Voilà une arme de déstabilisation massive dont je pourrai user et abuser contre mes amis irlandais, toujours prêts, comme tout étranger, à fustiger l'esprit rebelle de nous autres gaulois, incapable que nous serions de nous conformer à la coutume qui veut qu'il faut travailler pour gagner sa vie.
Car les chiffres sont édifiants: seulement 8% des travailleurs français sont syndiqués, dont un petit 5% parmi ceux du secteur privé, ce qui place la France au 30ème rang d'un classement des pays de l'OCDE.
Ca vous étonne ? Les irlandais aussi ! Comment dans ce cas expliquer les cohortes de manifestants dans nos rue républicaines et les grèves à répétition qui mettent à bas notre économie ? Certains vont jusqu'à suggérer sans vergogne que les travailleurs français inspirent difficilement la confiance de patrons irlandais à cause de leurs habitudes et "éthique" de travail, qui sous-entend fainéantise (entendez refus d'être exploité comme un polonais) et esprit de rebellion (entendez connaissance de ses droits et réclamation de son dû pour la force de travail accordée).
La grande différence entre français et irlandais, déplorée, quand même!, par certains irlandais, c'est la conscience politique. Le système syndical irlandais est dispersé et ne permet que des actions disparates et corporatives qu'on examine dubitativement. Mais surtout les irlandais sont disciplinés, ils travaillent dur, ils n'ont pas le temps de manifester et ont peur des représailles, du pouvoir, des frais d'avocat exorbitants. L'exigence catholique n'est pas étrangère à ce phénomène qui perdure bien plus que la religion. L'Histoire aussi: les excès de rebelles qui pour toute gloire ont versé leur sang. En résumé, les irlandais sont un peu mous... par rapport aux français. Nous n'avons que faire du Très Haut pour la plupart d'entre nous et sommes persuadés que l'éveil citoyen et la solidarité collective sont le remède à tous nos maux. Notre éducation républicaine y a bien travaillé, merci Monsieur Ferry. C'est le jacobinisme survolté, l'esprit de la Révolution. Et ça marche. La méthode séduit et les masses se mobilisent, pour un oui, et surtout pour un non. En résumé: on y croit. Nous savons que nous, petites fourmis, unies nous pouvons changer la donne sans attendre le temps des élections. C'est pourquoi nos mouvements syndicaux correspondent à des familles de pensées politiques et diverses idées de la société, plus qu'à des corps de métier et basant leur travail sur le terrain légal.
Les français cultivent cet utopisme qui les fait avancer quand les irlandais, plus prudent, abusent du pragmatisme pour assurer leur succès. En France on croit au combat collectif dans une société solidaire quand en Irlande on se fie à l'action individuelle pour l'intérêt de tous dans une saine société.
La nouvelle voie du syndicalisme français est-elle quelque part à mi-chemin entre les deux ? Je le crois. Pas vous ?
Voir aussi: Renouveler le syndicalisme: contribution à Désirs d'avenir
Car les chiffres sont édifiants: seulement 8% des travailleurs français sont syndiqués, dont un petit 5% parmi ceux du secteur privé, ce qui place la France au 30ème rang d'un classement des pays de l'OCDE.
Ca vous étonne ? Les irlandais aussi ! Comment dans ce cas expliquer les cohortes de manifestants dans nos rue républicaines et les grèves à répétition qui mettent à bas notre économie ? Certains vont jusqu'à suggérer sans vergogne que les travailleurs français inspirent difficilement la confiance de patrons irlandais à cause de leurs habitudes et "éthique" de travail, qui sous-entend fainéantise (entendez refus d'être exploité comme un polonais) et esprit de rebellion (entendez connaissance de ses droits et réclamation de son dû pour la force de travail accordée).
