samedi 10 mars 2007

8 Mars, Journee Internationale des Femmes: le combat continue

Sommaire:

  • Pour elles, c'est clair...
  • Pour lui aussi...
  • Une femme Presidente, ca existe, et c'est bien.
Le 8 Mars c'etait la Journee des Femmes. De toutes les femmes, dont une en particulier. La Femme-symbole de 2007. Non, j'en fais pas trop! Pour la premiere fois une femme a des chances d'etre elue a la Presidence de la Republique francaise. La Republique ayant ete etablie au XIXeme siecle... il n'est pas trop tot que les femmes y trouvent leur place au XXIeme!! A tous les etages, tous les niveaux.

Autant que les hommes, la candidate socialiste «en a». Son incompétence supposée comporte des relents de misogynie. C'est a peu pres tout ce qu'il y a a repondre a des arguments que L'Inspecteur Roger Hanin, le beauf qui a decide de rallier son Ministre de Tutelle, resumait recemment en ces termes "Elle n'est pas outillee", completant sa prestation chez le delectable Marc-O Fogiel par une seance d'humiliation en bonne et due forme d'une Isabelle Mergault dont l'intellect meritait mieux que ce massacrage de bas etage.

Si vous voulez mon avis, Francois Bayrou est pour l'instant un faible pretexte pour ne voter ni Sego ni Sarko sans veritables fondements car il reprend mollement les principales lignes des programmes de gens qu'il entend denoncer... pour ensuite gouverner avec eux. Il l'a promis, c'est son theme de campagne, peut-etre al raison pour laquelle vous voulez voter pour lui. Vous imaginez vraiment un gouvernement droite-gauche fonctionner? Le systeme Majorite-Opposition a une fonction en democratie, raison pour laquelle Segolene Royal veut le renforcer, pensez-y! Avant de faire le choix d'un chimerique gouvernement "d'union" qui s'auto-neutralisera. En s'interdisant Sarko on veut eviter l'alignement actuel sur les fondements du FN, ou les errements d'une Simone Veil ralliee qui visiblement pete un plomb! On ne lui demande pas de voter Sego mais au moins de rester fidele a Bayrou... En s'interdisant Sego, on veut eviter soit le PS, soit une femme ("pas celle-la"... mais alors laquelle?? Quand?? Comment??), et refuser de se rendre compte qu'elle est la chance du profond changement que nous voulons tous. Son Pacte est clair a ce sujet. Il suffit de se donner la peine de s'y pencher, de voir que les profs n'y sont pas si mal traites qu'on l'a dit, que pour elle la Culture ca compte, que tout ne se regle pas par l'argent, que les jeunes c'est l'avenir, ainsi qu'un environnement propre, ou un Parti qui refuse de se laisser enfermer dans des dogmes irrealistes, etc...

Et que la place des femmes en societe, leur education, leur egalite face aux hommes de leurs vies, aux violences, est loin d'etre un combat termine. Ses declarations sur sa volonte d'engager un chantier national des son election sur les violences faites aux femmes ne sont ni demagogues ni promesses creuses, car elles sont realistes et indispensables! L'egalite Hommes - Femmes n'est qu'une idee convenues mais non appliquees. C'est se mentir ou etre bien mal informe que le croire!


  • Pour elles, c'est elle. Pourquoi? Parce que.....


Isabelle Alonso denonce Macholand
Petit à petit, à mesure que Ségolène Royal déjouait pièges et chausse-trappes avec un sens politique tout mitterrandien (compliment ? pas compliment ? ) jusqu’à l’investiture par les militants de base, il est devenu évident qu’il se passait quelque chose. Mais quoi au juste ?

Il se passe que quel que soit l’avenir de sa candidature, elle met en lumière des zones obscures.


