lundi 24 décembre 2007

Nollaig shona agus Athbhliain faoi mhaise dhaoibh go léir

Best wishes for a peaceful Christmas and a Happy New Year.


Une pensee pour ceux qui ont faim, ou froid, ou se sentiront seuls quand nous ripaillerons.
Et un geste aussi, quand on peut.

Christmas cards


Dans les deux semaines précédant Noël la tradition veut qu'on envoie et reçoive des Christmas Card, au mieux une par relation familiale, amicale, et professionnelle. Il est de bon ton de souhaiter un Joyeux Noël et, tant qu'on y est, une Bonne et heureuse Nouvelle Année avant le Jour J.

Les Christmas Cards sont une manne phénoménale pour les commerçants et les associations caritatives qui en vendent a leur profit et remportent un grand succès. Depuis quelques années la concurrence d'internet est rude. Le prix et les chiffres de vente se sont effondrés de moitié.

En tant que Francais-e on serait tenté-e, pour répondre, de garder le sympathique geste pour la nouvelle année, mais envoyer une carte de Meilleurs Voeux après les fêtes, ça serait tout simplement bizarroïde aux yeux des amis irlandais. A Rome....

On collectionne donc les Christmas cards qui arrivent par la poste ou sont laissées sur notre bureaux par les collègues les plus attentionnés, ou tout simplement tendues de la main à la main (ça, ça fait bizarre!). Elles décorent la maison: on commence par la cheminée, puis les étagères, et si on est très populaire la collection s'étend à plusieurs pièces, qu'on garde jusqu'au 1er de l'An.

Cette année beaucoup de e-Christmas cards, entre ceux trop feignants ou mal organisés pour passer deux ou trois heures à mi-décembre pour écrire et poster, et ceux conscients qu'une Carte de voeux c'est du papier, donc un arbre, etc.
La tradition ne nous a pourtant pas oubliés et le salon était bien douillet, réchauffé par ces petits gestes symbole d'amité (de la part de ceux dont on sait que ce n'est pas une gageure obligée :).

Christmas House


Chez les voisins


Chez nous





jeudi 20 décembre 2007

Christmassy Ted

Ted, Dougal, Ruud Gullit sitting on a shed, and an Advent Calendar.





Quelques pretres egares, plus ou moins involontairement... dans la section lingerie feminine d'un grand magasin. Father Ted organise la fuite discrete et perilleuse.
Les fans de Rome reconnaitront parmi la troupe Kevin McKidd alias Lucius Vorenus.


dimanche 16 décembre 2007

Fairytale of New York, the ultimate Irish Christmas song

La "Christmas song" irlandaise par excellence c'est Fairytale of New York des Pogues: l'histoire d'un coup de foudre un soir de Noel a New York, une relation vacillante et une grosse deprime un Noel suivant, sur fond de diaspora irlandaise, d'ambitions decues mais d'espoir intact. Les noms d'oiseaux volent mais la passion subsiste. Les irlandais sont les italiens du Nord. Mis en chanson, c'est culte.




Pour vos soirees karaoke:

It was Christmas Eve babe
In the drunk tank
An old man said to me, won't see another one
And then he sang a song
The Rare Old Mountain Dew
I turned my face away
And dreamed about you

Got on a lucky one
Came in eighteen to one
I've got a feeling
This year's for me and you
So happy Christmas
I love you baby
I can see a better time
When all our dreams come true

They've got cars big as bars
They've got rivers of gold
But the wind goes right through you
It's no place for the old
When you first took my hand
On a cold Christmas Eve
You promised me
Broadway was waiting for me

You were handsome
You were pretty
Queen of New York City
When the band finished playing
They howled out for more
Sinatra was swinging,
All the drunks they were singing
We kissed on a corner
Then danced through the night

The boys of the NYPD choir
Were singing "Galway Bay"
And the bells were ringing out
For Christmas day

You're a bum
You're a punk
You're an old slut on junk
Lying there almost dead on a drip in that bed
You scumbag, you maggot
You cheap lousy faggot
Happy Christmas your arse
I pray God it's our last

I could have been someone
Well so could anyone
You took my dreams from me
When I first found you
I kept them with me babe
I put them with my own
Can't make it all alone
I've built my dreams around you


Le secret d'une oeuvre culte c'est son universalite. Le dernier paragraphe est la quintessence de la poesie de Shane McGowan, et c'est aussi le scenario classique avec lequel on debute ou termine une dispute, notamment entre gens de deux pays:
- Tu as vole mes reves lorsque je t'ai trouve
- Je les ai la avec moi, je les ai mis avec les miens, je n'y arriverai pas seul, j'ai construit mes reves autour des tiens.
Ou quand on demande pour la "n"ieme fois, avec un sens mesure du drame (latinite oblige), un peu de consideration pour le "sacrifice" qui a ete fait en quittant un pays civilise avec TGV et Secu, retraite et service public, voire des etudes et une carriere pour venir dans cette ile, qu'on ne veut pourtant jamais plus quitter coute que coute... et que vient en reponse, en cadeau de Noel un peu particulier, une offre d'emigration, plus pres de "la maison", sur le continent, pour un petit moment, en gage de compromis et pour continuer (ensemble) l'aventure.

La suite de ce blog pourait donc etre Fairytale of Bruxelles, sans remettre en cause ce qui a ete commence ici. Mais ca, c'est une autre histoire... :)

Guinness Christmas Advert

Chaque annee elle revient, avec son habit d'hiver blanc plutot rare en Irlande, sa douceur nostalgique, et des images d'icones et de lieux familiers.


mercredi 12 décembre 2007

Droit au But sur RTE

Ce soir l'OM etait a l'honneur sur RTE. Pas seulement sur le cable, en catimini pendant que des matchs plus importants sur la scene europeenne retenaient l'attention de tout le monde. Non, sur RTE, en vedette, devant tout un tas de telespectateurs qui se demandaient si l'OM allait reiterer l'exploit, une nouvelle victoire sur son terrain, apres avoir battu et, il faut bien le dire, embarasse, voire humilie, Liverpool sur son terrain. Un privilege rare que peu d'equipes en Europe ont su ajouter a leur palmares.

Chaque irlandais qui s'interesse au foot est supporter d'une equipe anglaise, qu'il se choisit dans son enfance au hasard, vu que le foot irlandais, c'est pas ca... un peu "crap" voire carrement "hopeless", selon les sources. Liverpool compte bien entendu son lot de supporters irlandais, ce soir grossi d'une floppee de suporters occasionnels, solidarite geographique, "malgre tout", oblige, ou bien de curieux decide a etre neutres au nom d'un certain exotisme et de la cocacite du temps des affaires et de Tapie.

Une belle occasion de briller a travers le foot, comme on aime le faire a Marseille, vu qu'a part le soleil et Zidane on n'a pas grand chose pour briller aux yeux du monde. Rate. L'entree des joueurs etait belle et enthousiaste, coloree et en chansons, dans la pure tradition velodromienne. Puis en 2mn c'etait plie. Liverpool a gagne sans aucun effort. Ebarassant. Que dis-je, humiliant. A oublier. On oublie.

Carrement crap le foot francais.

lundi 3 décembre 2007

Ca sent le sapin... on The Late Late Show


C'est bientot Noel, et c'est pas forcement un cadeau.

Noel commence au lendemain d'Halloween, c'est etabli. Les boutiques sont alor pretes, des aout - septembre, les decorations font leur apparitions, les Peres Noels et les Rennes en plastique sont en ambuscade pres a degainer leurs sourires et leurs slogans.
Chez les bouchers on sort les traditionnelles pancartes "Commandez des a present vos dindes et vos jambons" (Order your Turkey & Ham now). Traditionnellement le 24 on fait bouillir, un jambon, qui finit gentiment de rotir pendant la messe de minuit. Au retour, petit Jesus est ne et on peut festoyer avec des sandwichs au jambon frais. Le lendemain, c'est la dinde qui passe au four.
Au supermarche, les offres promotionnelles et les petits timbres collection qui nous permettent d'aller passer des weekends a prix gentils dans de jolis B&B a la campagne c'est fini. Suspendus pendant le mois des courses en folie, evidemment. Il faut parcourir les rayons sous la torture de chants de Noel (Christmas Caroll) larmoyes par des groupes plus ou moins a la mode, et ce sont des voix enfantines qui accompagnent la frustration de se voir arracher par la caissiere 3 jours de salaire pour du pain et la bouteille de lait en 2L familial.

L'une des institutions du Noel irlandais, unique en son genre, c'est le Late Late Toy Show.

The Late Late Show est une emission de variete familiale populairissime qui reflete et fait l'Histoire de la television et des moeurs en Irlande depuis les annees 1960. Trois presentateurs seulement se sont succedes, des energumenes tres mielleux entre Foucault et Sabatier (les presentateurs, pas le philosophe et l'ecrivain, on en est loin...), en anglais on dit "cheesy", avec leurs air de gendre ideal.
Les stars irlandaises de la pop y font leurs debuts voire y passent encore (U2, Corrs, Cranberries / Dolores O'Riordan, Enya, Sinead O'Conor) et croisent sur le plateau des veterans de la folk comme Christy Moore, Shane Mac Gowan (Pogues), The Chieftains ou du Rock (Van Morrison, Horselips). Une sorte de Later with Jools Holland (BBC) plus sirupeux, entre Taratata et Sacree Soiree.
Le nom de l'emisison fait reference a son heure de passage: 23h, imaginez un peu si c'etait tard a l'epoque ou il fallait se lever pour la messe le dimanche matin ! Depuis la fin des annees 1990 c'est a la meme heure le vendredi soir.

