jeudi 11 janvier 2007

Lire: Contours du Jour qui vient, Léonora Miano

Contours du jour qui vient, Léonora Miano, Plon 2006, et ce qui s'ensuivit.

Je ne laisse jamais l'air du temps dicter mes choix de lecture, mais en passant près de la couverture blanche du Lauréat 2006 du Goncourt des Lycéens, je n'ai pas pu résister. C'est le titre qui m'a happée, et dès la première page, la prose m'a envoûtée. Je ne vous fais pas le coup du sortilège à la marabout d'Afrique, non, simplement du talent de l'auteur, conteuse magnifique au style vif et coloré, précis et efficace. Parfait.
Au fil des chapitres, les douleurs d'une certaine Afrique, proie du chaos, à travers le drame d'une "enfant-sorcier". Ces enfants sont ceux qu'abandonnent à la rue, chassent des familles désemparées devant les malheurs qui les accablent (maladie, pauvreté) et qui accusent leur progéniture d'en être l'origine, sous l'influence de directeurs de conscience collective bien avisés, nouvelles âmes charitables des temps d'apocalypse d'un après-guerre fratricide, parricide, infanticide.
Pas réjouissant me dites-vous ? C'est pourtant une superbe fenêtre sur un continent inconnu, qui nous permet de mieux comprendre des gens dont on ne sait finalement rien, un monde ancien à la dérive, un nouveau qu'on refuse de voir construit. Et une fresque littéraire pleine de force et de beauté, qui se termine par la lueur d'espoir qui parcourt, malgré tout, le roman.

Ainsi, les bons livres ont ce pouvoir magique, par lequel on reconnaît les grands auteurs, les immortels, qu'ils donnent envie d'en lire d'autres. Ainsi parlait Pierre Assouline, à propos du Doctor Zhivago de Boris Pasternak, si je ne m'amuse.

Ayant terminé à regret les pages envoûtées de Miano, prise du besoin de plus d'Afrique, et dans l'attente de recevoir L'intérieur de la nuit, premier volet de son ôde à son pays, j'ai jeté mon dévolu, résolue, sur Madame Bâ d'Eric Orsenna, acheté à l'inspiration à l'aéroport un jour de voyage, qui dormait sur une étagère depuis. Prête à dévorer les pages, retrouver l'Afrique contée version originale et colorée, à travers des personnages impliqués dans l'aventure tragique qui consiste à "faire l'Europe", ainsi que l'écrit Miano... chaque phrase m'a fait l'effet d'une douche froide. Pâle copie anticipée que cette version colorisée !
J'aurais pourtant dû m'en douter... estampillé Académie Française, j'aurais dû savoir que tout ça ne valait rien. De même que cette impudence d'un "écrivain" français à vouloir se mettre avec prétendu talent à parler par la bouche d'une vieille dame africaine... Le style est gauche, les images convenues. Faussement naïf et résolument paternaliste comme il se doit, à trop la vouloir gentille, sage et éclairée, il ne peut s'empêcher de toute sa hauteur d'Immortel de rendre son héroïne stupide et ridicule.
Fini pour moi, l'Académie. Honte nationale dont les vieux pantins déshonorent les Lettres Françaises bien plus qu'un élève de sixième à qui on a mal appris à lire. Je ne passerai pas la page 92. Je parcourrai peut-être les 410 pages restantes, par défaut de curiosité, par sadisme. Ensuite je cède volontiers le livre à qui en veut: des intéressés ? Rares pourtant sont les écrivains-sorciers chassés de ma bibliothèque...

M. Orsenna ayant massacré mon envie d'Afrique, je me suis lancée avec Zazie dans le métro, dont je ressens déjà les mutliples bienfaits. Prise du goût de Paris après-guerre je poursuivrai certainement par Lutetia de Pierre Assouline, resté, aussi, longtemps sur mon étagère.... un signe ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Des infos sur Léonora Miano, sur le site:

www.leonoramiano.com

bien à vous

Sandrine a dit…

Merci pour l'info !

Le site est super, je le conseille a ceux qui veulent mieux connaitre cette auteure.