Le theme principal de ces elections: l'argent! Nous sommes dans un pays ou il en circule enormement, entre les mains des entreprises, des pouvoirs publics, des travailleurs (tous corps de metiers confondus), hormis une petite tranche de laisses pour comptes dont on a du mal a defendre la difficulte a suivre la cadence infernale sans se faire traiter d'arriere souhaitant le retour a la Famine et l'emigration ou pire, de "rabat-joie" !
La force electorale de la droite en place actuellement ne sont pas les plus de soixante ans, mais bien egalement des baby boomers: les 25 - 40 ans, qui profitent de la manne economique, premiere generation a ne pas devoir emigrer, et constituent un electorat dynamique et nombreux partage entre desir d'alternance politique et envie d'assurer le statu quo economique pour continuer a s'en mettre plein les poches. La principale alternative est l'autre parti de droite, Fine Gael, qui ne se differencie du parti en place, Fianna Fail, que par sa "moralite" affichee. Le Labour propose aux electeurs de leur donner les moyens de former une coalition gouvernementale avec le Fine Gael. L'alliance parait contre-nature, j'ai eu du mal a m'y faire, mais c'est le fruit d'un pragmatisme inspire, le meme qu'experimente Sarkozy en ce moment. A l'heure actuelle les differences entre les 3 grands partis sont plus de methode que sur l'ideologie. Tout le monde en veut pour son argent, chacun propose une facon differente d'en profiter.
Sur la droite en Irlande: Droites d'Europe a l'unisson
- Systeme electoral
166 membres du Parlement (Dail) seront elus selon un systeme qui permet aux electeurs de les classifier selon leurs preferences. De 3 a 5 sieges selon les circonscriptions (counties), les electeurs choisissent qui est leur N.1, puis N.2, etc.
Le vote N.1 est celui comptabilise en premier. Si un candidat atteint le seuil des voix requises pour etre elu, le surplus de ses voix est reporte sur les candidats suivants indiques par ses electeurs. S'il a un surplus de 500 voix, on reprend les 500 premiers bulletins (deja comptabilises) afin de reporter 500 voix sur les autres candidats, et ainsi de suite jusqu'a ce que tous les sieges soient pourvus.
Le systeme est a priori le plus democratique qui soit, le seul probleme c'est que des bulletins peuvent facilement ne servir a rien car jamais comptabilises. Un vote electronique pourrait contribuer a ce que le resultat du scrutin soit absolument proportionnel au choix des electeurs.
Une certaine majorite est requise pour qu'un gouvernement soit forme par un parti. Il lui faut ensuite l'approbation du Parlement. Ainsi pour s'assurer le soutien d'une majorite stable d'elus il est quasi automatique que le parti vainqueur s'allie au second pour former une coalition gouvernementale, a condition qu'ils puissent s'entendre.
- Irish Labour et gauche irlandaise
Le scenario ideal envisage est une coalition arc-en-ciel Greens / Verts - Labour / Travaillistes - Fine Gael. Il est probable que le Labour arrive second et ait a decider s'il veut ou non former un gouvernement avec le Fianna Fail s'il est reconduit.
La gauche irlandaise est representee par:
- Les Verts, une force montante, c'est la premiere fois qu'ils ont un discours coherent aux yeux du pays, DSK dirait qu'ils ont choisi la voie du socialisme du reel. Ils restent tout de meme largement a cote de la plaque pour beaucoup, leur programme social est identique a celui du PS, leur programme environnemental ambitieux, parfois trop extremiste pour etre apprecie (opposition systematique a toute "modernite" a Waterford).
- Sinn Fein qui connait un regain de popularite apres la paix definitivement concluse en Irlande du Nord en Mars et la collaboration des ennemis mortels d'hier - defauts: tres fortement teinte de marxisme, le Sinn Feinn trop centre sur le Nord et le conflit n'a guere evolue sur les questions de societe, et n'a aucune credibilite economique malgre ses efforts rassurants pour la suite. Le Sinn Feinn a fait une percee aux dernieres elections il y a 5 ans. Gerry Adams est elu dans le Nord mais il est le visage de la campagne en Republique.
