui prévoit l’usage de tests ADN pour le regroupement familial - sont ardemment débattus, le débat sur l’immigration, l’intégration et l’asile est relancé de façon abrupte.
L’utilisation de l’ADN comme moyen de vérification des liens de parenté dans le cadre d’une demande de regroupement familial, constitue, au-delà de son caractère plus que critiquable sur le plan éthique, un moyen qui évince la réflexion, infiniment plus humaine et complexe sur les raisons et les mécanismes qui sont à l’origine des mouvements de population.
Dès lors, il est nécessaire de s’interroger sur les propositions et les initiatives qui mettent au centre de leur réflexion les causes des migrations et notamment la volonté des migrants (ou la nécessité ?) de quitter (pour des raisons économiques, politiques, …) leur pays d’origine.

Bien que les parcours des migrants s’inscrivent dans des logiques variées, la France, et l’Europe, de manière générale, apportent à la pression migratoire une réponse essentiellement sécuritaire. De fait, cette réponse est insuffisante car elle n’agit pas sur les causes profondes de la pression migratoire. Dès lors vient que la gestion des flux migratoires pousse à considérer la question du développement des pays d’origine des migrants.

Considéré à la fois comme un outil de développement et comme un instrument de régulation des flux migratoires, le codéveloppement est désormais au centre des débats en France.

Le codéveloppement désigne traditionnellement les actions des migrants au profit de leur pays d’origine. L’appui à ce type d’actions par les autorités françaises a été formalisé par la création de la mission interministérielle sur le codéveloppement, à la fin des années 1990. Le codéveloppement vise avant tout le continent africain, ce en raison de l’idée que la pression démographique du continent pourrait faire croître de manière significative l’émigration vers la France. Or, si l’on part de l’idée que l’émigration est la conséquence d’un « mal-développement » de l’Afrique, dès lors, la question des migrations rejoint celles des questions de développement.

Si le terme de co-développement s’est « popularisé », notamment lors de la campagne présidentielle en France, son utilisation ne recouvre pas toujours la même signification. Il est tour à tour entendu comme une forme de partenariat, de développement concerté avec les pays bénéficiaires, comme le point de rencontre et d’articulation entre les politiques de développement et les politiques de gestion des flux migratoires, voire comme une forme plus humaine d’accompagnement des retours de migrants dans leur pays d’origine.

Si l’appropriation de ce terme, par les politiques des pays d’immigration et d’émigration est certaine, les ambiguïtés concernant le sens et le contenu des politiques qui s’y réfèrent sont nombreuses, et il est donc nécessaire d’apporter des clarifications.
Dans sa version originelle, le co-développement s’appuie sur le constat de la forte mobilisation des migrants en faveur de leur pays d’origine. Développée dans les années 1960, cette mobilisation s’est progressivement structurée dans les années 1970 et 1980 avec l’appui d’organisations non gouvernementales.

Bien que l’on estime à plusieurs milliards d’euros annuels les montants ainsi transférés, ces flux sont très mal connus en raison de la part importante du secteur informel et de la faiblesse des appareils statistiques locaux. Toutefois, les évaluations de la Banque Mondiale indiquent qu'au niveau global, les transferts de fonds des migrants officiellement enregistrés ont atteint 199 milliards de dollars en 2005, sans compter les transactions informelles qui atteignent environ 50 % de cette somme. Soit une manne avoisinant les 300 milliards de dollars.
Par ces transferts, les migrants sont indéniablement des acteurs du développement de leur pays d’origine. Les réalisations dans les régions d’origine, parfois délaissées par leur Etat, sont visibles : équipements collectifs, soins médicaux et scolarisation des enfants sont largement financés par l’argent des migrants. Toutefois, ces transferts sont majoritairement destinés à la consommation privée des familles restées au pays et sont très faiblement tournés vers l’investissement.

Ce constat pose très clairement la question de la mobilisation de cette ressource comme part substantielle du financement du développement, et celle de la volonté réelle des gouvernements de ces pays à décourager cette immigration « rentable ».
Il questionne également le rôle à jouer par les bailleurs bilatéraux et internationaux, dont l’objectif est de favoriser ces transferts et de les soutenir par des co-financements afin de mieux les structurer et de mieux les orienter.