Qu’elle atteigne ou pas son but, la flèche Ségolène aura atteint en plein cœur la bonne conscience ambiante. Aujourd’hui, il est rare qu’on s’oppose publiquement au principe d’égalité des sexes. Il passe pour un acquis tellement consensuel qu’il n’y a plus rien à ajouter. Pensée magique. Prétendre allez plus loin et mettre le principe en pratique provoque un regard vide. Qu’est-ce qu’elles veulent encore ? Puisqu’on est tous d’accord ! Même que les femmes, on les adore ! Affaire classée. Mettre le sujet sur le tapis, c’est comme affirmer que la Terre est ronde. Il fut un temps où c’était subversif. Aujourd’hui ça passe pour tellement évident que c’est dépassé.
Sauf que non. Pas évident, pas dépassé. Le principe d’égalité continue à fabriquer de l’inégalité à tour de bras. La preuve, on l’a tous les jours depuis qu’une femme, est en position éligible. Nous sommes en 2007 et c’est la première fois ! Depuis un siècle et demi de république ! Comme dit la pub, toutes les premières fois sont difficiles. Là, manifestement, le corps social fait une poussée allergique. La confrontation entre principe et réalité, ça fait mal !
(...)
Vous en voulez une, de bourde, que personne n’a relevé à ma connaissance ? Ça se passe sur TF1 le 5 février. Nicolas Sarkozy, à une question sur l’ouverture des magasins le dimanche, répond (à peu près, je cite de mémoire mais le sens y est) : « il faudrait que les magasins ouvrent le dimanche parce que les femmes n’ont pas le temps de faire LEURS courses en semaine puisqu’elles ont déjà leur boulot, les tâches ménagères, les devoirs des enfants, etc... » C’est pas de la belle bourde, ça ? Elle est pas rutilante, à l’heure de l’égalité affirmée ? Elle aurait pas mérité de soulever des questions ? Apparemment non. On va pas souiller l’image d’un véritable homme d’État avec des considérations sur la double journée de la domesticité. On pourrait peser l’importance respective du travail des femmes et du nombre de sous-marins-nucléaires-lance-engins-qui-ne-lancent-jamais-rien. Parions qu’on ne le fera pas.

Lire l'article integral (CQFD!)



Pourquoi je vote Ségolène Royal par Marie DARRIEUSSECQ.
QUOTIDIEN : lundi 5 mars 2007
Marie Darrieussecq écrivain Dernier ouvrage paru : Zoo, P.O.L., 2006.

Parce que c'est une femme...Il faut voter pour Ségolène Royal parce que c'est une femme. C'est à peu près tout ce que j'ai à dire. C'est l'honneur du PS d'être le premier grand parti à proposer, en France, une candidate femme à l'élection présidentielle. Que cela ne se soit pas produit plus tôt est une honte pour ce pays.

Je laisse de côté Arlette Laguiller qui, vue de l'étranger, est un phénomène folklorique. Il suffit de l'écouter parler, d'ailleurs, ou de se rappeler Thatcher dans un autre genre, pour être persuadé(e) qu'un monde dirigé par les femmes ne serait pas plus juste ni moins violent.
Ségolène Royal semble partager avec tous les autres candidats (et au moins autant que Nicolas Sarkozy) l'idée fixe du pouvoir, le délire de grandeur solitaire, l'énergie maniaque, cette «gnaque» qui peut laisser perplexe ou admiratif. En bref, «elle l'a», la mégalomanie indispensable pour prétendre être élu (e) président (e) de la Ve République. La force de Ségolène Royal n'est ni féminine ni masculine : elle est personnelle. Elle en veut, elle en a. On mettra ce qu'on veut derrière le «en», la libido qui la porte n'a rien à voir avec les organes de la différenciation sexuelle.

Certes, je ne serais pas prête à voter pour une femme de droite. Et le fait que je veuille voter Ségolène parce qu'elle est socialiste, parce qu'elle représente une gauche qui, sans m'enthousiasmer, me paraît une option meilleure que les autres, cette opinion ne regarde que moi. Mais elle est «femme». Notre «première présidentiable femme». Enthousiaste ou pas, je veux que mes enfants, que les petits Français en général, n'aient pas les mêmes souvenirs que ma génération et toutes les générations antérieures.

Cette élection peut être un moment historique ; ou du moins un moment où la France sortira de son ridicule historique.