- Socialistes: 2 elus, ultra-minoritaires et confidentiels
- Parti des Travailleurs: quelques elus dans les rares zones industrielles comme Waterford, tres lutte des classes
- il y a un certain nombre d'"Independants" mais beaucoup sont d'anciens Fianna Fail qui attendent que le ras le bol tourne en leur faveur.
- Le Irish Labour a tout a gagne dans ces elections. Il y a une forte demande d'alternance, et de services publics. A droite le Fianna Fail (=RPR), parti d'Europe ayant passe le plus de temps au pouvoir, mene le pays depuis 10 ans, et le Fine Gael (=UDF). Dans un systeme ou le gouvernement se fait par coalition de deux partis, Fine Gael et Labour proposent aux electeurs de leur donner une majorite pour exclure le Fianna Fail. Le leader du Labour, Pat Rabitte, est un homme extremement charismatique, populaire, grand orateur, son discours est apprecie au dela des sympathisants Labour. Le leader du Fine Gael, Enda Kenny, est plus faible, il manque d'energie, son discours est plus confus, moins concret. Il fait perdre un peu de credibilite gouvernementale a son parti, on predit que les electeurs de droite lui preferent celui qui mene la barque depuis longtemps. C'est pourquoi le Labour sera tres vraisemblablement en position de gouverner avec le Fianna Fail qui sera certainement reconduit, malgre le mecontentement general, sur le theme "continuons le travail accompli jusqu'ici", une non-rupture assumee. Le Labour a annonce avoir refuse une coalition avec le Fianna Fail, mais devra se raviser si les sondages qui donnent le Premier Ministre largement gagnant, alors qu'il etait perdu il y a quelques jours (un peu extreme et opportun a mon gout) se confirment. Une precedente experience les avait exclu totalement du pouvoir pour laisser place a la coalition ultra-liberale qui conduit l'Irlande depuis 10 ans. Le Labour dans un pur esprit irlandais de pragmatisme pourrait revenir sur sa parole. Son theme de campagne "Mais etes-vous heureux?" Sous ententu: ok, nous avons tous du boulot, nous bossons comme des malades 10h par jour, nous avons une maison immense, 2 voitures, un compte en banque plein a craquer, mais en profitons-nous?? Et surtout, dans quel etat est le pays, ne merite-t-il pas mieux?
- Contexte economique (et social)
Un bon article sur le contexte des elections qui se jouent jeudi en Irlande, typique du discours de ceux qui ne regardant pas plus loin que le flamboyant succes economique vantent les merites de la politique liberale et opportuniste de l'une des droites les plus corrompues et populistes de l'UE:
Pour gagner, Bertie Ahern vante une Irlande "fabuleusement forte"
LE MONDE 21.05.07 13h24 • Mis à jour le 21.05.07 13h24 DUBLIN ENVOYÉ SPÉCIAL
Ce jour-là, Bertie Ahern, 55 ans, mène campagne dans son fief. Le taoiseach - premier ministre irlandais - dévoile le programme sportif de son parti, le Fianna Fail. L'événement a lieu au dernier étage de la Maison de la danse, un complexe culturel flambant neuf, dressé, à Dublin, au coeur de sa circonscription. L'ambiance est bon enfant, à l'image de l'hôte de passage qui serre les mains des quelque deux cents invités. "Et maintenant, parcourons ensemble les prochaines étapes !", proclame le slogan du principal parti au pouvoir.
Les Irlandais répondront-ils favorablement à cette invite au moment d'élire, jeudi 24 mai, les 166 députés du Dail, la Chambre basse du Parlement ? Accorderont-ils un troisième mandat au premier ministre sortant ? Impossible à prédire, tant la coalition sortante de centre droit entre le Fianna Fail et les démocrates progressistes, et celle, de centre gauche, entre le Fine Gaël et le Labour, qui veut la remplacer, sont au coude-à-coude dans les sondages. Chacune est créditée de 37 % à 40 %. L'électorat est divisé par moitié, mais le Fianna Fail devrait rester, de loin, le premier parti.