Jacques Ould-Aoudia, président de Migrations & Développement, considère le concept de co-développement dans une perspective d’action locale menée par des migrants et montre que, “aux côtés de l’aide publique au développement menée par les états et les organisations internationales, il existe un champ encore peu investi par les politiques d’aide qui concerne le développement local à dimension participative, prenant appui sur les logiques territoriales”. Selon la même logique, il propose aussi d’ “inverser la logique des bailleurs au Nord: non pas procéder par des appels d’offre selon des agendas élaborés au Nord loin des populations ‘bénéficiaires’, mais répondre aux propositions élaborées par les populations et les migrants”.

Le CCFD, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, rappelle que « le co-développement repose sur la capacité des migrants à circuler, à maîtriser à la fois le contexte de leur pays d'origine et les possibilités d'accéder aux ressources de leur pays d'accueil ».
Il implique donc
• les associations de migrants aujourd'hui désignées par la catégorie d'OSIM (les organisations de solidarité issues de l'immigration), qui aspirent parfois à jouer un rôle de transformation sociale de leur société d'origine ;
• les organisations du village, de la région, du pays d'origine pour orienter les ressources vers les besoins de développement ;
• les collectivités territoriales des pays de départ qui souhaitent contribuer à la définiion des objectifs de développement portées par les associations de migrants ;
• les associations du pays d'accueil capables de fournir un appui en termes de financements, de formation, de renforcement des capacités d'organisation, de formalisation d'un projet de développement ;
• les collectivités territoriales et les pouvoirs publics du pays d'accueil engagés dans cette forme de «jumelage» solidaire ;
• enfin, les institutions du pays d'accueil.

Constituant à la fois un nouvel outil de la solidarité internationale et un moyen d’intégration dans le pays d’accueil par la reconnaissance aux populations immigrées de leur rôle dans le développement de leur région d’origine, le co-développement, qui a pour spécificité de mobiliser “un éventail diversifié de canaux et un nombre élevé d’acteurs”, doit être soutenu par des politiques menées selon des approchés spécifiques et ne doivent, en aucun cas, constituer un ensemble uniforme.

Hélas, force est de constater que tous les acteurs concernés sont loin de partager cette conception du codéveloppement. Dans une communication le premier juin au quotidien français du 1er juin 2007, Brice Hortefeux, nouveau ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, présente ce qu’il entend par "codéveloppement". Selon lui, il s’agit de "donner aux États du Sud et à leurs ressortissants les moyens d’avoir confiance en eux-mêmes et de construire un avenir en dehors de l’émigration".

Si l’objectif semble louable, les moyens, eux, sont discutables. Concrètement, M. Hortefeux propose deux mesures :
- Assurer une meilleure allocation des transferts de fonds des migrants en France vers leur pays d’origine
- Renforcer l’aide au retour volontaire

Au vu de ces mesures, la volonté d’agir sur les causes de l’immigration en devient moins crédible. En effet, au vu de ces propositions, il n’est pas question d’augmenter le montant de l’aide au développement, mais bien plutôt d’imposer une utilisation des fonds transférés et de renvoyer chez eux ceux dont la présence sur le sol français est désormais jugée indésirable. De surcroît, la politique d’aide au retour volontaire, loin d’avoir fait ses preuves, suscite des tensions et suspicions réciproques, et des interrogations sur la frontière entre certaines formes d’encouragement (financières le plus souvent) et la contrainte pure et simple. Ce qui peut renforcer le sentiment souvent éprouvé par les étrangers, que, derrière les discours sur la coopération ou le développement, se cache la volonté de les voir partir.

A ce titre, le CCFD rappelle que « l'expérience montre que le co-développement ne remplace pas l'émigration. Il est illusoire de penser qu'il suffit de financer des projets au bénéfice des migrants, ou des candidats à l'émigration, pour tarir ou inverser les flux migratoires. Même s'il est fondamental d'offrir de leur alternative crédible, les facteurs qui favorisent la migratoire sont bien plus nombreux. La migration favorise le développement et le développement stimule la mobilité. Il est donc d'autant moins acceptable que le développement serve à « compenser » une politique anti-migratoire et répressive ».

Enfin, il y a lieu de s’interroger sur l’allocation de l’aide publique au développement - qui loin d’être répartie en fonction de critères purement objectifs et démontrant une réelle volonté de freiner les flux migratoires issus des pays où les actions de développement ont le plus besoin d’être soutenues - semble plus dictée par des intérêts géopolitiques peu médiatisés. Un exemple : il y a en France dix fois plus de Maliens que de Gabonais, mais le Gabon du président Omar Bongo reçoit par habitant dix fois plus d’aide que le Mali…

jeudi 11 octobre 2007

Pendant ce temps....



