A Marseille, un même vote, des quartiers populaires aux plus aisés
LE MONDE 17.11.06 13h58 • Mis à jour le 17.11.06 14h45
Dès 16 heures, à Marseille, les électeurs socialistes se pressaient dans certains bureaux de vote. Tony Lorenzi, strauss-kahnien de coeur, jospinien déçu et rallié au royalisme par discipline n'en revient pas : devant la salle de la Semoulerie, une file se forme, femmes au foyer, jeunes gens, chômeurs. Ils attendent de voter pour leur préféré. Leur préférée plutôt, car, dans cette vieille section de 326 adhérents, où le renouvellement a été moins massif qu'ailleurs, Ségolène Royal arrivera largement en tête.
Même mobilisation au coeur des quartiers nord de Marseille, dans la section très populaire et colorée du 15e arrondissement. Rebia Benarioua, son secrétaire, jubile : "Je n'ai jamais vu tant de monde", explique-t-il, quand vers 19 h 30 les militants se pressent pour choisir leur héros : là encore, ce sera une héroïne, puisque, sur 464 inscrits, 391 auront choisi "Ségolène".
Autre section, autre composition sociale, la 318, comprenez celle du 8e arrondissement. Le quartier est plus aisé, les adhérents aussi. La section est passée de 90 à 240 membres en 2006, record de progression dans le département. Francis Allouch, son secrétaire, a choisi Ségolène pour trois raisons, qu'avec son bel accent pied-noir il explique :
"Elle dit : "Je ne sais pas tout", "Je vous écoute", "On va trouver ensemble les solutions". Et tout le peuple l'écoute."
Au dépouillement, il apparaît très vite que Mme Royal a rallié les suffrages. Mais chacun pressent qu'elle a aussi triomphé dans une fédération dont les dirigeants se sont engagés sans réserve de son côté. Et quand le premier secrétaire fédéral Eugène Caselli vient donner les résultats - "Ségolène Royal réunit entre 72 et 73% des suffrages" - la salle crie "On a gagné, on a gagné !", comme s'il s'agissait non d'une primaire mais d'une élection ordinaire... Heureux, les militants de Désirs d'avenir, l'association de Mme Royal, s'éclipsent pour fêter leur victoire entre amis. Nadia Brya, leur présidente, sourit : "On est partis il y a neuf mois, presque tout seuls. Les militants nous ont fait confiance, et j'en suis heureuse. J'espère que les Français en feront autant."
Michel Samson (à Marseille)
Article paru dans l'édition du 18.11.06
Le PS à Marseille, comme les Bouches-du-Rhône, a choisi Ségolène Royal a près de 80%. Je fais confiance aux habitants de cette ville colorée et mélangée, où il a fait bon grandir, pour avoir tout compris.
Les violences y ont toujours été moindre que dans le reste de la France victime de tensions sociales, et on sait que le dialogue, les yeux dans les yeux, les cris et parfois la fermeté, valent mieux que regarder les jeunes grandir sans repères et soutien, que se dire qu'après tout, ils ne sont pas notre responsabilité, ils ont des parents, que si on relance l'économie pour offrir du travail à tout le monde, ils n'auront qu'à se reprendre en main et savoir saisir leur chance. Au cas contraire ils ne méritent pas...
A Marseille ces jours-ci, beaucoup estiment que Ségolène Royal a tout compris quand elle propose que des profs qui ont l'énergie de donner des cours payants hors cadre de l'école de la République passent plus de temps dans les Collèges et les Lycées, auprès d'élèves qui au pire les voient en ennemis parce qu'ils ne sont pas là pour dialoguer, au mieux sont en perdition, désespérés d'obtenir la meilleure aide pour réussir, celle gratuite des professeurs de l'école de Jules Ferry. Révolutionnaire ? A Marseille on aime bien la révolution... on y fait toujours plus longtemps grêve qu'ailleurs parce qu'on y a appris que unis, on peut faire front face aux gouvernants qui font mine de ne pas entendre... mais qui au fond savent très bien, qu'avec un petit effort, celui que Ségolène propose de fournir, ils pourraient tout changer, au lieu de se concentrer sur les querelles de parti et les intrigues de la Tour d'Ivoire dans laquelle leur complexe de supériorité les a enfermés (droite ou gauche, même combat !).
A Marseille, on s'est longtemps sentis brimés par le pouvoir de Paris ;). On aime faire parler les petits, à qui Ségolène propose de s'exprimer aujourd'hui. Nous sommes tous concernés ! Voter fidèlement pour un parti, ou piocher au gré de ses humeurs, par conviction ou protestation, n'a jamais garanti le privilège d'être écouté.
A Marseille on aime tchatcher, et on ne refusera jamais une occasion de s'exprimer. Malheur, alors là: jamais ! ;) Faites-en autant ! en participant aux Forums, par exemple, sur le web, en participant pourquoi pas, ne serait-ce que par simple curiosité, à des meetings ou réunions de Désirs d'avenir, association de réflexion hors cadre des partis, pour simplement nourrir la réflexion, la collecte des avis et des opinions, qui remontera vers la candidate qui a fait, pour toute promesse électorale pour l'instant, celle de nous écouter. Elle a su le faire jusqu'ici pour coller aux revendications des militants du PS qui voulaient changer le parti et les travers de son idéologie, elle saura le faire pour coller aux revendications de citoyens qui veulent changer la société et les travers de la logique des partis.
C'est la raison pour laquelle Ségolène Royal a une véritable carure présidentielle: parce qu'elle ne sait pas tout mais sait fédérer les énergies, arbitrer les idéologies et mettre les compétences en action, ne serait-ce que nos compétences à nous, nous, les citoyens experts en notre quotidien, passé, présent, et Avenir.
Bougeons-nous et la France bougera avec nous !!
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