J'ai grandi en ne voyant que des hommes à la télévision. Le Président était «le» Président, et ses ministres étaient des hommes, comme sous Louis XIV. Je ne pouvais pas rêver au pouvoir, puisque le pouvoir était masculin. Or s'il prend à ma fille le délire ­ ou l'ambition légitime ­ de se rêver en présidente, je veux que cela lui soit possible autant qu'à mon fils, dans un monde possible pour tous les deux. Et si mon fils se retrouve un jour gouverné par une femme, je veux que cela lui semble possible aussi, sans qu'il le vive comme une anomalie ou une humiliation.

«Voter Ségolène»... L'expression même est curieuse. L'appelle-t- on par son prénom parce que c'est une femme ? Un petit nom, pour une femme qu'on minorise, qu'on veut puériliser dans sa puissance ? On ne dit pas «voter Nicolas», encore moins «voter François» ­ et ceux qui disent «voter Jean-Marie», je me passe volontiers de leur compagnie. Mais il faut admettre que «Royal» est, en France, un nom plus répandu que le long «Ségolène», dont les syllabes chics, y compris dans la presse étrangère, la caractérisent d'emblée. Un personnage est né(e).
Mais on dit surtout «Ségolène» parce que son nom, Royal, pose problème. «Voter Royal» sonne comme un paradoxe en démocratie. Or la Ve République est par bien des aspects un régime monarchique. S'appeler «Royal» dans cette élection est un atout qui fonctionnera peut-être dans l'inconscient national. Cette bourgeoise a quelque chose d'une reine.

Qu'on la taxe systématiquement d'incompétence est nettement plus misogyne. On reproche beaucoup de choses aux autres candidats, mais jamais l'incompétence. Avec le parcours qu'a cette femme, comment peut-on penser une seule seconde qu'elle est incompétente en politique ?
Quant à la compétence pour présider un pays, personne ne l'a. Y croire est un délire collectif très ancien, porté et relayé par les institutions, en particulier en France. Il se trouve que le délire a jusqu'ici été incarné par des hommes. Nous avons eu Jeanne d'Arc, une marginale ; jamais d'Elizabeth ni de Christine de Suède. En France, c'est duas habet , comme pour les papes. Et si on essayait, pas forcément d'être royalistes, mais d'être un peu moins ridicules ?


Pourquoi je vote Ségolène Royal, par Annie Cohen


C'est en femme de gauche, c'est en femme, que je m'exprime ici pour soutenir de manière inconditionnelle Ségolène Royal. Toutes les calomnies, les procès d'intention, les levées de boucliers sont là pour casser une entreprise qui a sa logique interne, qui se développe jour après jour selon un mode nouveau et original. Les femmes ne se comportent pas comme les hommes, ni à l'intérieur du foyer ni dans les affaires de la cité. Elles ont une aptitude à empoigner le réel, à répondre aux questions concrètes.


On nous dit qu'elle n'a pas de programme. On souligne une incompétence supposée, on n'en finit pas de monter en épingle ses "maladresses". D'emblée, on a tenté de lui tendre des pièges, de la ridiculiser, de la mettre face à ses contradictions, alors que nous vivons depuis des décennies avec des hommes qui ne cessent de salir leurs engagements publics, qui ne cessent, avec un culot déconcertant, de dire tout et son contraire, de trahir les leurs. Mais que veut-on ? Que font les intellectuels, les artistes pour se rallier au candidat ultralibéral qui pratique l'entourloupe, la démagogie, la tromperie ?

Candidat qui s'approprie sans vergogne Jaurès et Blum pour nous proposer demain une société rigide, bien dans ses bottes. Celui-là même qui crache sur Mai 68 et sur les acquis. Et quand on écoute, à Grenoble, les jeunes au débat participatif de Ségolène Royal sur la jeunesse, on est surpris du ton des interventions, de leur maturité, de l'absence totale d'hystérie. Oui, les jeunes étaient graves et conscients du rôle qu'ils pourraient jouer. Alors pourquoi cet acharnement, pourquoi mes amis (des hommes souvent) restent-ils si sceptiques, si méfiants ? D'où vient ce recul, cette prudence ? On veut étouffer la femme qu'elle est, on ne veut pas lui donner sa chance. Pourquoi ?