Photo prise recemment sur la riviere Shannon / on Shannon River recently

D'un immigre a une autre: Nous, immigres Francais

Si mon grand-pere avait du passer des tests de Francais, nous serions 20 personnes de moins dans ma famille. Si mon arriere-grand-pere avait du passer des tests de Francais, il n'y aurait pas de famille du tout.

Mon grand-pere a echoue en France comme prisonnier de guerre evade en 1942. Cache, nourri par la communaute italienne, il a appris le Francais en lisant le journal seul a la maison, et le soir chantait, en bon napolitain, pour payer ses repas. Puis il est sorti de son repere, n'y tenant plus, pour travailler, au grand jour, immigre clandestin, sans papier, puis avec des faux, et plusieurs noms, jusqu'a son mariage, sa regularisation.
Plus tot mon arriere-grand-pere etait arrive en France pour travailler plus, afin de gagner plus. La vie etait dure en Toscane, mais pas misereuse. Il voulait s'enrichir pour emmener sa famille aux Etats-Unis, mais en escale a Marseille, il y a trouve son Eldorado. La famille a ete regroupee, et tout le monde est reste.
Aux memes moments, le noyau "Francais de souche" de la famille se formait, entre Charentes et Medoc.

Y en a-t-il, dans ce lot, qui sont meilleurs que d'autres?

Mes Francais de souche etaient reveches et travailleurs; mes Francais d'importation etaient joviaux et travailleurs: tous ont eleves enfants et petits-enfants dans le sens du respect, de l'autorite, de l'effort. Leurs familles ont prospere, n'ont jamais manque de rien, n'ont jamais rien pris qu'ils n'aient gagne dignement. Mes Francais de souche ont travaille durement pour le profit d'autres, et parmi mes Francais d'importation certains ont cree leur propre emploi et celui de dizaines d'autres. Car sans les napolitains, a Marseille, la peche ne serait rien.

Qui juge-t-on le plus "utile a la Nation"?

A mon tour je suis partie, me suis etablie, essaie de prosperer, d'etre utile a la Nation qui m'accueille, qui un jour sera inquiete mais en attendant, pour tout cela, m'ouvre les bras.

C'est pourquoi je me suis associee a la redaction du texte suivant.


Nous, les immigrés Français

Nous, immigrés Français en Irlande, nous avons la chance d'être accueillis dans un pays qui a ouvert largement ses portes à des travailleurs non seulement Européens mais de tous les pays du monde, sans aucune expérience de l'immigration. Nous n'avons pas été soumis à des tests de langue ou d'intelligence pour savoir si nous satisfaisions les critères ou quotas de notre pays d'accueil. L'ADN de nos enfants n'a pas été testé. En Irlande, immigré n'est pas synonyme de fraudeur ou de voleur d'emploi.

L'injustice des mesures sur l'immigration mises en place par le gouvernement Sarkozy nous révolte. L'immigration, loin d'une menace, est une chance pour l'avenir de la France. Ici, nous ne mangeons pas le pain des Irlandais, nous contribuons à sa production. Nos homologues immigrés en France apportent également jeunesse et dynamisme à notre population vieillissante.

L'Irlande met en place une série de tables rondes pour organiser au mieux l'intégration des immigrants. Toutes les parties concernées y contribuent : associations locales, éducateurs, syndicats, police, média ansi que des représentants des différentes nationalités. Inspirons-nous de cet exemple.

La gestion de l'immigration mérite mieux que des effets d'annonce à des fins électorales.


Lettre aux Députés Francais

En commentaires: la Lettre aux Députés Francais, redigee et signee par ceux qui se sont deja adresses aux senateurs (voir la
Lettre aux Senateurs ). Libre a vous de la reprendre, l'adapter, et l'adresser a vos elus locaux. Chaque voix compte !!

lundi 8 octobre 2007

Liberte, Legalite, Modernite: un combat acharne


Source: Check-List Le Monde, 8.10.07

Amendement ADN : pourquoi s’acharnent-ils ?

Le retour d’un courant inquiétant de la droite française : le déterminisme génétique. Par Jean-Pierre SUEUR, sénateur du Loiret, ancien ministre. Publie dans Liberation

Ce n’est pas le moindre mérite des longs débats parlementaires, comme celui qui a duré quatre heures au Sénat sur le seul «amendement ADN», que de révéler le fond des choses, le posé et le présupposé, le dit et le non dit. Car nul, au terme de ce débat, ne peut prétendre un instant que le dispositif laborieusement concocté par la majorité des sénateurs UMP pour sauver la présence dans le texte sur l’immigration de ces trois lettres emblématiques, ADN, ait quelque chance de s’appliquer.