La grande différence entre français et irlandais, déplorée, quand même!, par certains irlandais, c'est la conscience politique. Le système syndical irlandais est dispersé et ne permet que des actions disparates et corporatives qu'on examine dubitativement. Mais surtout les irlandais sont disciplinés, ils travaillent dur, ils n'ont pas le temps de manifester et ont peur des représailles, du pouvoir, des frais d'avocat exorbitants. L'exigence catholique n'est pas étrangère à ce phénomène qui perdure bien plus que la religion. L'Histoire aussi: les excès de rebelles qui pour toute gloire ont versé leur sang. En résumé, les irlandais sont un peu mous... par rapport aux français. Nous n'avons que faire du Très Haut pour la plupart d'entre nous et sommes persuadés que l'éveil citoyen et la solidarité collective sont le remède à tous nos maux. Notre éducation républicaine y a bien travaillé, merci Monsieur Ferry. C'est le jacobinisme survolté, l'esprit de la Révolution. Et ça marche. La méthode séduit et les masses se mobilisent, pour un oui, et surtout pour un non. En résumé: on y croit. Nous savons que nous, petites fourmis, unies nous pouvons changer la donne sans attendre le temps des élections. C'est pourquoi nos mouvements syndicaux correspondent à des familles de pensées politiques et diverses idées de la société, plus qu'à des corps de métier et basant leur travail sur le terrain légal.
Les français cultivent cet utopisme qui les fait avancer quand les irlandais, plus prudent, abusent du pragmatisme pour assurer leur succès. En France on croit au combat collectif dans une société solidaire quand en Irlande on se fie à l'action individuelle pour l'intérêt de tous dans une saine société.
La nouvelle voie du syndicalisme français est-elle quelque part à mi-chemin entre les deux ? Je le crois. Pas vous ?
Voir aussi: Renouveler le syndicalisme: contribution à Désirs d'avenir
6 commentaires:
J'ai entendu dire que l'ambiance au boulot était plus détendue qu'en France : pas de grosse huile qui te mets la pression 8h/jour... Sais pas si c'est vrai, tout doit dépendre de l'entreprise mais globalement j'ai souvent entendu dire que les conditions de travail était meilleures qu'en France. Il est vrai que les Irlandais travaillent beaucoup, ça ne leur fait pas peur...
Quand je suis arrivée je pensais que tout était mieux, surtout le boulot :)... et puis je crois surtout que l'approche est différente, voilà tout. Il semble que la pression, qui n'existait pas vraiment, a été relevée d'un cran ces deux dernières années. La rançon du succès... qui rend très gourmand et acharné. Il y a plus à faire, plus à gagner, le rythme s'accélère. Tout est bien tant qu'on ne perd pas de vue qu'il faut savoir s'arrêter à un certain moment. Pour le moment cette notion est loin de faire consensus !
Oui, tout à fait... Histoire de ne pas passer à côté de sa vie, par exemple! ;-)
Absolument ! c'est exactement la question que se posent un nombre croissant d'irlandais: travailler plus mais pourquoi ? Comment profiter des fruits de la propérité si on passe 10 heures par jour au boulot ? Pour l'instant la majorité défend âprement l'argument selon lequel le succès vient du travail et il faut donc maintenir la pression pour mériter de tout conserver: argent, travail, propsérité. Penser le contraire c'est être un dangereux fainéant ou au mieux un incapable hédoniste qui voudrait sucer gratuitement le miel de la société. Mais tout le monde n'a pas en tête le seul succès, heureusement. On entend s'élever des voix pour un art de vivre pas encore perdu... que beaucoup d'étrangers sont venus trouver. Et défendre s'il le faut ! Le paradoxe c'est que des voix s'élèvent aussi pour dire que ce sont les étrangers qui changent l'Irlande... aïe... un thème bien trop universel...
Oui comme tu le disais tout va trop vite pour eux... J'ai remarqué cet été et les années d'avant aussi que la quasi-totalité des personnels travaillant dans les hôtels restaurants étaient étrangers, polonais majoritairement... Ils viennent faire du fric puis ils repartent dans leur pays... Pas toujours évident pour l'autochtone et c'est pareil en France avec des étrangers d'horizon différent.
Absolument: les polonais représentent 10% de la population totale d'après le recensement 2006 ! C'est assez remarquable sur 4 millions d'habitants... et ça déboussole certains plus habitués à voir des jeunes partir que s'installer. Les polonais en général veulent repartir mais pas tous les immigrants. J'essaie pour ma part d'expliquer que certains sont là pour rester, pas seulement moi-même :), et qu'il faudrait qu'il y reflechissent (et s'y fassent) avant de tomber dans le piège français de la mauvaise intégration sociale de gens qui, au bout d'un certain temps, ne sont plus immigrés mais bien des nationaux "sauce autrement", surtout lorsqu'ils ont choisi volontairement leur nouveau pays. La mayonnaise a du mal a prendre pour l'instant... mais espérons !
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