1.3 millions de telespectateurs irlandais regardent le Late Late Toy Show, rendez-vous attendu chaque annee, une edition speciale debut Decembre pour presenter les nouveautes jeux et jouets et donner des idees aux enfants pour leurs listes a Santa, et aux parents, pardon, a Papa Noel, pour qu'il fasse de jolies surprises.
Temoin perpetuel de son epoque, le Toy Show a vu evoluer les produits presentes: de tres simples (un steak et une orange dans les annees 1960 diraient certains) a disons plus couteux et sophistiques ces dernieres annees, sans surprise.
Le Toy Show est une institution pour tous les Irlandais, petits et grands. On se passe la fievre de l'attente puis la magie du moment de generation en generation, et l'emission est un tendre souvenir pour quiconque a grandi dans ce pays. Il est des foyers ou la soiree du Toy Show est bookee... certains jeunes aiment rentrer chez eux pour le regarder en famille comme quand ils etaient petits. Heureusement, dans la Casa Cafe Waterford, l'Irish est trop occupe... et n'est pas tres fan de Pat Kenny de toute facon.

Je vous offre (genereusement) deux extraits de l'emission de ce weekend (c'est cheesy mais c'est joli), pour vous mettre en bouche pour Noel. A regarder avec une cup'a tea bien chaude a la main.





samedi 1 décembre 2007

La diversite a l'irlandaise

Le premier maire noir d'Irlande
LE MONDE 30.11.07 15h31 • Mis à jour le 30.11.07 15h31
DUBLIN ENVOYÉE SPÉCIALE


C'était il y a quinze ans à peine. Dans un bed & breakfast de la campagne d'Irlande, une vieille dame accueillait deux voyageuses. L'une d'elles avait la peau noire. La vieille Irlandaise, qui n'avait jamais rien vu de pareil sauf à la télévision, en fut toute désarçonnée. Soucieuse de bien faire, elle demanda en chuchotant à l'oreille de la jeune Blanche : "Qu'est-ce qu'elle mange ?"

Même décor, quinze ans après : le 28 juin 2007, Rotimi Adebari, nigérian, 43 ans, est élu maire de Portlaoise, une petite ville de 18 000 habitants en grande banlieue de Dublin. Le premier maire noir de l'histoire d'Irlande. Un événement inouï pour les vieilles dames des bed & breakfast comme pour la plupart des Irlandais qui, encore récemment, n'avaient jamais vu chez eux que des Blancs à taches de rousseur. Qui pouvait penser émigrer dans un pays rongé par la misère ? L'Irlande, on la quittait. La croissance fulgurante de l'économie, dans les années 1990, a soudain changé la donne. En 1997, une école secondaire de Dublin accueillait son premier élève non irlandais. Aujourd'hui, environ 14 % de la population d'Irlande est étrangère.

Les Nigérians, anglophones, sont parmi les premiers à immigrer dans l'île. Parmi les premiers, aussi, à s'engager en politique. "C'est une caractéristique irlandaise, constate Bryan Fanning, chercheur sur l'immigration à l'université de Dublin : les Africains y sont politiquement très actifs. Contrairement à la plupart des immigrés d'Europe, ils arrivent en Irlande avec l'idée d'y rester. Et contrairement à eux, ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les Irlandais. Outre le racisme, présent comme partout, ils doivent se battre pour mériter leur citoyenneté. Rotimi Adebari est un visage de la nouvelle Irlande."

Dans l'Irlande blonde, rousse, catholique et amatrice de Guinness, Rotimi Adebari est noir, protestant et peu porté sur les pubs. Il vous accueille gentiment entre deux rendez-vous, toujours pressé et peu bavard, le costume-cravate impeccable, le sourire poli. Il est à la mairie le matin, file à l'université de Dublin l'après-midi, où se trouve le bureau d'une des nombreuses organisations qu'il anime pour favoriser l'intégration et encourager le "dialogue interculturel". Il est attendu à Londres le lendemain et vous concède tout juste deux heures à la cantine de l'université, happé par son téléphone et les rendez-vous que lui rappelle sa secrétaire. A l'idée de parler de lui, il soupire. "Un journal m'a déjà pris en photo une fois, pourquoi recommencer ?"

Un jour de juillet 2000, Rotimi Adebari a quitté le Nigeria. Pas pour fuir une guerre civile qui avait pris fin en 1970, quand il était encore enfant. Ni en raison du régime politique, revenu peu ou prou à la démocratie après des années de dictature militaire. Pas à cause d'une pauvreté qui lui a été épargnée : son père était ingénieur dans une entreprise française de travaux publics et ce que l'Occident appelait le "choc pétrolier", au milieu des années 1970, résonnait en "boom économique" au Nigeria, grand producteur d'or noir.

Rotimi Adebari a demandé l'asile en Irlande mais s'il boite lourdement en portant son plateau de cantine, c'est moins la trace d'une ancienne opposition politique que celle d'un passé de joueur de haut niveau dans un sport d'élite. Une mauvaise chute a mis fin d'un coup à sa carrière tennistique alors qu'il concourait au niveau national. Elève exceptionnel, il avait étudié les sciences politiques et économiques, enseigné quelque temps l'économie, travaillé comme journaliste à la télévision... puis décidé de tout quitter.

Le visage si tranquille se crispe d'un coup, les doigts tapotent la table nerveusement. "Les raisons pour lesquelles j'ai quitté mon pays, lâche-t-il après un silence, renvoient à un passé sur lequel je n'ai pas envie de revenir. Mon père était musulman. Un vrai et solide musulman. En 1991, je me suis converti au christianisme - protestant ou catholique, nous ne faisons pas la distinction chez nous. Vous ne saurez pas ce que j'ai vécu. Disons, pour faire vite, que ma conversion n'a pas plu à mon père. Que la vie est devenue assez insupportable pour que je veuille m'en aller. Loin."

"Loin", ce sera l'Irlande. Un pays en plein développement qui attire les émigrants du monde entier. Au Nigeria, Rotimi Adebari et sa femme Ronke, chrétienne elle aussi, ont sympathisé avec un prêtre irlandais. "L'Irlande est le pays des mille bienvenues, leur promet-il. Les offres d'emploi pleuvent. Allez-y !" Avec leurs deux premiers enfants, ce jour de l'année 2000, Rotimi et Ronke atterrissent sur le tarmac de l'aéroport de Dublin.

Le pays des mille bienvenues commence par leur refuser le droit d'asile. La drôle d'histoire du premier maire noir d'Irlande débute ainsi, par son exclusion d'Irlande. La chance fait le reste. Il fait appel du jugement, sans grand espoir. Tout juste deux semaines avant l'expiration du délai, la femme de Rotimi met au monde leur troisième enfant. Or une loi nationale, qui n'existe plus depuis 2004, garantit alors la nationalité irlandaise aux enfants nés sur le sol irlandais et, pour les parents, le droit d'y résider. Comme la plupart des 25 000 Africains ayant émigré sur l'île depuis le milieu des années 1990, la famille de Rotimi Adebari en a bénéficié... in extremis. "Je comprends que les Irlandais aient mis fin à cette loi, dit doucement Rotimi Adebari. Mais si notre enfant était né deux semaines plus tard, où serions-nous aujourd'hui ? Où sont ceux qui n'ont pas eu ma chance ?"

Le maire de Portlaoise n'est pas irlandais mais "résident étranger", et en cette qualité autorisé par la loi à se présenter aux élections locales. Alors qu'il était encore demandeur d'asile, Rotimi Adebari avait regardé les annonces de maisons à louer. Le hasard l'avait envoyé dans cette petite ville dont il ne savait même pas prononcer le nom si gaélique (portliech). A peine arrivé, il s'est engagé au service de la communauté.

David Finane n'est pas près de l'oublier. En 2002, cet ancien chômeur s'était inscrit au Job's Club, dépendance de l'agence nationale pour l'emploi. Dans le groupe de demandeurs d'emploi était arrivé ce Noir élégant, le premier que David voyait en Irlande. La responsable de la formation venait de se casser une jambe et le petit groupe se retrouvait sans tuteur. "Nous étions tous désemparés, les bras ballants, raconte David, l'ancien compagnon de chômage. Rotimi a aussitôt pris les choses en main. Très calmement, il nous a proposé de nous réunir, de lire les journaux, d'étudier ensemble les annonces d'emploi et de tout mettre en commun. Il a fait venir au club des amis noirs, demandeurs d'asile. Il a invité des psychologues pour nous aider. Il nous a redonné un moral d'acier."

Quelques années plus tard, Rotimi Adebari rend visite à un conseiller municipal de la ville, Tom Jacob. "Il n'était pas familier du système politique irlandais, raconte celui-ci. Il m'a posé des tas de questions sur les lois et les partis, et comme je concourais en indépendant, il m'a proposé de faire campagne avec moi pour les municipales. Il voulait faire de l'intégration des minorités ethniques sa priorité, cela m'intéressait. Nous avons fait équipe."

A Portlaoise, on commençait à murmurer le nom de Rotimi Adebari. Il avait aidé les chômeurs, puis fondé une association d'aide à l'emploi, à l'époque peu lointaine où l'économie irlandaise était à l'agonie. Il animait déjà une émission hebdomadaire de débats de société sur une radio locale et commençait à donner dans le comté des conférences sur les échanges interculturels.

Chrétien fervent, protestant, on le voyait se rendre chaque dimanche au temple d'une ville voisine et éviter de fréquenter l'église évangélique de Portlaoise, dont le pasteur est nigérian, pour ne pas donner de lui une image communautariste. Certains lui étaient reconnaissants d'avoir changé positivement la perception des quelque 200 ou 300 Nigérians de la ville. "Il y avait un ressentiment à l'égard de cette communauté, raconte Tom Jacob. Ils n'étaient pas familiers de nos règles, doublaient tout le monde au supermarché ou au restaurant, n'envoyaient pas leurs enfants à l'école... Rotimi les a convaincus d'évoluer, de scolariser leurs enfants. Ils se sont mieux intégrés."