Imaginons une demande de regroupement familial concernant un enfant vivant à mille ou deux mille kilomètres du consulat le plus proche en Afrique, en Asie, en Océanie (ce qui est une situation banale). Les autorités françaises, après avoir constaté les carences de l’état-civil, après avoir enquêté sur l’éventuelle «possession d’état», décideraient donc de faire procéder à un test ADN. Elles devraient en conséquence, selon le texte voté, saisir le tribunal de grande instance de Nantes, lequel devra procéder à des «investigations» (où ? comment ? avec quels moyens ? Investiguera- t-il sans envoyer personne sur place ?), puis tenir un débat contradictoire, avec, donc, le représentant de l’enfant, ou de ses représentants légaux - le père et la mère, alors que l’éventuel test ADN ne concernerait que la mère ! - qui sera nécessairement un avocat commis d’office (payé comment ?), qui ne connaîtra pas les personnes qu’il est censé défendre, ne les rencontrera pas (sinon, avec quels moyens ?), n’aura pas la possibilité de voir de près si l’état-civil, là-bas, est fiable ou pas, etc. Et ce n’est qu’un exemple des improvisations et contorsions juridiques auxquelles on s’est livré pour sauver l’amendement ADN.

D’où une question. Pourquoi cette obstination, cet acharnement, cette rage à le faire passer coûte que coûte ? La première réponse est évidente : tout recul sur le symbole ADN - fût-ce pour d’évidentes raisons éthiques ou pratiques - porterait préjudice à l’acte fondateur du pouvoir en place, à savoir le ralliement d’une part importante des électeurs du Front National au candidat de l’UMP. Mais il en est une seconde, qui tient au surgissement des fondamentaux d’une certaine droite. Je veux parler de la fascination génétique. Il n’y a pas si longtemps, le ministre de l’Intérieur de l’époque envisageait, à la suite du rapport Ginesti et d’un autre de l’Inserm, de «dépister» chez les enfants en bas âge les futurs délinquants, ce qui signifiait implicitement que la délinquance était inscrite dans les gènes.

Mais l’implicite devenait bientôt explicite lors du débat entre Michel Onfray et le candidat Sarkozy qui expliquait dans la revue Philosophie Magazine que la criminalité relevait de l’inné : «J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile.» On assiste aujourd’hui à la promotion d’une définition strictement génétique des liens familiaux, au rebours de toute notre tradition juridique.

Il y a derrière l’acharnement à faire passer l’amendement ADN, le retour de l’un des courants les plus inquiétants de la droite française : le déterminisme génétique, c’est la philosophie la plus conservatrice qui soit, c’est le contraire de l’humanisme, la négation de l’éducation et des capacités d’émancipation de chaque être humain.

vendredi 5 octobre 2007

Bon weekend

Certes les temps sont tourmentes, mais que cela ne nous empeche pas de passer un bon weekend. En passant a ceux qui en passent un mauvais... (ceux vivant dans la peur d'une expulsion, par exemple).




L'Homme doit seulement decouvrir qu'il est solidaire de tout le reste.
Theodore Monod, Reverence a la vie.



Photo: County Kerry, face aux Blaskets Islands

Colere d'une immigree

"Non seulement l'amendement ADN est discriminatoire, puisqu'il définit la filiation différemment selon que l'on est français ou étranger, mais il s'inscrit dans une logique plus large de racialisation de l'immigration, et en même temps de la nation française" Eric Fassin, dans Le Monde, 6.10.2007.

RIEN N'EST ENCORE FAIT, ceci n'est qu'une etape dans un long processus:


Le Sénat adopte le texte sur l'immigration avec des tests ADN
Reuters 05.10.07 12h57

