mercredi 22 novembre 2006

Qui est bête, le maître ou le chien ?

Ils ont l'air gentil, le regard doux, et ils le sont. Leur gueule parfois grimace un peu, et ça fait peur. On les dit "bête", et, sans être méchant, parfois il faut admettre qu'ils le sont. Pour être compris ils n'ont pas les mots, leur meilleure arme, c'est la violence. Maître ou chien ? Les deux. Du moins ceux qui sont mal entraînés. Qui entraîne qui ? Qui éduque qui ? Qui a peur de qui ? Qui se défend pour quoi ? Contre qui ?

Aujourd'hui la presse annonce le troisième drame de l'année en matière de victime de chiens classés "dangereux".

Qui est dangereux ? Le chien ? Le maître ? L'éducateur ? L'éducateur du maître ou l'éducateur du chien ? Le chien est éduqué par son maître. Qui est responsable pour l'éducation du maître ? Qui a fauté ?

Pourquoi un jeune homme voudrait-il que sa chienne devienne un lion ? et une arme, à l'occasion ? Est-ce que ce problème ne dépasse pas la bêtise humaine ? (à croire qu'elle serait réservée au domaine animal qu'on doive préciser qu'elle puisse être appliquée à un humanidé)

Est-ce que le problème ne dépasse pas celui du maître qui brutalise son animal, physiquement et moralement ? Le maître qui brutalise son animal en Irlande est considéré comme un délinquant en puissance et les Gardai prennent les dénonciations de brutalité très au sérieux. Ils ne font pas que libérer l'animal, ils mettent aussi le maître sous surveillance. Les jeunes en particulier: un enfant qui brutalise un animal grandira dans l'irrespect des adultes, et de leur société, mais il lance aussi le cri de sa détresse et son insécurité. En "amie des animaux", je me dis souvent que quelqu'un qui n'aime pas les animaux ne peut pas aimer les gens. Qui ne sait pas respecter les animaux, ne sait pas respecter les humains. L'animal est le premier maillon de la société, n'est-ce pas le secret de la domestication ?

Le chien est le meilleur ami de l'homme, qui en fait ce qu'il en veut. Le chien, domestique, dépend de l'homme ou de la femme ou de l'enfant qui le protège et le nourrit. Et l'éduque.

Par extension, le chien domestique, meilleur ami de l'homme, dépend de la société qui a éduqué l'homme ou la femme ou l'enfant qui le protège et le nourrit. Et l'éduque.

La loi exige que le maître déclare son chien s'il a été établi qu'il peut être dangereux. La loi vise-t-elle le maître ? Ou le chien, qui en dépend ? Est-ce le chien qui est dangereux, ou le maître qui le crée, à la fois génétiquement et par son comportement ? Que fait la loi contre le danger des comportements ? Que fait la loi contre le danger d'une société dans laquelle on veut maîtriser son prochain, par la menace et par la peur, parce qu'on se sent menacé et apeuré, jusqu'à se munir d'une arme sous la forme légale et autorisée d'un chien ?

A ces questions trop de réponses inadaptées. Trop de législation.

Comme Mme Royal je rétorquerai: Education, Education, Education !

Pour TOUS l'éducation, pour en retour le respect.
Assez de sentences fatales pour ceux qu'on estime inadaptés ou qu'on classe dangereux, qu'ils soient maître ou qu'ils soient chiens, en détresse ou dépendant.
Assez de ces cités où la violence est l'arme avec laquelle on croit pouvoir se protéger, où la menace est le mépris de ceux dont l'arme, avec laquelle ils essaient de nous faire croire qu'on pourra se protéger, est la violence du kärcher.