Le 28 juin 2007, quatre partis se partagent à la proportionnelle les 9 sièges du nouveau conseil municipal. Les deux candidats indépendants obtiennent 2 sièges. Issu d'une des parties représentées, le maire est désigné par rotation pour un an. Tom Jacob propose que Rotimi Adebari soit le premier de la législature : 3 votent contre, 6 votent pour. "Le fait que Rotimi Adebari soit à cette place est un signe que notre pays a enfin grandi", dit Tom Jacob.

A une centaine de kilomètres de Portlaoise, au Théâtre national de Dublin, le "signe" est déjà arrivé sur scène. L'écrivain irlandais Roddy Doyle et le Nigérian Bisi Adigun viennent d'y transposer The Playboy of the Western World, une pièce du répertoire irlandais du XIXe siècle. Pour la première fois, sous leur plume trempée dans le réel, le village rural de l'ouest de l'Irlande devient la banlieue ouest de Dublin. Et le fameux héros irlandais, un demandeur d'asile de bonne éducation... noir.

Marion Van Renterghem
Article paru dans l'édition du 01.12.07

mercredi 28 novembre 2007

Public Talk: Pierre Moscovici - Dublin, 3.12.2007

You are cordially invited to the public talk given by

Pierre Moscovici

former Minister for European Affairs

Dublin Institute of Technology, Aungier street, room 3067/3068 6pm • Monday 3 December.

His address will be followed by a debate:

“Is France back in Europe?” The international policies of Nicolas Sarkozy.



Photo: Oui, malgré tout, au mini traité européen, Desirs d'Avenir 17

dimanche 25 novembre 2007

Bete et mechant: alerte, il est fou !!

Certains lui ont accorde un Etat de Grace en Mai dernier, pourtant il est toujours le meme petit naim enerve qui pioche dans l'ideologie des autres pour se forger un semblant de programme rassembleur de qui voudra bien l'aimer, le suivre et l'aduler. Cela me rappelle quelque chose... 1933... une population troublee en mal de stabilite et de leadership... allez non, chassons ces pensees, pas nous, pas les Francais...... Notre Leader parle pourtant comme ce Bush qui met le monde a feu et a sang. Va-t-on supporter cela 5 ans?

Sarkozy et les musulmans, par Jean Quatremer "Coulisses de Bruxelles"

L’histoire se raconte dans les chancelleries européennes. Nicolas Sarkozy, recevant le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe anti-musulmane devant ses invités. Selon mes sources, le chef de l’Etat s’est lancé dans un monologue confus d’une vingtaine de minutes, « dans un langage très dur, très familier, choquant pour tout dire», contre le « trop grand nombre de musulmans présents en Europe » et leurs difficultés d’intégration. Il a aussi décrit de façon apocalyptique le « choc de civilisation » qui oppose les musulmans à l’occident. Le tout, manifestement, pour justifier son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’Union. Mais ses interlocuteurs, qui n’en sont toujours pas revenus, ne sont même pas sûrs de l’avoir bien compris, tant le discours était décousu et surtout hors de propos avec l'objet de ces rencontres, la préparation du Sommet de Lisbonne des 18 et 19 octobre. Ils en ont, en tout cas, retiré la désagréable sensation que Sarkozy, non seulement avait un sérieux problème avec les musulmans, mais avait du mal à maîtriser ses nerfs.
Cette idée du "choc des civilisations" a déjà été développée, de façon plus policée, par le chef de l'Etat, dans une indifférence assez étonnante, le 27 août dernier, dans son discours aux ambassadeurs. Il avait alors expliqué que le "premier défi, sans doute l'un des plus importants" auquel doit faire face la France est : "comment prévenir une confrontation entre l'Islam et l'Occident? Ce n'est pas la peine d'employer la langue de bois : cette confrontation est voulue par les groupes extrémistes tels qu'Al Qaeda qui rêvent d'instaurer, de l'Indonésie au Nigéria, un khalifat rejetant toute ouverture, toute modernité, toute idée même de diversité. Si ces forces devaient atteindre leur sinistre objectif, nul doute que le XXIe siècle serait pire encore que le précédent, pourtant marqué par un affrontement sans merci entre les idéologies". Pour Sarkozy, "nous aurions tort de sous estimer la possibilité" "d'une confrontation, entre l'Islam et l'Occident": "l'affaire des caricatures en a été un signe avant-coureur". Dès lors, la surprise de Bertie Ahern et de Fredrik Reinfeldt s'explique: ils n'avaient sans doute pas lu ces quelques lignes.

Quand Sarko passe apres Le Pen pour donner des lecons d'Europe a l'Irlande, et lui expliquer quoi faire avec les dispositions de sa Constitution, en l'occurence envisager de passer outre un referendum pour soumettre aux irlandais l'adoption de son precieux petit Traite Modificatif europeen (dit en France simplifie), cela ne plait pas beaucoup au quotidien numero un du pays, ou les journalistes ont encore un cerveau, et un sens de l'autnomie.

Sarkozy warns of referendum dangers
Jamie Smyth Honor Mahony in Brussels

France: French president Nicolas Sarkozy has told senior MEPs that referendums on the EU reform treaty were likely to be lost and could plunge Europe "into a long crisis".
At a private meeting with the leaders of the political groups in the European Parliament this week, Mr Sarkozy gave a blunt assessment of the danger of holding referendums to ratify EU treaties.

"A No could happen everywhere. There is a cleavage between the populations and the governments the French referendum was a catastrophe. But France was only ahead of other nations with its referendum. The French were not different," said Mr Sarkozy, according to a transcript published by an MEP present at the meeting.
Eurosceptic Jens Peter Bonde published Mr Sarkozy's comments at the "behind closed doors" meeting on his blog.
Fianna Fáil MEP Liam Aylward insisted last night that the referendum in Ireland on the treaty could be won. "If the Yes campaign is highly professional and visible selling the core message of the benefits of Irish membership of the EU, then the referendum can be won - but it must be very professional," he said.

Meanwhile a blog, Inside Brussels [Coulisses de Bruxelles, article ci-dessus], written by a veteran correspondent for French daily Libération, has reported that Taoiseach Bertie Ahern has been given an account of Mr Sarkozy's opposition to Turkey joining the EU. The blog suggests Mr Ahern, on September 21st, and two weeks later Swedish prime minister Fredrik Reinfeldt, were both subjected to a "veritable anti-Muslim diatribe" by the French leader.
Sources cited by the blog said Mr Sarkozy spoke in "very hard, very informal and altogether shocking" language about the "too great a number of Muslims in Europe". He also evoked the idea of a "clash of civilisations" between the West and the Muslim world.
The blog notes that neither Mr Ahern nor his Swedish counterpart were prepared for the "rambling" speech. Both leaders were expecting to discuss the rather less controversial issue of preparation for the EU leaders' summit in October.
© 2007 The Irish Times

France - Irlande: la Resistance aux multiples facettes

Le socialisme ce n'est pas qu'une bande d'elephants qui se crepent le chignon en temps d'election. C'est aussi des hommes et des femmes qui croient en la solidarite et y travaillent au quotidien.
Le salut de la France viendra-t-il d'ailleurs? En partie, je le crois: autres pratiques = nouvelles idees, autres lieux = nouvelles opportunites. Embarquement sur la planete Francais du Monde qui se bougent et n'ont pas encore completement laisse tomber leur "mere-patrie", surtout en temps de Sarkosie.


1. Les Senateurs PS des Francais du Monde ont su travailler avec leurs amis politiques et certains de leurs "ennemis" politiques traditionnels pour rendre inoperant le dispositif sur les tests ADN prevus par l'amendement Mariani: les tests de filiation en vue d'un regroupement familial ne pourront etre realises qu'en fonction de le legislation en vigueur dans le pays de la mere. Dans ces conditions, seuls des europeens sont concernes puisque des dispositions existent dans la plupart des 27 pays de l'UE, jamais appliquees, mais pas dans les pays d'Asie et surtout d'Afrique qui sont les premiers vises par les lois Hortefeux.
Au meme moment, l'Irlande annonce l'introduction d'un systeme de fichage des immigrants non-UE grace a leurs empreintes digitales, cedant a des considerations securitaires inedites dans un pays ou la carte d'identite est un concept enore peu compris. Mais on est encore loin des fouinages genetiques.


2. Pour un socialisme appliqué, ou une vrai opposition. Nadia, exilee economique et victime de la France des prejuges, veut donner a d'autres la chance que l'Irlande lui a creee.

Source: Helene Conway

"Face à la politique spectacle de Nicolas Sarkozy j'aimerais opposer la réalité du travail d'une élue locale. L'année dernière Nadia Hachina est arrivée en Irlande avec son bac +4 et une grande frustation de n'avoir pas pu trouver de travail en France. Nadia a grandi à Elbeuf près de Paris (76) et a été élévée dans un strict respect de l'Islam. Son père, ouvrier, a poussé tous ses enfants à faire des études afin qu'ils trouvent un emploi plus facilement. Malheureusement quand on a grandi dans le quartier Black et maghrébin d'Elbeuf il est difficile d'être embauché. Nadia est arrivée un jeudi à Dublin et a commencé à travailler le lundi suivant. Une équipe de France 2 a filmé son arrivée et ses débuts qui a fait l'objet d'un documentaire. J'ai rencontré Nadia à son arrivée puis l'ai retrouvée après son installation à Dublin.