L'Irlande applique un mode de scrutin à un tour, complexe et original, la représentation proportionnelle avec transfert des surplus de voix. Ce système, très démocratique, exclut pratiquement qu'une seule formation puisse obtenir la majorité absolue des sièges, même si le Fianna Fail l'avait frôlée lors du dernier scrutin, en 2002, en écrasant le Fine Gaël. Il facilite les coalitions et favorise les quatre petits partis, promus "faiseurs de roi" par le précieux appoint qu'ils accordent aux deux grands.
Les démocrates progressistes, ultralibéraux avoués, sont en chute libre. Leur prestation gouvernementale a déçu, notamment dans le domaine de la santé, premier souci des Irlandais. La coalition sortante s'en trouve affaiblie. Laminé en 2002, le Fine Gaël, que dirige Enda Kelly, un ancien enseignant de 56 ans, devrait retrouver son influence d'antan. S'il l'emporte, il gouvernera avec le Labour de Pat Rabbitte dans une coalition "arc-en-ciel".
Arrivé au pouvoir le 8 mai en Irlande du Nord, aux côtés des protestants de Ian Paisley, le Sinn Fein de Gerry Adams rêve de gérer des ministères au Sud et recentre son discours populiste. Mais les deux coalitions excluent a priori de l'intégrer. La grande inconnue : les Verts. Rompant avec leurs archaïsmes d'hier, ils ont fait une campagne active, ont le vent en poupe et peuvent basculer dans un camp comme dans l'autre.
Les portraits de MM. Ahern et Kelly, qui ornent les réverbères de Dublin, et le long débat télévisé qui les a opposés le 17 mai, donnent à leur bataille un air présidentiel. Cette personnalisation de la campagne tient à l'absence de clivage idéologique entre les deux blocs. Depuis dix ans, la vie politique se focalise sur l'homme qui la domine, "Bertie", comme chacun l'appelle ici. Au cours des derniers mois, il a été l'objet d'une sombre controverse, pour avoir reçu de l'argent d'amis hommes d'affaires lorsqu'il était ministre des finances en 1993 et 1994. Il s'est excusé, en assurant avoir remboursé tous ses emprunts. Sa popularité ne semble pas en avoir pâti.
Les Irlandais continuent de faire confiance à cet homme du peuple, proche des gens et enclin au consensus. Mais ils se méfient de son parti, qu'ils jugent trop tenté par un clientélisme traditionnel. Les électeurs se souviendront-ils, devant les urnes, des deux moments de gloire nationale que vient de vivre "Bertie" ? A Belfast, où la formation du gouvernement partagé récompensait ses efforts de "coparrain" de la paix scellée sous l'égide de Tony Blair. A Londres, le 15 mai, où il fut le premier chef d'un gouvernement irlandais à s'adresser aux députés et aux Lords britanniques rassemblés pour la circonstance.
"Bertie" a centré sa campagne sur un thème-clé : défendre la prospérité de l'Irlande, pays "fabuleusement fort", face aux risques de la mondialisation. Ces dangers sont réels. La forte hausse des salaires et un certain retard en matière d'infrastructures ont commencé d'éroder la compétitivité de l'île. Le rythme des délocalisations s'accélère. L'inflation, nourrie par le coût de l'énergie, reste supérieure d'un point à la moyenne européenne.
Les recettes du "miracle" irlandais continuent néanmoins de fonctionner : l'environnement favorable aux entreprises, l'accueil des investisseurs étrangers attirés par la faible fiscalité, la solidité de l'agriculture, la qualité du partenariat social, l'excellence de l'enseignement, l'accent mis sur la recherche. D'où le plein emploi et une croissance double de celle de l'UE. L'Irlande est le deuxième pays le plus riche d'Europe per capita. Mais, au bout du compte, "Bertie" pourrait, malgré son bilan très honorable, être surtout victime d'une aspiration naturelle et typiquement irlandaise : le désir d'alternance.
Jean-Pierre Langellier
Article paru dans l'édition du 22.05.07.