Ça n'a rien à voir avec le sexe, disent-ils. Je n'en crois rien. On ne pardonnera rien à une femme, on la cantonnera dans un périmètre bien défini, bien déterminé, au-delà duquel elle ne peut s'aventurer, sinon elle court à sa propre perte. Je crois que notre candidate avance à son rythme, comme elle le sent, comme il le faut, en accord avec ce qu'elle peut donner et faire, en accord avec elle-même. Car une campagne électorale est un corps vivant, qui bat, recule, avance, qui a sa propre musique. Et si elle n'avait pas ce génie-là, si elle n'avait pas ce sens de double vue, elle serait un corps mort qui va droit dans le mur. Or Ségolène Royal est une lame d'acier, elle a une pêche d'enfer, une foi intérieure qui la rend combative. Elle avance étape après étape, elle prend le temps de se déployer, de passer les différentes vitesses, de faire émerger les lignes de force. Elle a le sens du temps, comme d'autres avant elle. Elle devance le désamour des politiques, de la politique.

Elle s'est usée, épuisée dans des primaires démocratiques à l'honneur de son parti. Elle a affronté des hommes. Elle a mis tout son talent, toute sa force à ne pas craindre d'arriver en première ligne. A nous, à eux, de se rallier à elle, comme un seul homme, à nous, à eux, de croire que tout est possible.

L'heure est grave, très grave, on ne veut pas en prendre pour cinq ans de plus, avec un gouvernement qui sera pire que celui que nous avons depuis douze ans. Observons bien la voracité du concurrent désigné dans cette campagne qui n'a pas encore commencé et qui en dit long pour le présent et surtout pour le futur. Je ne comprends pas comment les amis de gauche et d'extrême gauche peuvent se laisser aveugler par un danger réel qui s'annonce, qui nous menace, qui nous coupera les élans de créativité, de fraternité.

Ce n'est pas la droite qui encouragera le travail des associations culturelles ou l'engagement de tous dans le syndicalisme.

A qui laisserons-nous le soin de réformer la France, l'éducation nationale, à qui laisserons-nous l'avenir de la culture, du travail, de l'écologie, à qui allons-nous confier la réduction de la dette ? Si vous craignez de ne pas connaître les idées de Ségolène Royal, son programme, ses mesures, vous connaissez sans doute celles de la droite. Allez-vous vous ranger derrière le Medef ?

On nous dit que la campagne de Ségolène Royal patine ou que notre candidate vaut mieux que le parti qui la soutient. En vérité, on nage dans la mauvaise foi, l'aveuglement, la grande surdité. Car si on veut l'entendre, si on veut écouter ses mots, il faut faire l'effort d'aller les récolter. Elle ne cesse pas de parler, de répondre à toutes sortes de questions, de questionnements. Il faut sortir du microcosme parisien largement et honteusement occupé par une mafia qui continue aux yeux de tous à s'approprier le bien public. Il faut se demander pourquoi elle a pris le temps de ces "débats participatifs" audacieux qui sont autre chose que du populisme.

A Grenoble, j'ai vu une jeunesse fervente, active, enthousiaste, à qui on a donné des réponses précises sur des questions concrètes. J'ai vu autre chose que le ramollissement ou le désespoir. Alors on doit pouvoir s'amuser à faire l'inventaire de la récolte et donner à goûter le fruit du produit. L'information doit être accessible à tous, malgré une presse partisane. Les nouveaux médias nous ouvrent la possibilité de sortir des sentiers balisés. Certains, plus royalistes que le roi, semblent tentés de demander à Ségolène Royal de se retirer, si la situation devait s'aggraver. Mais au nom de quoi la défaite serait plus humiliante pour une femme ? Le plus humiliant serait de ne pas avoir le droit de lutter. Les combats politiques de Raymond Barre, François Mitterrand, Lionel Jospin, Jacques Chirac et de tant d'autres sont jalonnés d'insuccès. Se retirer de la course ? Pour rendre service à la cause des femmes ? Non, les femmes veulent participer à ce combat, elles sont prêtes à y faire face, à en subir le mauvais versant.