Nadia a vite rejoint l'ADFE Irlande dont elle est aujourd'hui la trésorière et également la section PS. Nous travaillons beaucoup ensemble à l'animation de ces deux sections. L' interview que Nadia a donnée sur France Inter il y a quelques semaines a été l'élément déclencheur d'une idée de projet. Nous avons décidé de reproduire son exemple en organisant la venue d'un jeune de son quartier qui fera un stage en Irlande dans le cadre de sa formation. Nadia a eu l'accord de la mairie d'Elbeuf et du Président du Conseil général, Didier Marie, pour qu'une bourse soit allouée à ce projet. Le jeune suivra une formation linguistique avant son départ qui l'aidera à s'intégrer immédiatement dès son arrivée à Dublin. Je suis en train d'organiser le placement en entreprise. Notre objectif est de donner une expérience internationale aux jeunes du quartier d'où vient Nadia qui leur permettra, nous l'espérons, de trouver plus facilement un emploi sur la base de leur curriculum vitae et faire oublier aux employeurs le nom du quartier d'où ils viennent. Nadia a connu la même discrimination. Elle aimerait donner leur chance à ses camarades de lycée qui aujourd'hui trainent dans les rues ou qui, au mieux, décrochent de temps en temps un CDD. Elle a saisi l'opportunité qui se présentait. Elle ne pense pas que beaucoup aient le courage de quitter leur quartier. Cette expérience professionnelle, préparée et encadrée, peut les motiver à tenter leur chance."

La presse locale a publié un article que l'on peut trouver sur le site www.irlande-adfe.info

Les travaux ont commence ce samedi.

3. Destination réussite
L'Irlande intéresse la France. Pour en savoir plus, suivez ces liens.
Dossier Irlande : Vivre à l'étranger

lundi 19 novembre 2007

Beyond the obvious: Jameson

Y'a pas qu'la stout dans la vie. Y'a aussi le Whisky. Petites perles publicitaires de Jameson, actuellement sur nos ecrans.

Au dela de l'evidence = Beyond the obvious.





Guinness is good for you

Petite pause au Cafe ces derniers temps. Tres occupee, tres fatiguee, tres mal connectee a internet aussi (Eircom Broadband, thanks for nothing !).


Ca n'empeche pas les petites pauses, au contraire, qui aident a se requinquer. J'ai appris que la Guinness, et la Stout en general, est bourree de fer, exactement ce qu'il me faut en cure pour me remettre du surmenage de ces derniers temps. Guinness is good for you, dit le legendaire slogan. "Pint after work, everyday", disent les amis. Si vous aussi vous avez un petit coup de mou, vous savez ce qu'il vous faut. Etre sain de corps et d'esprit, c'est bon pour le moral :).

Petite sequence pub en hommage au breuvage dublinois, qui doit sa celebrite et sa popularite en majeure partie a une strategie marketing particulierement reussie. Les mini films sont de petits bijoux. Mini selection.


Il y a quelques temps je vous parlais du Pub de Tom Crean, le South Pole Inn qui se trouve en County Kerry. Voici la Pub que Guinness lui a consacre.




Sur le theme les meilleures choses arrivent a ceux qui savent attendre, ma preferee du moment, actuellement sur les ecrans:




Ma preferee de toutes, jusqu'a present:





L'une des plus celebres:




L'une des plus originales, sur le theme It's Alive Inside, actuellement sur les ecrans aussi:



Et enfin, ce qui fait tenir Guinness, la Fidelite:

lundi 5 novembre 2007

Un dimanche à Dublin avec Manu Chao

C’est pas tous les jours qu’on consacre son dimanche en Irlande à Manu Chao, et vice versa. C’est pourtant ce que nous avons fait hier.

Choc des cultures pour l’Irish, fan de l’Espagne hispanophile, mais piètre ignare en terme de Manu Chao. Opération réussie, et un fan de plus au compteur.

Nous avons fait ça en express, une fois n’est pas coutume nous avons décidé que nous avions trop de choses à faire sur Waterford pour réquisitionner un canapé et des copains pour aller boire sur Dublin le samedi soir. Départ donc de Waterford le dimanche en bus à 15h45, arrivée à Dublin City Centre a 19h05. Luas (tram). Phoenix Park 35mn de marche... Concert. Bus Spécial concert pour le Centre. Départ à 22h55, arrivée à Waterford 2h10.

Une foule inhabituelle s’était réunie dans le Phoenix Park, dans la pelouse voisine de celle de la résidence officielle de la Présidence de la République d’Irlande, et face à l’Ambassade des USA qui y jouit d’un certain privilège ; her soir celui de vibrer 1h30 au son altermondialiste le plus pur et doux :).

Welcome to Tijuana. Proxima estación.. ¡esperanza !

Le plus grand espace vert public d’Europe avait un air « continental » : une foule de « crusties » (bobo – baba cools), hispanique, francophone, européenne de l’Est aussi, et.. et... irlandaise un petit peu ! Un public d’Erasmus et d’expats, assurément. Ambiance Auberge Espagnole.

Environ 12 000 personnes, au pif, se pressaient sous une grante tente gigantesque dressée pour accueillir plusieurs concerts au parc ces jours-ci. La dernière superstar en date a été le Pape Jean-Paul II en 1979, qui a réuni 1 million de fans dès le petit jour, boosté la fertilité par un prêche efficace et de fait l’économie du Tigre Celtique...

Ambiance phénoménale toute la soirée. Manu Chao et son big band ont tout donné, nous, public adoré, aussi. Organisation impeccable. Pour des raisons de santé / sécurité, et par respect de la loi parce que de fait sous la tente le concert avait lieu « indoors » = à l’intérieur, il était interdit de... fumer. MDR !! Le pire c’est que les Security Guy ont vraiment fait la chasse aux fumeurs toute la soirée et dès que le concert a commencé mis à part quelques colonnes de fumée remarquables et vite réprimées, l’air était pur comme dans un Pub en fin de soirée. Un espace fumeur était gentiment réservé sur un coin de pelouse, et fumer l’herbe était toléré. Règles tâtillones certes mais rien de bien répressif au final. C’est l’Irlande quand même..... faudrait pas que tout foutte le camps !

Africano, Clandestino
Mexicano, Clandestino
Marijuana..... illegal !



vendredi 2 novembre 2007

Sarko Royale in Trinity


WHO
Paul Gillespie (Irish Times Foreign Editor)
Tony Connolly (RTE Europe Correspondent)
Professor Robert Elgie (Dublin City University)
Helene Conway (Parti Socialiste, Dublin)
Arnaud Clopin (UMP, Dublin)


WHERE
Dublin, Trinity College, Room 3069


WHEN
6.11.2007


WHAT
Bilan des Six Premiers Mois de la Sarkosie, Debat Public


WHY
Parce qu'il le vaut bien? Ou parce que les irlandais sont inquiets..... et se posent des questiosn auxquelles seuls des Francais peuvent apporter des reponses.....


Vous etes invites a assister et participer a ce debat, et soutenir Helene Conway qui est aussi entree dans la longue course de l'election senatoriale de 2008, pour essayer de renforcer le deja tres amaigri contre-pouvoir que rencontre notre Monarque de la Republique.

dimanche 28 octobre 2007

Waterford Arts Festival: France, Irlande et Revolution

Pour ceux qui sont sur Waterford, la semaine aura un gout de la maison.


Le French Film Festival, qui accompagne le foisonnant Waterford Arts Festival Imagine, commence ce soir avec La Vie en Rose, la vie de Piaf par Olivier Dahan.

Ensuite: Tell no one / Ne le dis a personne de Guillaume Canet, Battle of Algiers de Gillo Pontecorvo, Moliere de Laurent Tirard, et My best Friend / Mon meilleur ami de P. Leconte (J. Gayet, D. Auteuil, D. Boon).


Une jolie selection au nouveau cinema Storm qui s'ajoute a la profusion de peinture, photo, theatre, dance qui s'offre au public depuis le 26 octobre et jusqu'au 5 novembre dans les galleries, salles, restos et pubs de la ville.


Par exemple, Jim Fitzpatrick expose son travail photo a la Manifesto Gallery. Qui est-ce? L'auteur de l'une des images les plus emblematiques et les plus reconnaissables du XXe siecle: le portrait de Che Guevara qui s'etale desormais sous toutes les formes et toutes les couleurs sur des T-shirts et autre memorabilia revolutionnaire a travers le monde. Eh oui, le Che tenebreux et determinant regardant droit vers l'avenement du socialisme, c'est l'oeuvre d'un irlandais. Ils sont partout! A l'origine il y a une photo prise par un photographe cubain inconnu et oublie aujourd'hui. Jim s'en est servi pour creer un poster soulignant les traits et l'expression du Che en 1968. Parce que le Che est mort juste apres sa publication, parce que Jim l'avait rencontre, l'image est instantanement devenue icone; et parce que la photo de depart ne lui appartenait pas, Jim a libere le poster de tous droits de Copyright, et l'image s'est diffusee.

Interdite en Europe de l'Est car symbole de l'individualisme et de l'idealisme d'un heros au service de la liberte des peuples, plutot que recherchant l'adulation des foules et leur asservissement a une cause, l'image a egalement fait scandale en Irlande: a Dublin, la societe bien pensante harcele et attaque les boutiques qui osent vendre la photo de cet anarchiste rouge, tandis que des amis des arts defient les menaces et exposent fierement le travail de Jim.




And last but not least... le Che avait un aieul irlandais, debarque un jour en Amerique du Sud de son Mayo natal...

Avec la decouverte du continent americain, sept president etatsuniens dont Ford, Kennedy, Reagan et Clinton, et une part dans la fibre revolutionnaire du Che, les irlandais font l'Histoire...


As part of the Waterford Arts Festival, among a lot more, a selection of films for the French Film Festival all week in Storm cinemas, and exhibition of the work of Jim Fitzpatrick, author of the worlwide spread and famous portrait of Che Guevara.

lundi 22 octobre 2007

Taking our jobs and our women... I hear you're a racist now Father.

Je m'en vais a Dublin pour 24h de travaux forces, dans l'un des endroits symboles de la repression monarchique contre l'essor republicain, entre 1730 et 1920: Klimainham. La prison, Kilmainham Gaol, a connu quelques uns des episodes a la fois les plus tragiques et les plus heroiques de la rebellion jusqu'a l'independance.

Aujourd'hui la prison se visite, digne monument de l'Histoire, et le Royal Hospital est devenu centre de conferences et Musee d'Art Moderne, Irish Museum of Modern Art. Autre temps....

