lundi 17 septembre 2007

De l'Irlande et de la France, aujourd'hui comme avant

En 1988, Francois Mitterand visite l'Irlande, de pays ami a pays ami, qui ne se sont jamais dans l'Histoire, ainsi qu'il le souligne, affrontes, toujours estimes et entraides.

Le 26 Fevrier, il s'adresse a Seanad Eireann, le Parlement Irlandais. Extraits.


Par ma voix c'est un hommage que la France veut rendre aujourd'hui a l'Irlande dans sa pérennité et il est normal que j'en adresse le message aux représentants de ce peuple.
Hommage, ai-je dit, a l'Irlande, une des nations les plus anciennes d'Europe et j'ai pu au cours de ces deux breves journées que j'ai passées a sillonner votre pays, en découvrir d'admirables vestiges.
Hommage a une civilisation qui n'a cessé de se maintenir, malgré les tribulations de l'Histoire, au premier rang de la création européenne et qui s'enorgueilht de lui avoir donné de grands esprits quand ce ne serait sur le plan littéraire, que ceux qui vont de Swift a Joyce ou a Beckett mais qui s'est illustrée dans tous les domaines de la pensée, dans tous les domaines de l'art, de la science et de l'action.
Hommage a un peuple, le vôtre que l'on sait partout sur la terre, valeureux, fier, épris jusqu'au sacrifice de liberté et d'indépendance; et l'histoire ne l'a pas épargné.


Mon intention n'est pas d'évoquer toutes les belles pages du passé, vous les connaissez comme moi. II appartiendra aux historiens, aux écrivains, aux journalistes de magnifier ces moments la. Néanmoins, quelle édifiante lecon nous administre votre Histoire et quelle singulier appel a la modestie pour nous Européens du continent, si fiers de nos expériences et de nos valeurs.
Pendant des siecles a la situation qui s'est perpétuée sur votre terre, sur votre sol ne s'est opposúe, il faut le dire, que l'indifférence. Et quand tant des vôtres ont été dépossédés de leurs biens, dépouillés de leur identité, rejetés dans l'errance, le secours, le recours sont venus de vous-mêmes. Ou sentir mieux qu'ici, l'esprit de résistance, le caractere sacré des droits de l'homme, la force du patriotisme. Ou percevoir avec plus de grandeur et de peine la douleur de l'émigrant contraint de quitter sa patrie. Je n'entends pas m'immiscer dans vos affaires, je vous confierai seulement cet espoir que vos efforts portent leurs fruits, qu'ils vous apportent l'avenir pacifique et serein auquel vous avez droit. C'est vous qui choisirez l'itinéraire bien entendu mais je vous souhaite cette réussite et cette paix dans vos relations internationales comme dans votre vie politique intérieure.


L'Europe d'abord. Ce n'est pas devant votre Assemblée que je me hasarderai a plaider une cause que vous avez vous-mêmes si bien su défendre depuis quinze ans. Vous avez pu mesurer ce que signifie la mise en commun des efforts, au prix bien entendu de concessions et même de sacrifices.
Mais a ceux qui insistent sur le prix a payer pour l'Europe, je dis: Que peserait chacun de nos pays face aux puissances installées, a celles qui émergent, aux alliances qui se nouent, aux forces économiqués incontrôlées? Que ferions-nous seuls dans le monde d'aujourd'hui ou vous voyez bien se dessiner les forces et les lignes de puissance?


(...) et comment ne pas vous dire, avant de conclure, le plaisir que j'ai eu a parcourir, pendant deux jours, votre pays? Il est beau et il est riche d'enseignement. C'est important de découvrir l'empreinte des civilisations qui s'y sont succédées depuis les temps néolithiques, cette terre vraiment chargée d'histoire et de culture mais aussi riche de jeunesse, j'ai pu le constater, et [1918] j'ai cru pressentir, d'une certaine facon, dans mes déplacements, que cette jeunesse était tres désireuse de s'affirmer et donc de travailler, aussi de réussir. C'est la que se trouve la vitalité d'un pays, faut-il répéter cette évidence? Il m'arrive souvent pourtant de le dire a mon propre pays.
Bien souvent, au cours de l'histoire, les routes de l'Irlande et de la France se sont croisées. Ce n'est pas un hasard si, comme nous le disions tout a l'heure, la plupart des grands Irlandais, combattants de la liberté, hommes d'action, femmes d'action, penseurs, écrivains et créateurs sont, un jour ou l'autre, et c'est notre joie et notre honneur, a nous Francais, venus vivre en France, parfois même pour s'y établir, bien que, en Irlande, quand on le peut, on y revienne.

Comment vous dire maintenant, Mesdames et Messieurs, les sentiments que j'éprouve? Je me contenterai donc de vous remercier, d'abord de votre hospitalité, (...) et je vous souhaite un long avenir de paix, de prospérité, de bonheur, a l'Irlande, au peuple irlandais, Mesdames et Messieurs, vive l'amitié entre l'Irlande et la France!


Qu'on apprecie ou pas Tonton, le message reste le meme.

Seanad Éireann - Volume 118 - 26 February, 1988

ADDRESS OF PRESIDENT MITTERRAND

Archives historiques - Diospoireachatai Parlaiminte - Parliamentary debates

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Un bien joli texte, il faut le reconnaître ! Et ce n'est pas moi qui contredirait la véracité de l'amitié franco-irlandaise !

Sandrine a dit…

he he ... ni moi.

Quoique des fois la merveilleuse entente historique entre les peuples semble serieusement compromise mais ca va jamais bien loin. Il y a des moyens bien rodes de retablir la paix.

La Mediterrannee crie et gesticule, l'Irlande a peur et s'ecrase. Simple, efficace.

Non c'est pas vrai c'est pas ca la cle de l'amitie entre les peuples ;p.

Anonyme a dit…

Tu m'as fait peur !!!
Aujourd'hui encore un irish que je connais bien vient de me dire qu'il aime beaucoup la France, qu'il voudrait visiter de nouveau Paris et d'autres lieux... :p
Entre la France et l'Irlande, la méditerrannée n'est peut-être pas forcément toujours où on l'attend. Je soupçonne certains irlandais d'avoir des gènes italiens!