Ségolène Royal n'est pas née de la dernière pluie, et aucun homme, encore moins aucune femme, ne doit lui couper l'herbe sous les pieds. Elle n'a pas changé, elle le dit, on le sent, contrairement à l'"autre" qui fait de la rupture son crédo, qui se contredit avec aplomb, jour après jour, qui fait comme s'il n'était pas au pouvoir depuis des années, et ose parler de droit opposable au logement, dans une mairie qui n'en compte presque pas. On se moque de nous avec mépris, il ne faut pas étouffer une autre voix, différente, nouvelle, qui se lance dans le combat.

Annie Cohen est écrivain. LE MONDE 08.02.07 14h16 • Mis à jour le 08.02.07 14h16


Ségolène Royal, la madone qui dérange, par Nicole Avril


L'opposant viscéral à François Mitterrand se signalait d'emblée par sa manière d'élider le "e" de son nom : "Mitt'rand". Ceux dont la survenue de Ségolène Royal a bousculé les habitudes de penser et les catégories grammaticales la traitent volontiers de madone. Il va sans dire que, dans leur bouche, cette madone ne renvoie guère à Giovanni Bellini, encore moins à Raphaël. La dénomination s'est changée en insulte. Il y a aussi des variantes régionales. Dans ce jeu de massacre à tir tendu, on peut à volonté la caparaçonner en Jeanne d'Arc, la Lorraine, ou l'affubler en Bécassine, la Bretonne.


Mais c'est la madone qui revient le plus souvent, son beau visage semblant exciter chez ses détracteurs une angoisse de castration.


On voudrait voir Ségolène Royal incarner le bon vieux conformisme catholique. Jusqu'à son prénom dont on lui fait grief. Est-on responsable de son prénom ? Elle aurait raccourci le sien, la Marie-Ségolène des origines, pour avancer masquée et mieux dissimuler son passé d'enfant de Marie.


Surprenante madone en effet, qui permit la distribution aux mineures, et sans autorisation parentale, de la pilule du lendemain.Etrange madone, qui refuse dans son pacte présidentiel toute remise en cause de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, et demande qu'on intègre à la Constitution une charte de la laïcité.


Efficace madone, qui préfère prévenir que guérir. Des dispensaires dans les zones rurales, des soins gratuits pour les jeunes dont lesparents n'ont pas de mutuelle, la contraception gratuite pour lesjeunes femmes et la négociation de toute réforme sociale grâce à unsyndicalisme au financement transparent et plus largement représentatif.


On disait, Ségolène Royal n'a aucune idée et elle a mis en place ces débats participatifs pour retarder l'échéance ou pour tenter detrouver chez les autres les idées qui lui font défaut. Depuis le 11 février, des idées, elle en a, trop, de plus elles coûteraient trop cher.


Au moment où Ségolène Royal révèle les quelque cent propositionsde son pacte présidentiel, nous découvrons le niveau très médiocre de notre commerce extérieur et une croissance qui, avec son maigre 2 %, ne tient pas ses promesses. Ces mauvais chiffres, on ne va pas enrendre responsable le gouvernement en place, ce serait un peu court et simpliste.


On a été tenté de se défausser en évoquant le prix du pétrole et lalourdeur de l'euro. Comme si les Allemands, dont les chiffres sontbien meilleurs que les nôtres, jouissaient d'un euro plus favorable et d'un pétrole moins cher. On s'est bien gardé d'établir une comparaison avec les chiffres obtenus quelques années plus tôt par le gouvernementde Lionel Jospin. Comparaison, surtout si elle tourne à votre désavantage, n'est pas raison ! La parade en revanche n'a pas tardé. Il fallut admettre qu'une croissance à 2 %, ce n'était pas brillant. Mais précisément, après un si piètre résultat, dites-moi comment Ségolène Royal avec ses cent propositions pourrait-elle s'en tirer ? Appréciez l'astuce. On s'appuie sur les mauvais chiffres présents pour démolir l'avenir. Le démineur a toujours tort. Ne prend-il pas des risques inconsidérés pour sécuriser un espace laissé par d'autres entrop mauvais état ?