C'est donc presque par hasard, avec desinvolture et sans reellement avoir en tete la surcharge historique de ces lieux que nous lancerons (enfin eux, pas moi), en compagnie du Ministre des Finances et autres tetes bien remplies, les nouveaux programmes de financement de projets par l'Irlande et l'Union Europeenne, soit plusieurs centaines de millions d'euro au service d'une economie deja bien gonflee, grace a cette meme bourse communautaire qui a deja fortement contribue a la sortie du marasme d'un petit peuple rebelle jamais a cours de ressources. Ah oui, les temps ont bien change !

Je vous offre donc un interlude de detente, en compagnie du cultissime Father Ted. Dans cet episode Father Ted decouvre interloque la communaute chinoise avec qui il partageait sans le savoir sa minuscule ile. Novices dans le domaine immigration, Father Ted sombre bien malgre lui dans la maladresse raciste et le malentendu diplomatique, tandis que ses administres reagissent diversement a la nouvelle "foi" de leur directeur de conscience.
Ou la question de l'immigration et le debat integrationniste facon Father Ted.

Attention: 100000% Irish humour. Si vous ne saisissez pas.... c'est pas grave ! Degustez l'experience culturelle d'une Irlande d'un autre temps (pas si eloigne) caricaturee a l'extreme :).


dimanche 21 octobre 2007

Irlandia: Vive le pain des etrangers !

Le Tigre commence a s'essoufler, economiquement, mais aussi politiquement. L'Irlande est a la veille de nouveaux changements majeurs qui accompagneront le ralentissement economique. L'incroyable succes a ses bemols: une lutte financiere de tous les instants pour les familles irlandaises ou immigrees, une absence de services publics lourde de consequences sociales et environnementales, lacunes dans le domaine de la recherche et l'innovation qui s'ajoutent a une politique de basse fiscalite des entreprises (mais haute fiscalite des menages et la consommation) qui rend l'economie dependante du bon vouloir des investisseurs etrangers, qui desormais tournent le dos a un cout du travail trop eleve.

Irlandia ! Irlandia !
LE MONDE 20.10.07 15h18 • Mis à jour le 20.10.07 15h18

Cracovie, à Wroclaw, à Gdansk, à Lublin, le mot circule comme une traînée de poudre : "Irlandia ! Irlandia !" Pour les jeunes Polonais, l'Irlande a détrôné l'Amérique, et l'aéroport de Dublin les guichets d'Ellis Island. Avec la Grande-Bretagne, c'est un nouvel eldorado où les mènent les bus bondés et plusieurs vols directs par jour. "On dit que là-bas tout est mieux, raconte Yola Sobas, une Polonaise émigrée, elle, à Paris : le boulot bien payé, les belles maisons de trois pièces, tout ! Ça devient une blague en Pologne : quand tu es malade, on te dit que le médecin est parti en Irlande."

En Pologne, l'opposition libérale (PO) en fait un argument de campagne, à l'occasion des élections législatives du dimanche 21 octobre : à cause de la politique menée par les très conservateurs frères Kaczynski, scande-t-elle, 2 millions de Polonais sont partis travailler à l'étranger.
Les Irlandais, eux, n'en reviennent toujours pas. Depuis des siècles, ils s'étaient habitués à voir leurs enfants fuir pour survivre. Il y a encore dix ans, ils n'avaient quasiment jamais croisé un travailleur étranger. Aujourd'hui, 14 % de la main-d'oeuvre n'est pas irlandaise. En un temps record, au début des années 1990, cette terre d'émigration est devenue le "Tigre celte" où l'on immigre du monde entier. Et, depuis trois ans, les plus dynamiques d'entre eux ont pris le pas sur les autres : les Polonais.

Au centre de Dublin, le polonais est devenu la deuxième langue la plus parlée dans la rue. On ne peut quasiment pas rentrer dans un café, un hôtel ou un restaurant, sans y trouver une serveuse polonaise. On ne peut pas voir un immeuble en construction sans croiser un maçon polonais. Des magasins affichent des écriteaux en polonais. Il y a au moins quatre publications en polonais, un supplément en polonais dans un quotidien irlandais, des bars polonais et des épiceries polonaises, plutôt bon marché, où accourent les Irlandais saignés par la hausse du coût de la vie.

Aux quatre coins de l'Irlande, 28 prêtres ont été mandatés depuis Varsovie. Des messes en polonais ont lieu plusieurs fois par semaine, et plusieurs fois chaque dimanche, dans différentes églises pleines à craquer. St Audoen, à Dublin, est spécialement affectée aux Polonais. D'après les cartes de Sécurité sociale, ils sont 200 000 recensés en Irlande. Auxquels peuvent facilement s'ajouter, selon les autorités, une bonne centaine de milliers non déclarés. Autant dire une communauté visible, comparée aux 4,2 millions d'habitants de la petite République.

L'afflux s'est accéléré d'un coup en mai 2004 quand la Pologne, avec neuf autres pays, a fait son entrée dans l'Union européenne. L'Irlande est alors le seul Etat de l'Union, avec la Grande-Bretagne et la Suède, à accueillir ces ressortissants sur le marché de l'emploi sans conditions limitatives. L'extraordinaire boom économique irlandais fait le reste. Deuxième pays le plus riche d'Europe par habitant, après le Luxembourg, l'Irlande affiche le taux de chômage le plus bas (4,2 %), une croissance et une demande de main-d'oeuvre élevées, qui en font le point de chute rêvé.

A l'âge de 26 ans, Kasia Streg a fait le voyage. Originaire d'Opole, une ville plutôt aisée à proximité de la frontière allemande, elle a fait des études d'architecture à l'université de Wroclaw et a commencé à travailler dans une agence, pour un salaire mensuel de 1 500 zlotys (404 €). "Quand tu es diplômé en Pologne, tu te sens complexé, dit-elle. Tu te demandes toujours : qu'est-ce je vaudrais, à l'Ouest ?" Elle a voulu vérifier. Plusieurs de ses amis polonais avaient déjà émigré en Irlande.

En 2005, elle a envoyé son CV à deux agences, sur Internet. Le lendemain, les deux lui offraient un travail. Kasia Streg s'est installée dans la petite ville de Portlaoise, à une heure de route de Dublin. Grâce à son salaire (3 000 € nets par mois), et en partageant un logement avec deux compatriotes et une Chinoise, elle compte acheter deux appartements à Opole, qu'elle louera. Elle tentera l'aventure dans d'autres pays européens "où la météo est meilleure". Puis rentrera, un jour, en Pologne. " Avec les Irlandais, nous sommes faits pour nous entendre. Nous avons les mêmes valeurs, nous aimons boire une bière après le travail et regarder le foot à la télé."

Pour ces insulaires si peu habitués à la mixité, les Polonais sont des immigrés de rêve. Plutôt blonds aux yeux bleus, comme eux. Catholiques, presque plus qu'eux. Appréciant le whisky, au moins autant qu'eux. Ex-victimes de l'oppression des Russes et des Allemands, comme ils le furent des Anglais. Et leur rappelant, surtout, leur histoire personnelle : celle de leur misère et de leur tradition d'émigration.

Comble de perfection, c'est "l'élite" des Polonais qui émigre. Selon le ministère de la justice - bizarrement la seule autorité gouvernementale responsable de l'immigration -, les Polonais sont en moyenne plus qualifiés que les Irlandais. Anglophones, bons travailleurs, ils ne rechignent pas devant des tâches ne correspondant pas à leur niveau de qualification. La plupart sont jeunes, beaucoup viennent en célibataire avec l'intention de rentrer dans leur pays. Ces Polonais, si parfaits, l'Irlande s'en contenterait volontiers. Depuis 2004, le rejet des demandes d'asile a augmenté. Depuis cette année, un système de carte verte favorise les immigrants hautement qualifiés, et des restrictions à l'emploi sont imposées aux Bulgares et aux Roumains.

Mais la croissance s'essouffle naturellement (5 % aujourd'hui, après avoir atteint des sommets). L'industrie du bâtiment, creuset important de la main-d'oeuvre polonaise, est en déclin. Si, jusqu'ici, le chômage n'a pas augmenté, "il se pourrait que le travail commence à manquer tandis que le flux d'immigration, lui, continue sur sa lancée", prévoit Roger Fox, directeur à l'Autorité irlandaise pour la formation et l'emploi (FAS). Il est probable que les Polonais se concentreront encore davantage sur Londres, où les bras manqueront pour la préparation des Jeux olympiques.

Certains Irlandais commencent déjà à protester discrètement contre cette immigration massive. "Ils me rappellent ma jeunesse", note Philip, un "poseur de briques" à la retraite, accoudé au comptoir d'une taverne de Dublin. "A 20 ans, j'ai quitté mon pays, comme tous les Irlandais, pour être maçon à Londres. Comme tous les Irlandais, j'ai été sous-payé, j'ai vécu dans des chambres où même un chien refuserait d'entrer. Quand je vois les Polonais, je me vois. Ils croient qu'ils sont riches, mais ils n'économisent qu'en s'entassant à cinq ou six dans des chambres en sachant que c'est provisoire. Ils ne vivent pas dans le réel. Nos salaires baissent et le coût de la vie, lui, continue à monter. Ça ne me plaît pas."

A Sutton, une banlieue résidentielle du nord de Dublin, pas loin de la mer, Cezary Lukasik ne le contredirait pas. Lui aussi avait rêvé d'une "Irlandia" mythique, faite de revenus grandioses et de belles maisons. A Gdansk, au bord de la Baltique, il était serveur sur des bateaux de croisière et gagnait 600 € par mois, parfois 1 500 € en haute saison : "un bon salaire". En septembre 2004, il y a renoncé "pour travailler moins de 12 heures par jour, avoir une vie plus belle et économiser pour acheter une maison en Pologne".