COMMENTAIRE
Precision: le rival du Premier Ministre se nomme Enda Kenny et non pas Kelly. Visiblement l'envoye special du Monde n'est pas reste assez lontemps sur place pour lire correctement les affiches de campagne.
Quelques bemols sur le "bilan honorable" du Premier Ministre actuel.
Le principal enjeu de ces elections sont les services publics et la repartition de la richesse creee per capita: le gouvernement construit des routes mais pas de lignes de chemin de fer, tram et metro a Dublin mais ne se preoccupe pas de reorganiser le maillage de transport public du territoire. L'enseignement est "excellent" car il fabrique des machines a servir les entreprises. Il faut reconnaitre que cela sert formidablement l'economie, mais on aimerait que les Humanites ne soient pas une rarete elitiste dans le cursus de rares etudiants. Waterford, 5eme des 5 grandes villes du pays, reclame en vain que son IUT devienne l'Universite de tout le Sud Est. La situation ici est un peu comme si les etudiants de la region PACA n'avait pas d'autres universites que celles de Toulouse ou Lyon a disposition.
Les ecoles primaires et secondaires echappent miraculeusement a la manne economique: dans nombre d'etablissements des collectes sont organisees entre parents pour reparer les infrastructures et l'equipement.
L'Irlande sur de nombreux aspects, et de l'aveu meme des irlandais, reste un pays du Tiers-Monde. On ne dit plus Tiers-Monde, c'est vrai, mais dans certains secteurs, l'Irlande n'est certes pas en voie de developpement.
La crise la plus durable est celle nee des revendications des infirmieres: il y a 24 ans, un accord a ete conclu, stipulant que des que les finances publiques le permettraient, les salaires seraient revalorisees. En attendant, comme a tout le pays, il leur etait demande un effort particulier pour relever la Nation de l'Etat quasi-miserable dans laquelle elle se trouvait. Pari gagne, les efforts payent aujourd'hui. Les infirmieres, apres 15 ans de croissance a plein regime, reclament que soit tenue la parole donnee (par ce meme parti au pouvoir alors): 10% d'augmentation de salaire, une semaine de 35h. Impossible, repond la Ministre de la Sante, car si on accede a une telle demande, les policiers se presenteront avec des pretentions similaires, puis les chauffeurs de bus, etc... et le pays court a sa perte.
L'argument "de poids" contre une coalition entre le Fine Gael qui veut le "changement" et le Labour: fuite des investiseurs devant une gauche archaique, ralentissement economique, taxes elevees.
Effectivement l'entreprise est privilegiee au niveau fiscal, au nom de l'effort economique. Et puisque tout le monde doit participer, l'Irlande est l'un des pays les plus taxes d'Europe. Entre impots sur le revenu (a la source) et TVA, nous approchons les 60%. A en croire le gouvernement, l'entreprise le vaut bien.
Ainsi la question principale pour les citoyens et electeurs, c'est celle du retour sur investissement, sous forme de services publics de Sante, Transport, Education, protection de l'Environnement. Le gouvernement irlandais a annonce un excedent de 2 milliards d'euros dans son budget 2007. A part un saupoudrage genereux sur les petites retraites et les minima sociaux (pour gagner le vote des "pauvres ignorants"), tout est reste dans les Caisses au pretexte qu'il faut etre prudent et maintenir les efforts pour continuer a sauver l'economie.
La meme logique domine "la qualite du partenariat social" que vante le journaliste. Le mouvement syndical irlandais s'est saborde dans les annees 80 pour ne pas subir le sort de celui britannique, lamine et jete a terre par la Dame de Fer. Sous la forme d'un contrat tripartite exemplaire, entreprise / Etat / syndicats, le dialogue social se resume a l'acceptation par les syndicats de ce qui est propose par les acteurs economiques, comme une feuille de route febrilement suivie pour asurer la survie du pays. L'Etat veille au grain: l'interet prive, c'est l'avenir de la Nation. Une timide grogne s'est fait jour depuis deux ou trois ans mais elle s'agite dans le vide du mepris le plus total de la part du gouvernement, et de la partie de la population encore influencee par la discipline catholique.
