Comme le 1er janvier dernier nous essayons déjà d'oublier l'année qui vient de s'écouler pour penser au renouveau de celle qui vient. De résolutions point. On prendra ce qui se présentera avec le fol espoir que tout ira mieux, puisque rien ne peut aller plus mal... On y croyait. Alors bientôt la nouvelle année sans conviction. Car qui sait ce qui nous attend ?
A 22h18 très précise ce soir, trois individus portant blousons amples, capuches et cagoules m'ont rappelé combien de 2007 il n'y avait pas grand chose à espérer. A part plus de bêtise, de violence, peut-être des émeutes, une révolution ?
A 22h18 ce soir, dernier soir de 2006, si doux à l'air printanier, où il faut de la volonté pour supporter un blouson, même ample, une capuche et une cagoule, un individu, accompagné de deux accolytes, posté devant mon ancien collège, alors que j'y passais, à allure modérée, en a profité pour me regarder dans les yeux, viser, et lancer à hauteur de visage un projectile qui aurait dû casser la vitre et m'atteindre. Je ne sais pas ce qui s'est passé, pourquoi son plan a foiré.
A 22h18, ce soir de Réveillon et de pleine fête de l'Aïd, qu'est-ce qui a motivé cet individu, en voyant arriver deux femmes et un chien dans une vieille Twingo délabrée, à allure modérée, pour viser et lancer un projectile à hauteur de visage ? Pourquoi sont-ils postés là ? Qui visent-ils, qui sont-ils ? Dans les Quartiers Nord de Marseille, qui y a-t-il a viser ? Des familles bien loties, souvent "pas d'ici", qui vivent leurs vies dans de belles baraques et belles bagnoles comme nous n'en avons pas ? Il y en a. Mais dans une vieille Twingo délabrées ? De nuit, dans une rue tranquille modérément éclairée ? Avaient-ils un objectif particulier ? Ils ne pouvaient voir ma tête, mon visage, ma communauté, ma religion, rien, ils ne pouvaient rien voir, ils visaient en aveugle, peu importe qui j'étais, ils ont visé. Calmement. Posément. Qui a intérêt à semer le trouble et la frayeur dans un quartier ouvrier ?
J'ai vu ces jeunes de quinze ans et moins semer le trouble et la frayeur en plein après-midi dans notre Terminal local de métro et bus fréquenté. Sans objectif particulier. Sans autre volonté que faire peur et dominer. Des proches y ont été agressés, cinq fois. Calmement. Posément. On n'a jamais porté plainte. Ces petites hordes d'enfants sauvages, il faut avant tout les apprivoiser, les sauver de leur abîme, les aider, les recadrer, les y forcer, s'il le faut. On se contente de l'éviter, de ne surtout plus y mettre un pied à la nuit tombée. En attendant celui ou celle qui saura nous sauver, eux et nous, en douceur...
Lorsque j'ai vu ces individus aux épaules larges, l'agresseur peut-être plus âgé que ses deux accolytes, pas bien vieux, lorsque j'ai vu le projectile (une bouteille ?) frapper ma vitre et senti le choc dans mes os, j'ai été prise de frayeur pour ce qui aurait pu se passer (et s'il avaient été plus excités, plus nombreux ?) et ceux qui suivraient, et surtout de rage, vu le calme et la froideur du geste, celui de trop, impardonnable. Je ne suis pas une balance, jamais, mais là j'ai filé droit à la maison en surveillant les alentours, et foncé sur le téléphone pour informer les flics, qui pour le coup étaient gentils et intéressés: tu parles, le chiffre ! un soir de Réveillon, quand M. le Ministre veut être Président... et ma voix tremblait plus de rage de participer à la hausse du chiffre de M. Sécurité que de frayeur imaginant d'autres agressés (et si à minuit, "pour faire comme à Paris", ils mettaient un peu d'essence dans la bouteille pour l'enflammer ? Souvenir du bus, de Mama à peine sortie du coma).
Fin d'année difficile... vivement 2007 ?