PARIS (Reuters) - Les critiques sont d'autant plus vives que les sénateurs ont validé une autre mesure combattue par les défenseurs des droits de l'homme : l'interdiction d'accès aux centres d'hébergement d'urgence pour les sans-papiers.
Jeudi, le Comité consultatif national d'éthique a estimé dans un avis très critique que l'article sur les test ADN était "en contradiction avec l'esprit de la loi."
Le gouvernement ayant demandé l'urgence, une commission mixte paritaire (CMP) sera convoquée le 16 octobre au Sénat. La CMP, où la droite est majoritaire, devrait parvenir à un accord sur un texte commun aux deux assemblées qui sera soumis le 23 octobre aux députés et sénateurs pour son adoption définitive.
(...)
Dans un éditorial, le journal Le Monde daté du 6 octobre estime que les sénateurs, après les députés "ont fini d'esquisser le visage le plus inquiétant de la France" et qu'il y a "de la haine dans cette course à l'ADN."
"S'il advenait que ce texte soit maintenu au sortir de la commission mixte paritaire prévue le 16 octobre, alors il faudrait acter que notre pays a fait litière de son histoire et de sa géographie au détriment des étrangers", écrit-il.
L'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a estimé pour sa part que le gouvernement voulait à tout prix faire passer cette nouvelle loi pour masquer ses difficultés économiques et sociales.
"Ce qu'a voulu le gouvernement (...) c'est qu'on pose comme principe - moi je mets les pieds dans le plat - qu'au fond l'immigrant c'est un délinquant potentiel", a-t-il dit.
Laurent Fabius a jugé "absurde" la disposition privant les étrangers en situation irrégulière d'hébergement d'urgence.
"C'est le produit de toute une série de lois, quatre en quatre ans. Ce qui prouve que ce que recherche la droite, ce n'est pas de traiter la question, c'est d'utiliser ça comme une espèce de bouton qu'on gratte", a-t-il dit sur LCI.
L'association Terre d'Asile regrette à propos des tests ADN l'adoption d'un amendement "instaurant la possibilité d'un référentiel ethno-racial."
Mais elle approuve d'autres dispositions votées par le Sénat, comme sa décision de porter à 48 heures le délai de recours pour les étrangers ayant fait l'objet d'un refus d'entrée sur le territoire ou la restauration du délai de recours d'un mois pour les demandeurs d'asile rejetés de leur demande.



L'ACTION DOIT CONTINUER, car la question merite un debat pas encore clot

La prochaine action qui sera relayee ici sera un courrier adresse a la Commision Paritaire Mixte (voir la Lettre aux Deputes Francais publiee le 15.10.07) ).
D'autres ajouts "humains" (qui sont le remaquillage d'amendememts precedemment rejetes) seront proposes par M. Hortefeux au Senat et a l'Assemblee, selon cette procedure extraordinaire prevue par la loi pour faciliter les debats sur un dossier crucial et que M. Sarkozy va utiliser pour s'assurer une adoption express de la Loi et une reflexion minimum sur ses implications.
Toutes suggestions pour la propositions d'actions alternatives a une "maitrise de l'immigration" motivee par de seuls fondements ethnicistes contraires au Droit Francais sont les bienvenues.

Le refus de la Loi proposee ne tient en aucun cas d'un "laxisme gauchiste" aveugle et inconscient.

Rappelons que l'Union Europeenne s'apprete a ouvrir ses frontieres massivement aux migrants qualifies et non qualifies afin d'assurer le renouvellement des generations et la dynamique economique de pays vieillissants, dont la France, qui le fera aussi, qui formeront les bataillons de souillons qui se chargeront des metiers penibles a basse remuneration grace auxquelles la machine a payer les retraites de l'electorat sarkozyste pourra fonctionner. La loi actuelle va a l'encontre des fondements de la Republiques et des besoins economiques de notre pays, et ne pourra etre appliquee que dans un contexte purement discriminatoire et contre-productif.

mercredi 3 octobre 2007

Vive la Resistance ! ou les hoquets de l'Histoire

LA FRANCE D'APRES a-t-elle deja change? Ou bien est-elle simplement fidele a celle qu'elle a toujours ete....

Ces Français qui entrent en résistance

Marie Pascale (un pseudonyme), la trentaine, est fière de ses origines aristocratiques et de sa foi catholique et vit dans un quartier chic de l'Est parisien. Sa famille était probablement "du côté de la collaboration" sous Vichy, mais elle dit s'être inspirée de ces Français qui avaient caché des enfants juifs pendant l'Occupation. Avec son mari, et ses trois enfants, elle a recueilli deux jeunes Africains sans-papiers, parce qu'il leur était plus simple d'être anonymes en banlieue parisienne que dans la ville de province d'où ils venaient. Et que c'était leur seul moyen d'éviter, ainsi qu'à leurs parents, d'être expulsés. "Je ne suis pas une experte des activités clandestines. J'ai dû apprendre rapidement." Elle a ainsi interdit aux deux réfugiés d'utiliser la messagerie instantanée, pour leur éviter d'être repérés, et fait croire à son entourage qu'ils leur avaient été confiés par des missionnaires. Alors qu'1/3 des Français se dit "raciste", le Guardian, qui titre "Vive la résistance", se penche sur ces Français qui luttent contre la "chasse aux étrangers" lancée par Nicolas Sarkozy.
Source: Check-List Le Monde, 3/10/2007