Tres informe et tres juste:
L'immigration des travailleurs polonais, un pari gagnant pour l'économie irlandaise
LE MONDE 23.05.07 12h58 • Mis à jour le 23.05.07 14h08 DUBLIN ENVOYÉ SPÉCIAL
Heureux comme un Polonais en Irlande ! C'est un slogan qui ne choquerait pas Marcin, 26 ans, serveur dans un grand hôtel de Dublin. Arrivé de Cracovie il y a deux mois, embauché sur-le-champ, il trouve la ville à son goût. Sa fiancée, qui l'accompagne, travaille dans un casino. Malgré la vie chère, le couple épargne chaque mois, en vue, le jour venu, du retour au pays, mariage compris. Grâce à leur futur pécule, Marcin espère alors ouvrir un bar ou un restaurant.
Ce jeune homme fait partie des quelque 30 % d'immigrants polonais qui n'envisagent pas de s'éterniser en Irlande. Un sur deux, en revanche, souhaite rester dans l'île quelques années, voire s'y enraciner. L'Irlande, qui vote jeudi 24 avril pour le renouvellement de son parlement, est le seul pays, avec la Suède et le Royaume-Uni, à avoir ouvert librement son marché du travail aux ressortissants des dix nouveaux pays membres de l'UE dès l'élargissement de 2004. Depuis, 330 000 Polonais sont venus travailler ici, attirés par le plein-emploi. Il en reste officiellement autour de 100 000, dûment enregistrés. En réalité, ils sont nettement plus.
Selon les chiffres de la FAS, le service gouvernemental de l'emploi, la main-d'oeuvre étrangère représente 11 % de la population active, dont près de 5 % sont Polonais. D'après une enquête éclair, conduite en 2006 en une seule journée dans l'ensemble des agences de la FAS, les demandeurs d'emploi représentaient 94 nationalités différentes.
Sur cette terre d'émigration séculaire, où le phénomène contraire était inconnu jusqu'au renversement de tendance des années 1990, fruit d'un essor économique aussi étincelant que soudain, les Polonais, "migrants modèles", blancs et catholiques, sont les bienvenus et s'intègrent parfaitement. Ils n'étaient pas visés par l'unique manifestation d'inquiétude survenue depuis 2004 à propos des travailleurs de l'Est. En décembre 2005, les syndicats, le gouvernement et l'opinion s'étaient mobilisés face au projet de remplacer les employés d'Irish Ferries par des équipages lettons sous-payés. La grève se transforma en une protestation contre le sort réservé aux malheureux marins baltes.
Un immigrant polonais sur deux est un travailleur manuel, notamment dans l'agriculture, l'industrie alimentaire et la construction. Beaucoup ont trouvé un emploi dans les services : hôtellerie, restauration ou commerce de détail. Certains, déjà très bien formés dans leur pays d'origine, sont ingénieurs, architectes ou informaticiens. La plupart gagnent entre 1 000 et 2 000 euros net par mois, soit entre cinq et dix fois plus que chez eux.
La maîtrise de l'anglais est un atout essentiel, qui permet aux Polonais, à travail égal, de gagner presque autant que les Irlandais. "Nous mettons l'accent sur l'apprentissage ou la mise à niveau linguistique", souligne Roger Fox, l'un des directeurs de la FAS. En attendant, le pays d'accueil s'efforce aussi de s'adapter. Les ministères, les banques, voire la police, donnent des cours de polonais à leurs employés ou embauchent des agents bilingues.
L'immigration polonaise a stimulé certains secteurs d'activité. La demande immobilière s'est accrue. Les compagnies aériennes à bas coût prospèrent. Ryanair assure, à elle seule, des liaisons avec neuf villes de Pologne. Les importations de produits alimentaires venus de Pologne ont augmenté. Les banques, les assurances et les entreprises de télécommunications ont trouvé de nouveaux clients, et les églises, de nouveaux fidèles. Les médias ont de nouveaux lecteurs. Des sites Internet ont fleuri, ainsi que les journaux édités en polonais.
