Ségolène Royal est-elle "la candidate de la France d'en bas" ?
LEMONDE.FR 24.11.06 11h40 • Mis à jour le 24.11.06 11h47
Le succès sans appel de Ségolène Royal au soir du premier tour de la primaire socialiste est-il le signe d'une reconquête de l'électorat populaire ? Le Figaro et Libération apportent des réponses différentes dans leur édition du 24 novembre.
Une étude de l'IFOP pour Le Figaro, montre, comme l'explique Jérôme Fourquet dans les colonnes du quotidien, que Mme Royal "réalise ses meilleurs résultats dans les catégories ouvriers, employés et cadres intermédiaires (...). Chez les cadres, elle tombe à 45 %, au-dessous de sa moyenne nationale. Ce qui fait d'elle une candidate de la France d'en bas".
A l'opposé, Emmanuel Todd, démographe et sociologue, dans un entretien au journal Libération, explique que le résultat de cette primaire ne donne aucun signal d'une reconquête de l'électorat populaire. "Comme Jospin en 2002, le vote Royal est surreprésenté dans (...) la France paisible : une France semi-rurale, où les vieilles industries sont absentes et qui ne compte pas beaucoup d'immigrés."
Mais selon Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof, il est encore trop tôt pour savoir où se portera le vote populaire. D'après les résultats du dernier Baromètre politique français, le cœur de cible de Ségolène Royal reste les couches moyennes intellectuelles (enseignants, travailleurs sociaux...). Selon M. Boy, le côté "autoritaire" du projet de la candidate socialiste serait à même de conquérir l'électorat populaire. En revanche, "le thème de la démocratie participative est leur dernier souci". "Ce sont plutôt les classes intellectuelles qui ont ce désir de participer", précise-t-il. Et jusqu'à présent, "une bonne partie de l'électorat populaire reste encore proche de Jean-Marie Le Pen", conclut-il.
Constance Baudry
Réaction
Sandrine: Veuillez dans ce cas, Messieurs, m'expliquer s'il vous plaît, et dans le détail, le vote de Marseille, Quartiers Nord en particulier, où Ségolène Royal interpelle les déçus du communisme, du vote protestation, révolutionnaires et extrême droite confondus, des abstentionnistes de toujours, et plus généralement ceux qui n'y croyaient plus, ne sachant plus à quel politique se vouer... Les populos pas intellos ? Peut-être plus que vous ne le pensez, car Ségolène fait réfléchir... à nouveau.
1 commentaire:
Précision et éclairage.
M. Todd croit peut-être découvrir dans ses alambics à comportements sociaux qu'il faut vivre confortablement à la campagne pour se préoccuper en même temps d'écologie et de justice sociale mais je crois au contraire qu'il sous-estime l'impact des émanations industrielles sur des cerveaux aussi pollués que des muscles dans la réflexion politique des travailleurs, lassés de les produire et d'en souffrir, tant au niveau environnemental que salarial. Je conseillerais à ceux qui partagent son avis sur la question de venir a Marseille (côté Nord ouvrier) respirer au petit matin l'air pur des gaz refroidis venus des industries pétrolières d'endroits aux doux noms de Fos-sur-Mer ou Berre-l'Etang, et qui planent, lourds et marrons, sur les îles à l'horizon, dont le sanctuaire aux oiseaux du Frioul. Ca n'echappe à personne ici, en HLM ou pavillon, où on n'ignore rien des violations régulières de la législation en terme de pollution par les machines à sous que sont les raffineries et tout le réseau industriel qui en dépend, ou profite des abus pour qui veut passer inaperçu dans la masse des fraudeurs.
L'écologie n'est pas une affaire de retour à la terre et mode du bio, l'associer à la justice sociale pas seulement le souci coupable d'une génération dorée.
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