UNE IMAGE DESASTREUSE A L'ETRANGER

France, the Crackdown. in The Guardian, 3.10.2007


What it takes to be accepted in France is a central question as the country struggles to keep up with the frenetic first months of Sarkozy's presidency. The nation that once openly welcomed foreigners - and in the 1930s had proportionally more immigrants than the US - is facing awkward questions not just about its sans papiers, but about its colonial history and the place of French citizens descended from immigrants.
(...)
After concerns from even those close to him, such as the Auschwitz survivor Simone Veil, Sarkozy lengthened the name of his ministry to "immigration, integration, national identity and co-development". But more than 200 historians, academics and intellectuals from around the world, including Britain and the US, signed a petition protesting against it. Eight French historians opposed to the ministry walked out of a project to create France's first museum of immigration, which opens next week.
(...)
"All French people with foreign roots, even a few generations back, should go on strike for a day," he suggests. "The whole country would shut down, even the president couldn't work."
(...)
Sarkozy points out that he is the first French president to be "the mere son of an immigrant", as he puts it. His father is a minor Hungarian aristocrat who left for France in the 1940s before the iron curtain closed, and later became an advertising guru. Sarkozy's maternal grandfather was a Jewish doctor from the Greek city of Salonica. The president has complained about the burden of a foreign-sounding name. His wife Cécilia is Paris-born but boasts that she has not a drop of French blood: she is half-Spanish, half Russian-Romanian.
(...)
But in practice, the nation is not colour-blind. When France's black associations held their first annual meeting last year, American civil rights activists toured the run-down suburban housing estates and said discrimination reminded them of life in the US in the 1950s. One survey this summer found that three out of four companies preferred white to non-white workers. Black French students with African names have been advised to change their name to something "more French" when applying for jobs. Discrimination has reached such a level that last year the government decreed that companies with more than 50 employees should use anonymous CVs for recruitment.
(...)
Hamadi Diallo, 22, stood at a bus stop. He said he was proud to be French. His parents arrived from Mali in the 1960s, his father worked packing TV sets in Darty, the French equivalent of Argos. "My parents taught us to work hard," he says. "I'm lucky - I was only unemployed for a year before I got a job in a garage. My sister has two diplomas in public administration but can only get work in McDonald's."


Voir aussi: du cynisme au ridicule, Les elites economiques victimes inattendues du projet de loi sur l'immigration (mais pour eux on peut toujours s'arranger), Le Monde, 2.10.07



SIGNEZ LA LETTRE AUX SENATEURS !! pendant qu'ils examinent le texte de loi sur l'immigration. La voici telle que publiee par Liberation aujourd'hui:

Nous, Francais de l'Etranger....

Nous sommes des citoyens français résidant à l’étranger et sommes choqués par l’amendement Mariani, contraire aux principes de notre droit établissant que la filiation est basée sur la reconnaissance, et non sur des critères purement biologiques. Il nie l’évolution des familles contemporaines, liées fréquemment par d’autres liens que ceux du sang et ayant droit à la dénomination de «famille» vivant ensemble.

Accepteriez-vous que, nous, Français résidant à l’étranger, donc immigrés dans leur pays hôte, subissions de telles dispositions ? Même si nous ne sommes pas directement concernés par la loi, nous refusons qu’elle soit appliquée à des étrangers qui travaillent légalement en France, participent à la vie de notre pays et sont désireux d’y faire venir leur famille ! Outre cet amendement, tout le projet de loi donne la vision d’une politique d’immigration uniquement préoccupée par des calculs de politique intérieure. Notamment, par exemple, en faisant passer l’Ofpra [Office français de protection des réfugiés et apatrides, ndlr] de la tutelle du ministre des Affaires étrangères vers le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Ce changement de tutelle risque de faire basculer la décision d’octroi du statut de réfugié en fonction de considérations intérieures et non plus en fonction du danger encouru par le demandeur d’asile dans le pays d’origine. L’adoption d’une telle disposition entraînerait une dénaturation du droit d’asile.
Nous savons qu’une politique de maîtrise des flux migratoires doit se comprendre dans une vision internationale qui prend en compte et agit sur les terribles inégalités de développement et de conditions sociales au niveau mondial. Nous, citoyens français résidant à l’étranger, portons là où nous sommes l’image d’une France républicaine, représentant aux yeux du monde l’idée même de liberté, d’égalité et de fraternité. Pour toutes ces raisons nous vous demandons, mesdames et messieurs les sénatrices et sénateurs, de vous prononcer pour le rejet de ce projet de loi.