Dans ce jeu sans perdants, chacun trouve son compte. Les Polonais rapatrient chaque année dans leur pays quelque 70 millions d'euros. Pour l'Irlande, en plein boom, les Polonais sont une chance, le flux des migrants satisfaisant à peu près la demande de main-d'oeuvre. Sans eux, l'économie aurait sans doute perdu plusieurs points de croissance.
Le recours à l'immigration de masse est l'une des réponses du gouvernement à l'érosion récente de la productivité. Puiser dans un vivier de main-d'oeuvre sensiblement moins payée que les salariés irlandais donne de l'air aux entreprises. Reste à savoir combien de temps tout cela durera. La réponse dépend plus du rythme des progrès de l'économie polonaise que du marché du travail irlandais, encore promis à un bel avenir.
Jean-Pierre Langellier
Article paru dans l'édition du 24.05.07.
Aussi: L'economie irlandaise vit de l'immigration, Immigres et politique en Irlande / Immigrants and politics in Ireland
3 commentaires:
A mon sens, l'immigration peut être
une véritable chance pour lutter
contre les délocalisations contrairement à ce que l'on pense habituellement. L'arrivée des Polonais en Irlande confirme je crois mon analyse...
http://blogs.aol.fr/jazzthierry/equinox/
Je pense que cette fois je vais pouvoir mettre mon comm (hier c'était bloqué !) :
Je pense que la différence, concernant une alliance droite-Labour, c'est qu'en France ça sent la grosse démagogie car on est encore dans les élections legislatives... Je ne donne pas un an au gouverment actuel pour virer les pseudo-gauche (car pour moi ce ne sont pas des vrais gens de gauche)du gouvernement.
Oui, l'immigration, les echanges en general, des connaissances, pratiques, de population, la collaboration entre gens de divers horizons, est une absolue necessite de base. Les gens qui sont dans les affaires, business de toutes sortes le savent tres bien, et il est d'ailleurs d'un cynisme que je goute assez peu que leurs plus fideles representants au niveau politique osent affirmer le contraire pour ballader un electorat qui decide de ne comprendre que la soupe qu'on lui sert. Meme (surtout?) en temps de crise, c'est l'immigration qui sauve. La droite en place ici a beaucoup de defauts, et j'attend de voir comment elle osera utiliser les immigres lors du ralentissement de l'economie (les bouc-emissaires sont toujours les memes...), mais pour l'instant, pragmatisme oblige, on clame haut et fort qu'ils sont l'avenir du pays. Facteur Sympathie inctonteste.
Je suis tout a fait d'accord avec toi Maeve. Une collaboration entre des gens qui vivent leur vie a travers le capitalisme ultra-liberal et l'argent qu'ils peuvent en retirer et d'autres qui se reclament du socialisme, c'est-a-dire d'un capitalisme a but de creation de richesse pour etre repartie et partage equitablement, ce n'est tout simplement pas possible. Ce n'est pas une question de sectarisme ou d'asservissement ideologique, c'est une question de methodes, de pratiques et d'objectifs qui ne s'accordent pas.
Je suis assez d'accord avec le fait que certains veuillent tenter d'agir de l'interieur plutot que rester sur le banc de touche, impuissants, comme Martin Hirsh qui vient de la societe civile, mais de la part de gens comme Kouchner ou Besson, qui ont pris part active dans la campagne de S. Royal, qui ont forge et endosse le discours socialiste pendant des decennies, c'est tout simplement de l'egocentrisme arriviste et c'est d'un mepris incroyable pour les gens qui les ont elus sur des idees qu'ils ne peuvent pas defendre dans un gouvernement Sarkozy. Passe encore pour Macias le beau-frere Navarro, mais des cadres du PS ca depasse les limites !
Si le Labour decidait de collaborer avec le Fianna Fail, ce serait uniquement pour rafler quelques ministeres et mener une politique Labour dans ces cabinets, preserver la stabilite au Parlement pour pouvoir y jouer un role en tant que groupe, pas via des electrons libres isoles. C'est ce qu'en attendraient les electeurs. C'est pourquoi le leader actuel cederait sa place a quelqu'un qui ne s'est pas engage contre, comme l'a fait Pat Rabitte, question de coherence et d'honnetete.
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