La candidature de Ségolène Royal à la présidentielle était déjà inscrite dans son triomphe aux élections régionales. La presse nationale n'avait presque pas parlé de la campagne qu'elle menait en silence sur ses terres du Poitou-Charentes. Je le connais ce pays-là,il est le mien. J'ai du côté de La Rochelle des attaches d'enfance et j'ai goûté mes premières huîtres avec mes premiers biberons. Je sais que ce pays ne se livre pas aisément, qu'il garde le secret de sa beauté, qu'il ne se jette jamais à la figure des gens. Ségolène Royal l'a conquis de haute lutte. Il n'est pas un village ni un hameau, il n'est pas une école, une ferme ou une entreprise qu'elle n'ait un jour visité. Elle a labouré à l'ancienne son terrain, comme Jacques Chirac et François Hollande en Corrèze, comme François Mitterrand dans la Nièvre.


Mais, quand elle a été élue, il m'est apparu qu'elle irait plus loin encore. Elle semblait à la fois croire à son projet et avoir la volonté de le réaliser grâce à une méthode pragmatique et originale, de plus elle était portée par une revigorante ambition.Certes, on ne leur a pas facilité la tâche, c'est peu de le dire, mais les femmes ont longtemps péché par manque d'ambition et plus particulièrement par manque d'ambition politique. Elle n'eut pas d'autre choix pour s'imposer aux caciques du Parti socialiste que de contourner le parti en empruntant la double voie dela région et de l'opinion. Il fallait l'arracher, la candidature à l'élection présidentielle. Une femme reste une femme aux yeux de ses pairs.


Elle a pourtant gagné à la loyale. Revigorés eux aussi par denombreuses et nouvelles adhésions, les militants ont tranché. On aurait tort de se lamenter et de répéter à l'envi que le niveau baisse.Le débat politique a retrouvé quelques couleurs et les citoyens ont de nouveau le goût de la dispute. Ni la candidate ni même les candidats ne laissent indifférents. C'est déjà ça.Il y a du côté de Ségolène Royal et de son équipe un projet, encore inachevé, qui surprend parce qu'il privilégie l'action dans la durée et les réformes en profondeur. Elle veut éviter à la France de mourird'une thrombose. Pour mieux irriguer l'ensemble de ses territoires, ilest nécessaire de décentraliser vraiment avec transfert des moyens etdes compétences, de donner une autonomie aux universités, de renforcerle tissu des petites et moyennes entreprises par la défiscalisation de leurs bénéfices réinvestis, de réinscrire la France au centre del'Europe, de revitaliser les cités asphyxiées par le chômage et la drogue, par le mépris et la violence, de faire de l'éducation et de la recherche les deux piliers de l'avenir.Elle dérange. Mais, têtue comme elle est, elle tiendra ses promesses.Oui, il y a un élan et une cohérence dans le projet de Ségolène Royal.


Ce n'est ni le grand soir ni la grande illusion. C'est la volonté opiniâtre de remettre peu à peu chacun dans le jeu collectif quels quesoient son origine sociale ou son sexe. De plus, les débats participatifs, la longueur et l'intensité de la campagne électorale, la rapidité (et la brutalité) des échanges sur Internet, permettent delibérer des forces qui seront précieuses au moment de passer à la réalisation des propositions. Faisons le pari que ce moment viendra.

Nicole Avril est écrivaine.LE MONDE 21.02.07 15h30 • Mis à jour le 21.02.07 15h30







Aurelie Filippetti, En Aparte, 12/02/07

"Malheureusement une campagne c'est la guerre mais moi je pense que la politique c'est aussi autre chose, une maniere de respecter les gens, d'ecouter les francais. Les politiques ne doivent plus vivre dans leur petite bulle. Il faut etre a l'ecoute et au plus pres des problemes des citoyens. C'est elle (Segolene Royal) qui a mis ca sur le devant de la scene avec sa methode participative qui a ete tant critiquee."