A peine arrivé, il a trouvé un emploi dans un restaurant. Le patron le payait en dessous du minimum légal mais avec les pourboires, et en travaillant douze heures par jour, six jours sur sept, il amassait 2 000 € par mois. Le matin, il travaillait pour un quotidien d'information en polonais qu'il avait fondé en 2005 avec un autre immigré, StrefaEire. Celui-ci n'a pas survécu à la concurrence de Gazeta polska, le premier journal polonais en Irlande. Il y avait investi 20 000 €. Au bout de trois ans, Cezary a laissé tomber le restaurant. Il suit une formation en informatique. Pour s'y rendre, il doit marcher 6 km par jour : pas de quoi se payer une voiture, et les transports, comme toutes les infrastructures publiques, font défaut en Irlande.

Depuis son arrivée, le coût de la vie a augmenté. Dublin est devenue aussi chère que Londres. En travaillant le dimanche, la femme de Cezary gagne 1 700 € par mois en tant que serveuse. Ils ont une petite fille et louent une maison de quatre pièces, pour 1 400 €. Sur un calepin, Cezary tient ses comptes à la virgule près. Ce mois-ci, 157 € pour l'électricité, 125 € pour le gaz, 70 € pour le téléphone. Cette semaine, 185 € pour la crèche (il n'y en a aucune publique), 130 € pour la nourriture et la lessive, 7 € pour la poudre de lait, etc. Devenir informaticien, c'est sa dernière chance. "Je suis venu ici pour économiser. Or pour vivre normalement, dans une maison normale et en s'autorisant quelques sorties de temps en temps, on ne met rien de côté. Si je n'arrive pas à gagner 2 000 € avec des horaires humains, ça ne vaut pas le coup. Je rentrerai en Pologne."

Le Père Jaroslaw Maszkiewicz, chapelain de la communauté polonaise d'Irlande, l'entend souvent en confession : "Il y a une déception", dit-il. Beaucoup de ceux qui ont rêvé l'Irlande vont jusqu'à se retrouver à la rue. L'association pour sans abris Merchants Quay Ireland (MQI) doit secourir de plus en plus d'immigrés de l'Est (entre 50 et 70 par jour, majoritairement polonais). Le Père Maszkiewicz tente discrètement de faire passer aux fidèles le message du président Kaczynski : "La Pologne va bien, il faut revenir !"

Marion Van Renterghem
Article paru dans l'édition du 21.10.07

Et pourtant, l'Irlande a irremediablement change: de pays du tiers-monde a nation developpee, elle talonne le Luxembourg sur le podium des Etats de l'UE au niveau de vie le plus eleve. Les caisses de l'Etat sont pleines mais, de l'aveu meme des citoyens et gouvernants: il leur a fallu apprendre vite a gerer un succes qui peut-etre leur echappe deja, et il va falloir encore du temps pour apprendre a gerer a la fois la peur d'une chute cruelle et la gestion d'une manne inesperee. La generation de dirigeants actuelle a emerge en sortant un pays de la pauvrete, mais personne en Irlande n'a jamais appris a s'occuper de l'interet public sans s'en remettre a la Providence et le sauve qui peut individuel...

samedi 20 octobre 2007

France: Vive le pain des immigres !

Le jeune du mois de Ramadan s'est termine le 12 octobre. Il n'est plus l'heure de souhaiter Bon Ramadan ou Bonne Fete de L'Aid aux musulman-e-s reguliers ou de passage ici. Desolee... tres occupee ces derniers temps, pas mal de choses me sont sorties de l'esprit.

Non pas que le religieux soit fort et present chez moi.................

Non, mais comme Noel, que je n'observe qu'en tant que fete du regroupement familial (en tant qu'emigree, je pese mes mots), le mois de Ramadan et fete de l'Aid est habituellement un moment culturel fort pour moi a Marseille, et qui me manque un peu en Irlande.

La Fete de l'Aid, qui suit la rupture du jeune au dernier jour du mois, est un jour de fete pour qui a envie de s'y associer, et a la chance (oui, la chance) de vivre dans un quartier ou les habitants de culture musulmane vivent en nombre.

A l'ecole, c'etait un jour ou la plupart des eleves "manquaient", qui de bonne foi musulmane, qui s'inventant une alliance, voire un voisinnage, voire une observance du jeune par curiosite et solidarite, et profitaient de ce que l'absence aux cours ne "comptait pas". Car ce jour de fete etait tolere comme tel, et considere digne de traitement exceptionnel dans les etablissements de l'Ecole de la Republique que je frequentais, comme elle honore officiellement Noel, Paques et la Trinite.
Les classes quasi vides, les cours avaient un air de fin d'annee, on y travaillait serieusement mais certains profs s'autorisaient des digressions plus relaxantes.

Dans les rues, a moins que le Mistral rude et froid en l'hiver ne viennent tout gacher, les enfants courent vetus d'habits "du Dimanche" flambants neufs; les filles en bibliotheque rose, les garcons en complet veston. Les grands se retrouvent sur les palliers, les places, les halls d'immeubles et autour des fourneaux, apres le rituel des hommes amenant le mouton a l'abattoir...
Eh oui, le mouton est egorge... un vrai scandale lorsqu'on sait que la viande de ceux qui ne mangent pas Hallal provient evidemment d'animaux qui ne souffrent pas, ni physiquement, ni psychologiquement. Au fil de generations qui deja s'en lassent, ce rite peut-etre disparaitra.
A Marseille, l'equipement des abattoirs de la ville a toujours ete mis a disposition de qui souhaitait l'utiliser. Un systeme d'encadrement sanitaire plus strict a enfin ete mis en place ces dernieres annees. Seuls des bouchers de profession peuvent tuer le mouton, dans des conditions professionnelles, et non plus a la sauvette, en cachette, salement dans une salle de bain ou sur un balcon, parce qu'aucun autre lieu n'est disponible ou parce qu'aux abattoirs ceux capables d'improviser les gestes necessaires ne sont pas assez nombreux.

A la maison, il y avait donc couscous, pain et gateaux, arabes ou kabyles, au menu. Nous aussi, dans notre famille de "mangia spaghetti", on attendait l'Aid avec impatience! En un tel moment de partage par excellence, les victuailles faisaient le tour des familles et amis, de quartiers en quartiers.

La religion est beaucoup moins presente qu'on le "craint" chez les Francais de culture musulmane, pratiquants ou pas.
Un mariage, par exemple, est avant tout une affaire d'union entre deux personnes et leurs familles, l'occasion d'une fete phenomenale ou on ne compte pas le nombre de danses, chants, plats, cadeaux, et les references sont avant tout culturelles. Pas une seule foi le Coran n'est cite, comme la Bible ou le Code Civil peuvent l'etre ailleurs. Durant la fete, les maries et leurs proches portent des tenues traditionnelles qui rappellent les regions d'origine de leurs familles, et c'est la ceremonie d'union officialisee par l'apposition du henne sur les mains des epoux par la doyenne de leurs deux familles qui en est le clou. Une affaire de famille et de culture.
De meme, bien que plus religieux, le mois de Ramadan est dedie au rappel de la condition humaine, fragile, ephemere, par la sensation de faim, et de la necessite de partager, donner, savoir se defaire sans egoisme de quelque chose (argent, nourriture, objet) au profit de ses semblables, et surtout de moins bien lotis que soi, qu'on ne doit jamais oublier.
Le cynisme de l'achat d'un morceau de paradis par les plus croyants n'est bien entendu pas etranger a cette affaire.
Cependant, par le geste simple d'offrir et donner sourire aux levres, c'est le depassement des fontieres sociales, culturelles ou religieuses qui sont construites pour nous et bien malgre nous qui est celebre, sans y penser. Une assiette de couscous et quelques gateaux bien gras et bien sucres, voila qui rechauffe le ventre et le coeur, et peut aneantir toutes les rancoeurs qu'on peut nous inventer.

En Irlande, on s'est attache a faire l'effort d'en savoir un peu plus... Dans un pays de tradition catholique extremement stricte et centree sur Rome et ses enseignements, la tache est plus ardue qu'il n'y parait. C'est pourtant la curiosite pour ces "nouveaux irlandais" immigres tout recents qui l'a emporte.
Ainsi il y a des musulmans en Irlande? Voila qui est interessant....
Et ils ont une tradition appelee Ramadan qui les mobilise de facon etrange pendant un mois? Ok, on connait le jeune modere du mois de Careme, ca ne doit pas etre bien different.

Plutot que de prendre pour acquis, comme c'est trop souvent l'habitude ici, les experiences et opinions americaines ou britanniques sur le sujet, les irlandais en matiere culturelle et d'integration des nouveaux arrivants ont decide de s'en remettre a eux-memes.
Par ailleurs la douche froide des emeutes de novembre 2005 en France a revele a l'Irlande qu'aucun modele d'integration des immigre-es actuellement en place n'a fonctionne, que l'egalite republicaine proposee par la France n'etait qu'une fiction; qu'il convenait donc de se remonter les manches en toute humilite et mettre a contribution le chromosome d'Inventivite qui, lui, a donne de si beaux resultats jusqu'a present.
Ainsi les emissions d'actualite de radio les plus populaires (ici la radio est un medium d'expression a portee de tous, citoyens puissants et lambda reunis sur les ondes, donc prise et a ce titre bien plus important que la television), au niveau local et national (RTE, Today FM, Newstalk), ont donne la parole a des gens de confession ou culture musulmane d'origine africaine ou francaise, afin de leur permettre d'expliquer ce que ce rite signifie pour eux, mais aussi les eventuelles difficultes rencontrees pour son observance au sein de la societe irlandaise, toujours dans le but de souligner des couacs d'integration et ebaucher des solutions.

Cela n'empeche pas les autorites de renvoyer sans menagement des immigres originaire de pays hors Union Europenne, dont le dossier n'est pas a leur gout, dans une indifference citoyenne quasi generalisee et quelque peu choquante. Ceux qui restent, cependant, doivent etre traites avec respect, et on considere naturel de les aider a suporter le poids et faire face a la responsabilite de leur integration reussie.