Lisez le texte integral de cette Lettre poste en Commentaire.
Le mandat des Senateurs representant les Francais a l'Etranger concerne toutes et tous les Francais-es expatrie-es et migrants, actuels, passes ou potentiels.


LA SARKOSIE EN V.O. Ca se dit pres de chez vous...

Ces Francais qui se lachent, et ceux qui se fachent

"Et encore ! il y a aussi les Français en France !! Exemple : candidature d'une Française originaire des Antilles, écartée car... ben voyons ! les "clients" n'aimeraient pas avoir affaire à une "black" au bureau... (en l'occurence, le mien !) et on te prend à témoin en plus... "vous savez comment ils sont...".Mais le pire (oui, ya pire) tu sais pas quoi ? Voyant que tu fais la tronche, ben oui, moi fille d'immigrés... elle appuie en trouvant une argumentation de choc et un amalgame surprenant : "vous vous souvenez de cette stagiaire que nous avions... Samia... au moment du ramadam... eh bien les clients...". Par respect pour toi et nous tous à la tête bigarrée, je te passerai la suite...Eh oui, ça s'est passé dans mon propre bureau... c'est à dégueuler non ? parce que, en fait, à chier c'est plus la bonne expression, je me sens constipée !
(....)
Peut-être que j'aurais quand même droit au bonheur finalement... ma patronne, celle qui... (tu m'as compris), dans l'impossibilité morale où elle se trouve de donner leur chance professionnelle à des blacks... commence à se demander si elle ne va pas nous repasser aux 40 heures ! nous les bien-blancs ! Je crois que je vais finir par lui dire que mon père n'était pas franchement Italien, mais un peu plus au sud ! morte de rire... (j'ai les dents qui grincent).
Si ta pétition est destinée uniquement aux Français expatriés, mets-moi quand même sur la liste... tu inscriras en face que je vis sur la Lune !"

Signe: ma tantine (qui doit faire gaffe a ne pas trop bronzer l'ete sur sa Cote d'Azur).


REVEILLONS-NOUS !!

Pour aposer votre signature au bas de notre Lettre aux Senateurs: ici-meme en commentaires et/ou a cafe_waterford@yahoo.fr - nom, prenom et pays de residence. Des mises a jours regulieres sont envoyees a ces Messieurs et Dames pour leur montrer l'ampleur des inquietudes et la croissance de la mobilisation.

N'oubliez pas de signer la petition de Charlie Hebdo-SOS Racisme et joignez vos noms a ceux d'Amelie Nothomb, Michel Rocard, Francois Bayrou ou meme Dominique de Villepin!
".... Depuis que Nicolas Sarkozy a été élu, il n'a personne en face de lui. Il faut lui montrer que tout ne peut pas passer sans aucune opposition et avec un relais de sa communication. Cette pétition lui rappelle qu'il peut y avoir débat sur ses projets...."
Philippe Val - rédacteur en chef - Charlie hebdo - initiateur de la pétition.
Pour signer : http://www.touchepasamonadn.com/


Cette protestation n'a pas de couleur politique, parce qu'elle s'oppose a un acte indigne de la politique, elle tient de l'ethique, de l'humanite, et des principes fondateurs de la Republique Francaise, qu'on ne peut pas s'aroger le droit de fouler au pied ainsi, au nom d'un insuffisant 51% des suffrages car sans le soutien 5 membres du gouvernement et d'une partie des parlementaires de la majorite au pouvoir, qui pensent comme nous que la ligne jaune d'une certaine banalisation ne doit pas etre franchie (a nouveau, car souvenez-vous, la France d'Apres 1940...).

N'hesitez pas a transmettre cet article et la lettre, inciter a la signature, la prise de conscience et la mobilisation.