"Quand une femme reussit en politique on va toujours la soupconner d'etre la ou elle est pour de mauvaises raisons. Les arguments qu'on va utiliser contre elle prendront toujours en compte le fait que ce soit une femme: trop dure, trop froide, trop mere. Quand il y a une femme qui emerge ce n'est jamais la bonne."

"Elle s'est interessee a des problemes que personne ne considerait comme suffisamment important pour etre mis sur la table de la haute politique."

Aurelie Filippetti, a retrouver sur son blog, est ecrivain.Son engagement politique a debute ches les Verts.


  • Pour lui, qui "en a", elle "en a" aussi. De ce qu'il faut.


Gerard Miller soutient Segolene Royal
envoyé par da93


  • En Irlande, le President est une Presidente. Depuis 17 ans.

Est-il besoin de rappeler que le visage de l'Irlande a l'international est celui d'une femme? Celui de deux Mary (alors pourquoi pas une Marie-Segolene?): Robinson (1990) et Mc Aleese (1997 et 2004).

Mary Robinson a ete elue Presidente par des irlandais qui n'avaient alors pas le droit de divorcer, et des irlandaises qui, soumises a la loi de leurs hommes et de l'Eglise, n'avaient alors, et toujours pas, le droit d'avorter. Pour une majorite d'Irlandaises et d'Irlandais il etait naturel que leur presidence soit incarnee a nouveau par une femme, figure d'ouverture, de serenite et de modernite, et Mary Mc Aleese souleve bien peu les controverses depuis dix ans... au contraire, les irlandais en sont bien fiers, qu'elle s'exprime sur les droits de l'homme, l'Europe, les droits des immigres en Irlande ou la question d'Irlande du Nord, ou elle a grandi.
Il faut du temps pour que les moeurs changent... Les irlandais depuis 4 decennies maintenant savent se creer et saisir leur chance, celle qui les a mene a la prosperite, bientot a la paix. Si tout n'est pas parfait, si un long chemin reste encore a parcourir pour que les femmes aient un acces egal aux hommes a une carriere professionnelle (garde des enfants, salaires, mentalites), une femme presidente est la meilleure banniere pour leur combat, lent et patient, mais efficace, sans revolution, tout en evolution...
Suivons cet exemple, nous qui donnons plus de chance d'egalites par la loi ou les faits dans la societe que l'Irlande, ayons enfin le courage de prouver notre maturite en confiant les renes du pouvoir a une femme qui s'est suffisamment battue pour le meriter.
Les Irlandais du Nord eux-memes ont decide cette semaine que la seule solution possible pour une societe c'est d'avancer en laissant ses rancoeurs et prejuges derriere soi. Les elections ont ete un franc succes. Reste a prouver les volontes de collaboration, qui ne vont pas sans quelques doutes, peurs et frayeurs. Mais c'est leur chance, et ils la tentent.

Ce qu'Irlande peut, France peut!

Nous pouvons aussi contribuer a ce que, designant leur Presidente, certains, encore trop nombreux, hommes ou femmes, disent d'elle qu'elle est "just a nice and lovely lady"... La misogynie n'a pas de sexe, et concerne tous les degres d'education.

Rassemblement pour l'Egalite, discours de Segolene Royal, Dijon, 7/03/2007
"Vous, les femmes, je suis heureuse de vous voir si nombreuses, si mobilisées, si déterminées, en cette veille d’une journée internationale le 8 mars qui nous relient toutes à l’échelle de la planète ; et puis, vous, les hommes, sans lesquels rien ne serait possible ; vous qui, en acceptant de voter pour une femme, vous vous affranchissez vous-mêmes des vieux préjugés. Merci d’être là unis, rassemblés, forts et fortes d’une même espérance. Merci à vous les hommes de vous rassembler dans ce désir de changement et d’avenir."

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