Je souhaite que l'Irlande regarde du cote de Marseille, pour y etudier pourquoi lors des emeutes en 2005, ou des violences qui accompagnaient quasi traditionnellement les manifestations etudiantes avant ca, les incidents y ont ete mineurs et si peu nombreux en comparaison avec la situation nationale. Une lecon de multiculturalisme et d'anti-ghettoisation, certes pas l'oeuvre des actions en faveur de la "mixite sociale" de la municipalite UMP actuelle, qui ne sont que de vulgaires operations immobilieres d'expulsions de familles sans le sou du Centre Ville et d'installation de foyers ayant les moyens de payer des impots consequents dans les endroits attractifs de la ville, tel que les bords de mers traditionnellement ouvriers; mais bien le resultat naturel de la mixite des populations issues des migrations successives, de Gyptis et Protis il y a 2600 ans a nos jours. A Marseille, des bidonvilles, oui, dont le dernier a disparu dans les annees 1990 seulement, mais pas de Cite-dortoirs, parce que jamais la place n'a existe pour les construire. Le melange obligatoire et la necessite de communiquer, voila le secret.

A defaut d'etude, c'est par le bout artistique de la lorgnette culturelle que mon cinema de quartier (Garter Lane Arts Centre) s'est interesse a la communaute musulmane de France, en diffusant Indigenes "Days of Glory", et c'est par le bout touristique de cette meme lorgnette que The Irish Times s'est recemment interesse a Marseille, et que ses lecteurs ont goute la saveur locale en tant de Ramadan.

La "premiere ville africaine traversee par le Paris Dakar", comme disaient les Inconnus, est bien souvent fiere de l'etre !

Letter from Marseilles: The sun had hovered low, a teasing purple plate that eventually dipped into the Marseilles bay. Hungry crowds of Ramadan-observing Muslims emerge, taking nightfall as their cue to break their daylong fast. In homes all over France's second city, they devour couscous and tagines; in simple restaurants they choose steaming bowls of chorba and sip gold-embossed glasses of mint tea. Since morning in the streets off Rue Canebière and around Noailles, Arab butchers had sold halal meat; grocers had weighed out loose semoule and bakers had flicked soft paintbrushes over trays of honey-swimming makroud and baklava cakes to disperse a sticky plague of flies.
Chickens were purchased for eating that evening by many of the city's 200,000 people of North African origin.
By night, the quays on both sides of Marseilles's old port are home to a relaxed line of hotels, bars and restaurants, a far cry from the expected nautical mile of ruddy-faced sea shanty singers, wooden legs and anchor tattoos. The central port area exudes seaside calm, its waters a large marina for hundreds of vessels. (...)
in Reliving Dantès's inferno on a voyage to the Château d'If, by John Fleming.
The Irish Times, 12.10.2007

lundi 15 octobre 2007

Perles de Culture: la Résistance en délicatesse

Découverte d'un petit trésor du web:

Cher Monsieur le Président


Tous les quinze jours, pendant les cinq prochaines années, un écrivain adresse un livre au nouveau président de la République. Et lui dit pourquoi. Modeste et néanmoins joyeuse entreprise de résistance & consolation politico-littéraire.

Dernier courrier en date: Marcovaldo, par Hervé Le Tellier.

Essayez, c'est un régal !



Sur le sujet Resistance et Expression, voir les mises a jour sur
et

dimanche 14 octobre 2007

ADN et codéveloppement - Contribution

Danielle rentre de deux années passées au Niger. Point de vue d'une professionnelle du codéveloppement sur l'actualité de la "gestion de l'immigration".


Un point sur le codéveloppement

A l’heure où la nouvelle loi sur l’immigration et l’amendement Mariani – qui prévoit l’usage de tests ADN pour le regroupement familial - sont ardemment débattus, le débat sur l’immigration, l’intégration et l’asile est relancé de façon abrupte.
L’utilisation de l’ADN comme moyen de vérification des liens de parenté dans le cadre d’une demande de regroupement familial, constitue, au-delà de son caractère plus que critiquable sur le plan éthique, un moyen qui évince la réflexion, infiniment plus humaine et complexe sur les raisons et les mécanismes qui sont à l’origine des mouvements de population.
Dès lors, il est nécessaire de s’interroger sur les propositions et les initiatives qui mettent au centre de leur réflexion les causes des migrations et notamment la volonté des migrants (ou la nécessité ?) de quitter (pour des raisons économiques, politiques, …) leur pays d’origine.

Bien que les parcours des migrants s’inscrivent dans des logiques variées, la France, et l’Europe, de manière générale, apportent à la pression migratoire une réponse essentiellement sécuritaire. De fait, cette réponse est insuffisante car elle n’agit pas sur les causes profondes de la pression migratoire. Dès lors vient que la gestion des flux migratoires pousse à considérer la question du développement des pays d’origine des migrants.

Considéré à la fois comme un outil de développement et comme un instrument de régulation des flux migratoires, le codéveloppement est désormais au centre des débats en France.

Le codéveloppement désigne traditionnellement les actions des migrants au profit de leur pays d’origine. L’appui à ce type d’actions par les autorités françaises a été formalisé par la création de la mission interministérielle sur le codéveloppement, à la fin des années 1990. Le codéveloppement vise avant tout le continent africain, ce en raison de l’idée que la pression démographique du continent pourrait faire croître de manière significative l’émigration vers la France. Or, si l’on part de l’idée que l’émigration est la conséquence d’un « mal-développement » de l’Afrique, dès lors, la question des migrations rejoint celles des questions de développement.

Si le terme de co-développement s’est « popularisé », notamment lors de la campagne présidentielle en France, son utilisation ne recouvre pas toujours la même signification. Il est tour à tour entendu comme une forme de partenariat, de développement concerté avec les pays bénéficiaires, comme le point de rencontre et d’articulation entre les politiques de développement et les politiques de gestion des flux migratoires, voire comme une forme plus humaine d’accompagnement des retours de migrants dans leur pays d’origine.

Si l’appropriation de ce terme, par les politiques des pays d’immigration et d’émigration est certaine, les ambiguïtés concernant le sens et le contenu des politiques qui s’y réfèrent sont nombreuses, et il est donc nécessaire d’apporter des clarifications.
Dans sa version originelle, le co-développement s’appuie sur le constat de la forte mobilisation des migrants en faveur de leur pays d’origine. Développée dans les années 1960, cette mobilisation s’est progressivement structurée dans les années 1970 et 1980 avec l’appui d’organisations non gouvernementales.

Bien que l’on estime à plusieurs milliards d’euros annuels les montants ainsi transférés, ces flux sont très mal connus en raison de la part importante du secteur informel et de la faiblesse des appareils statistiques locaux. Toutefois, les évaluations de la Banque Mondiale indiquent qu'au niveau global, les transferts de fonds des migrants officiellement enregistrés ont atteint 199 milliards de dollars en 2005, sans compter les transactions informelles qui atteignent environ 50 % de cette somme. Soit une manne avoisinant les 300 milliards de dollars.
Par ces transferts, les migrants sont indéniablement des acteurs du développement de leur pays d’origine. Les réalisations dans les régions d’origine, parfois délaissées par leur Etat, sont visibles : équipements collectifs, soins médicaux et scolarisation des enfants sont largement financés par l’argent des migrants. Toutefois, ces transferts sont majoritairement destinés à la consommation privée des familles restées au pays et sont très faiblement tournés vers l’investissement.

Ce constat pose très clairement la question de la mobilisation de cette ressource comme part substantielle du financement du développement, et celle de la volonté réelle des gouvernements de ces pays à décourager cette immigration « rentable ».
Il questionne également le rôle à jouer par les bailleurs bilatéraux et internationaux, dont l’objectif est de favoriser ces transferts et de les soutenir par des co-financements afin de mieux les structurer et de mieux les orienter.

Jacques Ould-Aoudia, président de Migrations & Développement, considère le concept de co-développement dans une perspective d’action locale menée par des migrants et montre que, “aux côtés de l’aide publique au développement menée par les états et les organisations internationales, il existe un champ encore peu investi par les politiques d’aide qui concerne le développement local à dimension participative, prenant appui sur les logiques territoriales”. Selon la même logique, il propose aussi d’ “inverser la logique des bailleurs au Nord: non pas procéder par des appels d’offre selon des agendas élaborés au Nord loin des populations ‘bénéficiaires’, mais répondre aux propositions élaborées par les populations et les migrants”.

Le CCFD, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, rappelle que « le co-développement repose sur la capacité des migrants à circuler, à maîtriser à la fois le contexte de leur pays d'origine et les possibilités d'accéder aux ressources de leur pays d'accueil ».
Il implique donc
• les associations de migrants aujourd'hui désignées par la catégorie d'OSIM (les organisations de solidarité issues de l'immigration), qui aspirent parfois à jouer un rôle de transformation sociale de leur société d'origine ;
• les organisations du village, de la région, du pays d'origine pour orienter les ressources vers les besoins de développement ;
• les collectivités territoriales des pays de départ qui souhaitent contribuer à la définiion des objectifs de développement portées par les associations de migrants ;
• les associations du pays d'accueil capables de fournir un appui en termes de financements, de formation, de renforcement des capacités d'organisation, de formalisation d'un projet de développement ;
• les collectivités territoriales et les pouvoirs publics du pays d'accueil engagés dans cette forme de «jumelage» solidaire ;
• enfin, les institutions du pays d'accueil.

Constituant à la fois un nouvel outil de la solidarité internationale et un moyen d’intégration dans le pays d’accueil par la reconnaissance aux populations immigrées de leur rôle dans le développement de leur région d’origine, le co-développement, qui a pour spécificité de mobiliser “un éventail diversifié de canaux et un nombre élevé d’acteurs”, doit être soutenu par des politiques menées selon des approchés spécifiques et ne doivent, en aucun cas, constituer un ensemble uniforme.