Une Lettre aux Deputes (voir post du 15.10.07) denoncant de nouveaux ajouts apportes par le Ministre de l'Immigration et de l'Identite Nationale qui persiste et signe, arrive bientot, que chacun pourra transmettre a ses elus locaux pour leur demander la plus ferme clairvoyance lors de l'examen en seance a l'Assemblee.
Mais inspire-es du texte ci-dessus, pourquoi ne pas prendre la plume spontanement...

lundi 1 octobre 2007

C'est triste un jour sans Rugby

Ambiance larmes et grisaille (Dingle)

Eh bien voila c'est termine: les Irlandais ont perdu au Rugby. La Golden Generation des O'Driscoll, O'Gara, Stringer, O'Connell, etc.. n'a pas reussi a entrer dans le deja epais livre d'Or des Legendes irlandaises comme celle qui a donne sa premiere Coupe du Monde a l'ile. Et pourtant on y croyait !! Un fighting spirit pareil, il y a encore 6 mois, c'etait inedit !

Et puis, comme en economie, la bulle a commence a se degonfler... et le mal traditionnel irlandais a repris le dessus: le manque de confiance. On lui a jadis mis sur le dos le suicide economique et social de la Nation; on a recemment commence a s'en servir pour expliquer la surchauffe disant que les irlandais n'etaient pas habitues au succes, et l'exces n'etait que pur produit de l'inexperience dans le domaine. C'est peut-etre aussi un peu ce qui s'est passe en Rugby. Surchauffe, surentrainement, ne pas avoir su s'arreter a temps pour souffler un peu, et se reconcentrer sur ses objectifs. Mauvaise tactique. C'est la premiere fois que l'Irlande n'atteint pas les Quarts de Finale de la Coupe du Monde! Est-ce que la chute economique sera aussi dure, elle aussi?

Ici les emotions touchent la Nation toute entiere avec la meme, ou presque, intensite. Rares sont les heretiques qui ne partagent pas les bonheurs, ou les malheurs, sportifs. C'est donc une Soupe a la Grimace geante digne du Guinness des Records a laquelle sont confronte-es les traitres: ceux et celles qui ne s'interessent pas au sport, et les etrangers, ces bouc emissaires sur qui il est si facile de taper - n'est-ce pas la Sarkosie? Il en est qui ont la vie plus dure que d'autres, qui doivent marcher la tete basse dans la rue, presenter des excuses, ou presque; bien que, fair play, on se forc a rendre hommage a leur attachement bien naturel a leur Nation, meme si elle a fait le malheur direct du XV du Trefle ces derniers jours. Il n'est pas tres confortable d'etre natif d'un pays qui s'est qualifie pour les Quarts de Finale de la Coupe du Monde en ce triste et morne Lundi de deuil. On nous envie, on nous jalouse, on nous montre du doigt. "regardez-les, eux, qui ont une equipe qui sait jouer", soupconne-es de se la jouer, tout court, malgre les profils bas ("euh... non, j'vous jure, je joue a rien du tout, surtout pas en Rugby").

Dans mon cas j'ai beau insister: "Mais puisque je vous dis que je veux que la France perde ! Je veux pas qu'il recupere la victoire, Sarkozy ! Je veux que les All Blacks les coupe en petits morceaux peuchere eux tant pis les joueurs innocents mais c'est pour la bonne cause !" - l'exces de modestie ne prend pas. "Et puis d'abord je viens de Marseille on sait meme pas comment ca se joue, le Rugby. On regarde la tele et on crie Vive l'Irlande!, c'est tout ce qu'on fait, promis jure" - nobless oblige, certes, mais y'a des limites. Alors maintenant que je suis sur place... "Puisque je vous dis que je suis pour vous ! Que je souffre avec vous !" - suspiscion... qu'est-ce que ca cache cet engouement contre nature? ces effusions trop pressantes? qu'est-ce que je leur veux a la fin? Il est des integrations pas faciles, parole d'immigree !

Mais tout ca n'est pas bien dramatique. Rien ne l'est, ici. Le sourire va revenir bientot. Et tout finira en chansons avec de la biere et des copains. Comme dans Asterix (ca n'a guere change depuis, le monde celtique...). Et tres vite. Genre Samedi. A Dublin. Devant du Rugby. Fair Play oblige, sens de la fete jamais altere, toutes les excuses sont bonnes pour une pinte ou deux, ou six, voire huit ou neuf si on arrive au Pub assez tot... la Coupe du Monde continue, non? On va tout de meme pas se laisser abattre et laisser passer une occasion de boire ! Quoi de mieux que de regarder des beaux matchs en etant neutre? En se faisant la gueule bien noire sans se soucier de rester un peu clair pour compter les points? Le Paradis sur terre ! Comme un petit canard dans l'eau.


Kilarney National Park, Kerry