"Je veux que ma chienne devienne un lion"
LE MONDE 22.11.06 20h22 • Mis à jour le 22.11.06 20h22
Bombe lacrymogène à la main, Nadir (le prénom a été changé) hésite à gazer Diablesse. "Pas aujourd'hui. Il fait trop chaud. Elle est déjà assez énervée comme ça", lâche-t-il. Diablesse est classée en catégorie 1 d'après la loi de 1999 sur les chiens dangereux : c'est une chienne d'attaque, issue d'un croisement entre un pitbull et un american staffordshire terrier. Ni déclarée ni vaccinée ni stérilisée, elle ne répond à aucune obligation légale.
Son espace de liberté et de vie : un balcon de cinq mètres carrés, dans un F2 d'une barre HLM, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Ma chienne à 5 ans. Ça fait trois ans qu'elle n'est pas sortie de ce balcon, raconte fièrement Nadir, 25 ans, un physique de joueur de rugby. Je veux qu'elle devienne un lion."
Diablesse, 40 kilos, est tout en muscles. "Il faut que je lui montre qui commande. Elle est trop têtue", explique son propriétaire, RMiste. Quand sa chienne n'obéit pas à ses injonctions, il l'asperge d'eau bouillante. "Faut qu'elle comprenne dès la première fois, dit-il. Un jour, elle m'a sauté dessus. Heureusement que j'avais un couteau à la lame automatique, j'ai pu lui planter dans la cuisse."
"UNE ARME AU CAS OÙ"
Quand Diablesse refuse d'obéir, Nadir lui attache les pattes et la gueule. "Je la jette contre le mur, je crie : "Qui c'est le maître ici ?"." Sa chienne est entraînée pour être "une arme au cas où". Un éventuel cambriolage, une embrouille dans la cité... "Je lui ai appris à attaquer en faisant juste un signe des yeux. On ne sait jamais, si je suis bâillonné, elle doit être capable de me défendre", affirme son propriétaire.
Il lui a appris deux mots. "Chope !" : Diablesse se met en position d'attaque, émet un bruit semblable à celui d'un moteur V12. "Tue-le !" : à cette injonction, le double vitrage de la porte-fenêtre amortit tant bien que mal les coups de tête furieux de l'animal. "Ce n'est pas un faire-valoir, ce chien. Je l'aime, c'est tout", déclare Nadir sans ciller. Selon lui, "ce n'est plus la mode d'avoir un "pit" dans les cités, mais si le gouvernement l'interdit, il le remettra au goût du jour : tout le monde en voudra un."
Nadia Favrel possède depuis huit ans un american staffordshire terrier, chien dangereux de catégorie 2. Une race de chiens de défense - celle qui permet de "créer" des pitbulls - dont les effectifs ne cessent d'augmenter depuis dix ans : le Livre des origines français (LOF) en recensait 348 en 1995 et 5 308 en 2004.
"Mon chien, il a une tête de gentil", lance Nadia Favrel. Vacciné et déclaré à la mairie d'Aubervilliers, Onyx est en règle. Toujours tenu en laisse, portant sa muselière quand sa propriétaire le promène ou fait du "roller dans les rues de Paris".
"Pour avoir ce genre d'animaux, il faut être super posé, rester zen, car ils sont très caractériels", estime cette jeune femme de 28 ans, qui travaille dans la téléphonie. Elle est irritée par le regard que posent les autres sur son animal. "Il est pesant, assure-t-elle. J'ai l'impression d'avoir un lion au bout de la laisse."
Lorsqu'elle croise des "vieilles dames", elle leur dit qu'Onyx est un boxer, et "elles viennent le caresser". Quand elle croise "les racailles de son quartier", ils en ont "peur". "Le problème, ce n'est pas le chien, mais le maître, affirme-t-elle. On devrait instaurer un permis spécial. Tout le monde ne peut pas posséder des chiens aussi puissants."
En novembre 2005, elle s'est fait mordre à la jambe par un berger allemand : treize points de suture. "C'était un chien non déclaré et non vacciné. Les propriétaires n'ont rien eu. Si c'était un "pit" ou une race comme celle de mon chien, on l'aurait déjà piqué", dit-elle en remplissant de croquettes la gamelle de son chien. Un chat arrive et vient se servir. Onyx lui laisse sa place et se met à le lécher.
M. Ks
Article paru dans l'édition du 20.06.06

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est à faire peur le premier article!!, la bêtise humaine est insondable. moi-même j'ai un chien de 2ième catégorie, et je comprends tout à fait Nadia, tant que les gens ne savent pas la race il le trouve très beau mais si je leur dit ce que sait , de suite un écart et la réflexion débile "Ah!! c'est les tueurs d'enfants" je pense que les médias font beaucoup de mal, et franchement il devrait réfléchir avant de raconter des conneries, mais ce qui me fait le plus peur c'est tout simplement que pour d'autres sujets ils doivent faire pareil, et nous nous les gobons!!!!!