Hélas, force est de constater que tous les acteurs concernés sont loin de partager cette conception du codéveloppement. Dans une communication le premier juin au quotidien français du 1er juin 2007, Brice Hortefeux, nouveau ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, présente ce qu’il entend par "codéveloppement". Selon lui, il s’agit de "donner aux États du Sud et à leurs ressortissants les moyens d’avoir confiance en eux-mêmes et de construire un avenir en dehors de l’émigration".

Si l’objectif semble louable, les moyens, eux, sont discutables. Concrètement, M. Hortefeux propose deux mesures :
- Assurer une meilleure allocation des transferts de fonds des migrants en France vers leur pays d’origine
- Renforcer l’aide au retour volontaire

Au vu de ces mesures, la volonté d’agir sur les causes de l’immigration en devient moins crédible. En effet, au vu de ces propositions, il n’est pas question d’augmenter le montant de l’aide au développement, mais bien plutôt d’imposer une utilisation des fonds transférés et de renvoyer chez eux ceux dont la présence sur le sol français est désormais jugée indésirable. De surcroît, la politique d’aide au retour volontaire, loin d’avoir fait ses preuves, suscite des tensions et suspicions réciproques, et des interrogations sur la frontière entre certaines formes d’encouragement (financières le plus souvent) et la contrainte pure et simple. Ce qui peut renforcer le sentiment souvent éprouvé par les étrangers, que, derrière les discours sur la coopération ou le développement, se cache la volonté de les voir partir.

A ce titre, le CCFD rappelle que « l'expérience montre que le co-développement ne remplace pas l'émigration. Il est illusoire de penser qu'il suffit de financer des projets au bénéfice des migrants, ou des candidats à l'émigration, pour tarir ou inverser les flux migratoires. Même s'il est fondamental d'offrir de leur alternative crédible, les facteurs qui favorisent la migratoire sont bien plus nombreux. La migration favorise le développement et le développement stimule la mobilité. Il est donc d'autant moins acceptable que le développement serve à « compenser » une politique anti-migratoire et répressive ».

Enfin, il y a lieu de s’interroger sur l’allocation de l’aide publique au développement - qui loin d’être répartie en fonction de critères purement objectifs et démontrant une réelle volonté de freiner les flux migratoires issus des pays où les actions de développement ont le plus besoin d’être soutenues - semble plus dictée par des intérêts géopolitiques peu médiatisés. Un exemple : il y a en France dix fois plus de Maliens que de Gabonais, mais le Gabon du président Omar Bongo reçoit par habitant dix fois plus d’aide que le Mali…

jeudi 11 octobre 2007

Pendant ce temps....



Photo prise recemment sur la riviere Shannon / on Shannon River recently

D'un immigre a une autre: Nous, immigres Francais

Si mon grand-pere avait du passer des tests de Francais, nous serions 20 personnes de moins dans ma famille. Si mon arriere-grand-pere avait du passer des tests de Francais, il n'y aurait pas de famille du tout.

Mon grand-pere a echoue en France comme prisonnier de guerre evade en 1942. Cache, nourri par la communaute italienne, il a appris le Francais en lisant le journal seul a la maison, et le soir chantait, en bon napolitain, pour payer ses repas. Puis il est sorti de son repere, n'y tenant plus, pour travailler, au grand jour, immigre clandestin, sans papier, puis avec des faux, et plusieurs noms, jusqu'a son mariage, sa regularisation.
Plus tot mon arriere-grand-pere etait arrive en France pour travailler plus, afin de gagner plus. La vie etait dure en Toscane, mais pas misereuse. Il voulait s'enrichir pour emmener sa famille aux Etats-Unis, mais en escale a Marseille, il y a trouve son Eldorado. La famille a ete regroupee, et tout le monde est reste.
Aux memes moments, le noyau "Francais de souche" de la famille se formait, entre Charentes et Medoc.

Y en a-t-il, dans ce lot, qui sont meilleurs que d'autres?

Mes Francais de souche etaient reveches et travailleurs; mes Francais d'importation etaient joviaux et travailleurs: tous ont eleves enfants et petits-enfants dans le sens du respect, de l'autorite, de l'effort. Leurs familles ont prospere, n'ont jamais manque de rien, n'ont jamais rien pris qu'ils n'aient gagne dignement. Mes Francais de souche ont travaille durement pour le profit d'autres, et parmi mes Francais d'importation certains ont cree leur propre emploi et celui de dizaines d'autres. Car sans les napolitains, a Marseille, la peche ne serait rien.

Qui juge-t-on le plus "utile a la Nation"?

A mon tour je suis partie, me suis etablie, essaie de prosperer, d'etre utile a la Nation qui m'accueille, qui un jour sera inquiete mais en attendant, pour tout cela, m'ouvre les bras.

C'est pourquoi je me suis associee a la redaction du texte suivant.


Nous, les immigrés Français

Nous, immigrés Français en Irlande, nous avons la chance d'être accueillis dans un pays qui a ouvert largement ses portes à des travailleurs non seulement Européens mais de tous les pays du monde, sans aucune expérience de l'immigration. Nous n'avons pas été soumis à des tests de langue ou d'intelligence pour savoir si nous satisfaisions les critères ou quotas de notre pays d'accueil. L'ADN de nos enfants n'a pas été testé. En Irlande, immigré n'est pas synonyme de fraudeur ou de voleur d'emploi.

L'injustice des mesures sur l'immigration mises en place par le gouvernement Sarkozy nous révolte. L'immigration, loin d'une menace, est une chance pour l'avenir de la France. Ici, nous ne mangeons pas le pain des Irlandais, nous contribuons à sa production. Nos homologues immigrés en France apportent également jeunesse et dynamisme à notre population vieillissante.

L'Irlande met en place une série de tables rondes pour organiser au mieux l'intégration des immigrants. Toutes les parties concernées y contribuent : associations locales, éducateurs, syndicats, police, média ansi que des représentants des différentes nationalités. Inspirons-nous de cet exemple.

La gestion de l'immigration mérite mieux que des effets d'annonce à des fins électorales.


Lettre aux Députés Francais

En commentaires: la Lettre aux Députés Francais, redigee et signee par ceux qui se sont deja adresses aux senateurs (voir la
Lettre aux Senateurs ). Libre a vous de la reprendre, l'adapter, et l'adresser a vos elus locaux. Chaque voix compte !!

lundi 8 octobre 2007

Liberte, Legalite, Modernite: un combat acharne


Source: Check-List Le Monde, 8.10.07

Amendement ADN : pourquoi s’acharnent-ils ?

Le retour d’un courant inquiétant de la droite française : le déterminisme génétique. Par Jean-Pierre SUEUR, sénateur du Loiret, ancien ministre. Publie dans Liberation

Ce n’est pas le moindre mérite des longs débats parlementaires, comme celui qui a duré quatre heures au Sénat sur le seul «amendement ADN», que de révéler le fond des choses, le posé et le présupposé, le dit et le non dit. Car nul, au terme de ce débat, ne peut prétendre un instant que le dispositif laborieusement concocté par la majorité des sénateurs UMP pour sauver la présence dans le texte sur l’immigration de ces trois lettres emblématiques, ADN, ait quelque chance de s’appliquer.

Imaginons une demande de regroupement familial concernant un enfant vivant à mille ou deux mille kilomètres du consulat le plus proche en Afrique, en Asie, en Océanie (ce qui est une situation banale). Les autorités françaises, après avoir constaté les carences de l’état-civil, après avoir enquêté sur l’éventuelle «possession d’état», décideraient donc de faire procéder à un test ADN. Elles devraient en conséquence, selon le texte voté, saisir le tribunal de grande instance de Nantes, lequel devra procéder à des «investigations» (où ? comment ? avec quels moyens ? Investiguera- t-il sans envoyer personne sur place ?), puis tenir un débat contradictoire, avec, donc, le représentant de l’enfant, ou de ses représentants légaux - le père et la mère, alors que l’éventuel test ADN ne concernerait que la mère ! - qui sera nécessairement un avocat commis d’office (payé comment ?), qui ne connaîtra pas les personnes qu’il est censé défendre, ne les rencontrera pas (sinon, avec quels moyens ?), n’aura pas la possibilité de voir de près si l’état-civil, là-bas, est fiable ou pas, etc. Et ce n’est qu’un exemple des improvisations et contorsions juridiques auxquelles on s’est livré pour sauver l’amendement ADN.

D’où une question. Pourquoi cette obstination, cet acharnement, cette rage à le faire passer coûte que coûte ? La première réponse est évidente : tout recul sur le symbole ADN - fût-ce pour d’évidentes raisons éthiques ou pratiques - porterait préjudice à l’acte fondateur du pouvoir en place, à savoir le ralliement d’une part importante des électeurs du Front National au candidat de l’UMP. Mais il en est une seconde, qui tient au surgissement des fondamentaux d’une certaine droite. Je veux parler de la fascination génétique. Il n’y a pas si longtemps, le ministre de l’Intérieur de l’époque envisageait, à la suite du rapport Ginesti et d’un autre de l’Inserm, de «dépister» chez les enfants en bas âge les futurs délinquants, ce qui signifiait implicitement que la délinquance était inscrite dans les gènes.

Mais l’implicite devenait bientôt explicite lors du débat entre Michel Onfray et le candidat Sarkozy qui expliquait dans la revue Philosophie Magazine que la criminalité relevait de l’inné : «J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile.» On assiste aujourd’hui à la promotion d’une définition strictement génétique des liens familiaux, au rebours de toute notre tradition juridique.

Il y a derrière l’acharnement à faire passer l’amendement ADN, le retour de l’un des courants les plus inquiétants de la droite française : le déterminisme génétique, c’est la philosophie la plus conservatrice qui soit, c’est le contraire de l’humanisme, la négation de l’éducation et des capacités d’émancipation de chaque être humain.